Vendredi Saint – Célébration de la Passion

 

 

Mgr Joseph Roduit, à l’abbaye de Saint-Maurice, le 9 avril 2004.

Lecture biblique : Isaïe 52, 13 – 53, 12; Hébreux 4, 14 – 5, 9; Jean 18, 1 – 19, 42

Introduction à la proclamation de la Passion selon saint Jean.

Frères et soeurs bien-aimés,

 

La liturgie du vendredi saint comporte la proclamation de la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean. Les passions des autres évangélistes sont lues à tour de rôle chaque année le dimanche des Rameaux.

L’actualité médiatique a beaucoup traité ce sujet comme aussi celui de l’historicité des textes évangéliques. Le film de Mel Gibson sur la Passion du Christ a beaucoup fait parler de lui. Des émissions de radio et de télévision ont ouvert le débat sur la personne de Jésus et sur la fondation du christianisme.

Le chrétien devrait pouvoir se réjouir du fait que l’on parle beaucoup de Jésus ces temps-ci. Mais si la critique n’est pas objective, si le savant veut éliminer l’adhésion de la foi pour tout justifier scientifiquement, il y perd son latin. Le combat entre science et foi est dépassé aujourd’hui, mais voilà que certains reprenant les idées rationalistes de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle remettent ces idées au goût du jour. Leur discours pour séduisant qu¹il soit, n’a rien de nouveau.

On se prend à penser à la parole de Jésus : « Je te bénis, Père du ciel et de la terre, d’avoir caché ces choses-là aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits ». Non pas que les petits soient des ignares, mais ce que souhaite Jésus c’est l’acte de foi salvifique, c’est l’espérance libératrice, c’est l’amour invincible.

Jésus s’est lui-même identifié au pauvre, au petit, à l’affamé, au malade, au prisonnier, à l’étranger rejeté. Et ceux qui vivent la passion aujourd’hui ce sont ceux qui sont tués dans les attentats, déchiquetés par des bombes, ceux qui meurent de faim à cause de l’injustice mondiale. Ce sont ceux aussi que l’on méprise ou que l’on pervertit. Ce sont les enfants à qui on ne révèle plus l’amour de Jésus, ce sont ceux qui sont victimes de l’individualisme des pays riches aveugles devant la nécessité du partage.

Les évangélistes n’ont jamais cherché à faire de l’histoire au sens actuel du terme. Ils ont plutôt cherché à donner un témoignage pour nous inviter à l’acte de foi. C’est acte de foi c’est l’inouï d’un Dieu qui se fait homme, qui vient prêcher l’amour et le pardon et qui est rejeté et bafoué.

Les explications étaient données d’avance par les prophètes. Vous l’avez entendu chez Isaïe : « La multitude avait été consternée en voyant mon serviteur, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme. ..
Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance. Pourtant c’était nos péchés qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. »

Mais plutôt que de nous laisser abattre par nos fautes et nos péchés, nous avons entendu l’auteur de la lettre aux Hébreux, saint Paul ou un de ses disciples : « Avançons-nous avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours ».

Et si ce temps voulu, c’était aujourd’hui ? En entendant le récit de la Passion selon saint Jean, laissons-nous interpeller personnellement par Jésus le Fils de Dieu qui veut parler à notre coeur en ce moment. Il est le Fils de Dieu lui-même et veut éclairer nos vies. « Bien qu’Il soit le Fils de Dieu, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion ; et, ainsi, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel. »

C’est bien ce salut éternel qui est en jeu. Vivant dans le monde de l’éphémère et de l’immédiat, il nous est difficile de concevoir un salut éternel. C¹est pourtant essentiel dans l’enseignement de Jésus. Le témoignage de saint Jean est clair à ce sujet. Autant l’évangéliste peut montrer les preuves d’amour de Jésus à travers la Passion, autant pour lui, la vie éternelle c’est de le connaître comme le vrai Dieu. La Résurrection du Christ que nous allons célébrer avec foi et enthousiasme le dimanche de Pâques, c’est l’acte de foi essentiel qui donne sens à nos souffrances et jusqu’à la mort elle-même.

Puissions-nous mieux vivre la compassion et intégrer dans nos vies les passages, les Pâques, de l’incroyance à la foi chrétienne, du désespoir à l’espérance, de l’égoïsme à l’amour. Ecoutons donc ce récit de la Passion comme des disciples prêts à témoigner à notre tour que l’amour est plus fort que la haine, le pardon plus fort que la vengeance, la vie plus forte que la mort.

Amen

Joyeuses Pâques.

 

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