Messe du 4ème dimanche de Pâques

 

Chanoine Alexandre Ineichen, à l’Abbaye de Saint-Maurice, le 2 mai 2004.

Lectures bibliques : Actes des Apôtres 13, 14.43-52; Apocalypse 7, 9-17; Jean 10, 27-30

Paroisse de village cherche prêtre pour assurer la messe dominicale. Logement et salaire assurés.

Chers auditeurs, si j’entendais un jour cette annonce à la radio, je serais déçu. Chers frères et sœurs, si un journal publiait une fois une telle recherche d’emploi, à moi, la peur. En effet, nous le savons tous, le sacerdoce n’est pas une profession. Il est avant tout une vocation dans le sens qu’il n’assure pas le vivre et le couvert, mais qu’il est un service où celui qui l’assure doit se donner le plus entièrement possible. Que serait un prêtre, s’il ne l’était que de huit heures du matin à cinq heures du soir ? Que serait une mère, d’ailleurs, si elle ne l’était que la journée et non la nuit lorsque son enfant a de la peine à s’endormir ? Ainsi, si nous prions pour les vocations, ce n’est pas pour trouver des cadres à une Eglise qui se survit, mais c’est pour continuer ici et maintenant l’œuvre du Christ dont Jésus dans l’Évangile de ce dimanche dira que nulle brebis ne pourra en être arraché.

Pourtant si toute vocation est belle, elle est aussi sujette à la corruption, non du monde, mais de nos faiblesses, non par intention, mais par lassitude. Ici, je ne reprendrais pas les litanies entendues bien des fois sur les difficultés du sacerdoce. Je n’en reteindrais que deux, la durée et l’engagement.

La première difficulté n’est que le commentaire de ce verset du psaume : « Quarante ans leur génération m’a déçu. » part du constat qu’une vie religieuse, tant laïque que sacerdotale, n’a de pertinence qu’à quarante ans passé. Je ne veux pas ici faire entendre que les jeunes ne peuvent pas s’engager, mais j’aimerais seulement rappelé qu’une vie donnée l’est sur la durée. Je crois que ce constat est vrai de toute vocation. Prêtres âgés réponds à ta vocation malgré les difficultés de santé. Prêtre en pleine activité répond à ta vocation bien que tu oublie parfois de prier. Jeunes, réponds à ta vocation avec enthousiasme et ferveur malgré parfois un peu de maladresse.

La deuxième difficulté, c’est que toute vocation n’est jamais complètement dégagée. Jésus sait bien qu’il n’appelle pas des saints, mais un Pierre, qui le reniera, un Jacques et un Jean, qui se chamailleront pour une place au Paradis. Lorsque nous nous donnons, nous le faisons bien souvent en gros pour nous reprendre dans le détail. Arrêtons là l’énumération de nos difficultés, de nos faiblesses et de nos compromissions. Tournons plutôt nos regards des scories des cendres que je viens d’énumérer vers la flamme d’un feu dévorant. « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé. » dira Jésus (Luc 12,49)

L’Église a-t-elle besoin de prêtre pour renouveler les cadres d’une société d’intérêt publique ? Les prêtres ne sont-ils qu’un baume sur nos beaux sentiments et notre bonne conscience ? Répondre à la vocation sacerdotale est-ce un moyen d’épanouissement personnel ? Non, si l’Église a besoin de prêtre, mieux, si le monde a besoin de prêtre c’est parce que le monde a besoin de Dieu. Le monde n’est rien si Dieu n’est pas. Et l’Évangile le dit bien, les brebis sont égarées si elles n’ont pas de pasteur. Ainsi si le Christ, vrai Dieu et vrai homme est l’unique Pasteur, il donne au monde son sens et sa vraie dignité. Alors, le monde, l’Église n’est pas égaré. « Jamais, les brebis ne périront, personne ne les arrachera » Non seulement le monde trouve son sens et sa dignité, non seulement il découvre le mystère de Dieu, mais encore parce que Jésus, le vrai Pasteur a pris notre condition d’homme jusqu’à mourir et à mourir sur une croix, le Pasteur que nous avons et qui nous appelle nous associe à ce mystère d’une manière la plus intime et la plus profonde. D’un Dieu lointain, le Pasteur que nous avons, Jésus le Christ, dont les pasteurs d’ici-bas ne sont que les indignes représentants nous rapproche infiniment. Il nous associe à ce foyer d’amour, à cet au-delà vers lequel nous aspirons tous. « Le Père est moi nous sommes un. Mon Père, qui me les a données est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. » Le prêtre est peut-être trop âgé, top occupé, trop enthousiaste, mais il sait qu’il n’est qu’un reflet du Pasteur éternel qui a donné sa vie pour ses brebis. Alors, le monde connaît sa source et sa fin, l’Église a enfin trouvé son Berger qui la conduira vers les verts pâturages du bonheur éternel.

 

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