Messe du dimanche de la Pentecôte

 

Chanoine Michel Borgeat, à l’église de Massongex, VS, le 31 mai 2004.

Lectures bibliques : Actes des Apôtres 2, 1-11; Jean 14, 15-26

Frères et Sœurs,

 

(La peur)
Lorsque nous lisons dans les actes des Apôtres que les frères, comprenons les disciples de Jésus, se trouvaient réunis, j’ai bien l’impression qu’ils ne devaient pas être tellement fiers. Jésus avait été crucifié et ils l’avaient vu ressuscité mais il me semble qu’ils ne devaient pas être tellement rassurés. Jésus leur avait promis une force venue d’en haut, je crois qu’ils devaient être comme nous à certains jours en train de se dire : si seulement Dieu était présent avec moi, je n’aurais pas peur. Je saurais ce qu’il faut faire mais là, je n’ose pas car je ne sais pas. Je n’ose pas car j’ai peur. Eux aussi avaient peur, tellement qu’ils fermaient les portes du lieu où ils se rassemblaient.

 

(Ils ne comprenaient pas)
Comme nous, ils n’étaient pas doués. Lorsqu’on les regarde vivre avec Jésus, ils nous donnent souvent l’impression de ne rien comprendre à ce que disait Jésus. Il leur arrive même de comprendre à l’envers ou de faire des suggestions contraires à ce que Jésus souhaite, c’est ainsi qu’on verra Pierre se faire reprendre « Arrière Satan ! ». Nous aussi, nous avons du mal à comprendre qui est Dieu, ce qu’il souhaite. Nous aussi, nous avons du mal à comprendre le mystère de la mort et de la résurrection. Nous aussi, bien des questions nous laissent sans réponse. Les disciples de Jésus se sont disputés entre eux, pour savoir qui serait le chef après Jésus. On a même vu la mère de Jacques et Jean venir essayer de « pistonner ses fils », en demandant elle-même à Jésus les meilleures places pour eux. Comme eux, il nous arrive de chercher la meilleure place quitte à prendre des moyens injustes, quitte à chercher du piston tout en critiquant cette façon de faire. Il nous arrive de nous disputer entre nous pour des questions, certes importantes, mais qui méritent échanges et concertation plus que des affrontements, par exemple la catéchèse, l’enseignement religieux, les types de messes, alors que nous devrions mettre en pratique le « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

 

(Ils vont changer)
Ce sont ces disciples peureux, qui ont du mal à comprendre le message de Jésus, qui se disputent pour des futilités, ce sont ces gens-là à qui nous ressemblons comme deux gouttes d’eau se ressemblent, ce sont ces gens-là qui vont finalement être envahis par l’Esprit et qui du coup vont changer.

Qu’en est-il de ce changement ? Etait-il normal, raisonnable pour les apôtres d’avoir peur ? Oui, car le danger qui les menaçait était réel et grave. Mais, ils se laissaient paralyser par la peur. Autrement dit, leur amour de soi-même était plus fort que leur amour pour le Christ !

L’Esprit va les aider à se décentrer d’eux-mêmes et à mettre au cœur de leur cœur l’amour préférentiel pour le Christ.

Une aventure vécue par une maman et sa fillette, dans une de nos vallées valaisannes, il y a une trentaine d’années, peut illustrer ce propos. La maman et sa fille se trouvaient au mayen familial, à 45 minutes de leur maison d’habitation, avec leurs trois vaches. Un chalet avec étable, au confort limité, sans moyen de transport, et sans téléphone. C’était le début septembre, après la désalpe ; elles resteraient sur cet alpage de moyenne altitude une quinzaine de jours, avant de rejoindre le village. Un soir, vers 21 h. la maman est prise d’un malaise qu’elle juge inquiétant et demande, après hésitation, à sa fille d’aller chercher le papa qui était resté à la maison ce soir-là, et qui la transporterait chez le médecin ou à l’hôpital. La fillette de 10 ans, s’élance courageusement, dans la nuit. D’abord, elle ne ressent que la peur de l’obscurité, avec tout l’imaginaire inquiétant que cela éveille, avec la peur de chuter et de se blesser : mais peu à peu se manifeste en elle l’amour pour sa maman : il faut sauver maman. Et la peur, tournée d’abord sur sa propre personne, devient inquiétude pour sa maman : Est-ce que je vais trouver papa à la maison, est-ce que nous arriverons assez tôt. Elle s’oubliait pour penser en priorité à sa maman.

A la Pentecôte, dynamisés par l’Esprit, les apôtres vont comprendre le message de Jésus comme une Bonne Nouvelle et vont courageusement l’annoncer… parce que leur cour est enfin donné à Jésus.

 

(Transformés par l’Esprit)
La Pentecôte, c’est cela : c’est la transformation par l’arrivée de l’Esprit Saint !

Qui fait aimer Jésus par-dessus tout, qui fait comprendre, qui donne la force, qui fait des témoins. Des disciples de Jésus, l’Esprit fait des apôtres qui sauront se faire comprendre du monde entier ; c’est une bonne nouvelle pour nous, l’Esprit Saint peut aussi faire de nous des apôtres. Nous sommes divisés parfois pour des bêtises. Nous sommes comme étaient Jean, Pierre, Jacques et les autres. Nous avons reçu l’Esprit Saint au baptême, à la confirmation. Accepterons-nous de nous laisser envahir par lui pour qu’il nous transforme ?

(Pour le royaume)
Dieu avait promis un royaume de paix, de justice. Ce Royaume est en train de se réaliser. Depuis la naissance de Jésus, le royaume est en train de se faire. La fête d’aujourd’hui et le dernier acte de la présentation du mystère du salut, ce salut qui est universel comme sont universelles les promesses de Dieu. Saurons-nous être témoins de ce salut proposé à tous les hommes ? Notre vie sera-t-elle le reflet de ce que nous croyons ? Quel geste saurons-nous trouver, quelle parole saurons-nous inventer pour dire notre Dieu qui aime toute personne de toute race et de toute nation ?

Acceptons l’irruption de l’Esprit Saint dans nos vies pour qu’il nous transforme, qu’il nous aide à comprendre, à aimer.

Demandons la force de l’Esprit pour que nous n’ayons pas peur de vivre notre foi.

Amen

 

 

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