Messe du 3ème dimanche du temps ordinaire

 

Chanoine Jean-Paul Amoos, le 27 janvier 2008, à l’abbaye de St-Maurice
Lectures bibliques : Isaïe 8, 23 – 9,3; 1 Corinthiens 1, 10-17; Matthieu 4, 12-23 – Année A

« Moi j’appartiens à Paul… Moi j’appartiens à Apollos… Moi j’appartiens à Pierre… Moi j’appartiens au Christ ! »

Mes frères, mes soeurs, chers auditeurs,

Dans la première lettre aux Corinthiens que nous venons de lire saint Paul règle un conflit d’appartenance.
A ses chers Corinthiens, qui avaient accueilli sa prédication et reçu le baptême, qui étaient invités à vivre et à traduire le mystère du salut, oui, à cette église qui s’égarait, Paul leur dit « stop » ! Attention aux clans et aux chapelles ! Même le Christ ne peut servir de drapeau pour une idéologie.
Vous voulez jouer la partition chrétienne, je vous redonne la note !
Eh oui, saint Paul aurait fait un parfait chef d’orchestre ! Je m’explique.
Chacun sait qu’avant de jouer une partition d’orchestre, les instruments doivent être accordés à une note donnée par le diapason. Si chaque registre donne sa note à lui, sans référence au « la » du diapason, il y a fort à parier que le résultat ne sera pas du tout symphonique, mais plutôt cacophonique !

A ces Corinthiens qui vivent des conflits d’appartenance, qui ne font plus référence directe au Christ, seul vrai diapason donnant à tout baptisé le « la » du salut, il doit leur dire : « Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus-Christ à être tous vraiment d’accord; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et de sentiments ».

Il est impossible de jouer la carte chrétienne sans référence au Christ Vérité. Si je veux vivre et dire la vérité, c’est toujours en me référant au Christ que je suis invité à le faire. Tout au long de l’histoire, les grandes confusions se sont manifestées lorsque les hommes ont préféré leurs vérités à la Vérité donnée en Jésus-Christ.
Saint Paul aurait fait un parfait chef d’orchestre lui qui disait à ses fidèles que la belle musique chrétienne, la musique de l’amour ne se traduit pas dans des conflits d’appartenance, dans la division, mais bien en Jésus-Christ en qui ils ont été baptisés.

Vingt siècles nous séparent des paroles de Paul… Et pourtant combien elles sont actuelles !
Des conflits d’appartenance au Christ, il en a toujours eu. Combien de gourous et de guides ont proposé leur Christ, leur religion, leur manière de voir et d’entrevoir le salut. Combien on dit « oui au Christ », et « non à l’Eglise »… Mais à quel Christ ont-ils dit « oui » et à quelle Eglise ont-ils dit « non » ?
Chacun connaît les ravages causés par l’orgueil… Il est souvent à l’origine du désir de pouvoir, d’avoir et de gloire; et tous les trois pactisant allègement avec l’argent ont leurs racines dans le péché originel.

Il ne faut pas ignorer que, du paradis terrestre aux tentations de Jésus dans le désert de Judée et aujourd’hui plus que jamais, quelqu’un ne cesse de provoquer l’homme pour le faire tomber ! Et que ce quelqu’un c’est le démon.

Les conflits d’appartenance vécus par les Corinthiens étaient certes mauvais et dangereux pour cette église naissante, mais Paul était présent pour les remettre sur la bonne voie.
De nos jours, les conflits d’appartenance sont certes encore bien présents dans l’Eglise, mais ce qui le plus sournois, c’est l’évolution de deux tendances, deux tendances qui éloignent subtilement les baptisés du salut offert en Jésus Christ.

La première, c’est l’indifférence qui fait dire à beaucoup de chrétiens « je vis ma vérité, l’autre, qu’il vive la sienne, je n’y ai pas à intervenir, qu’il vive comme il pense » ! Mais comment jouer correctement la partition chrétienne si chacun chante ce qu’il veut et comme il l’entend ?

La deuxième tendance, non moins inquiétante, c’est le développement de mouvements très attractifs qui éloignent les chrétiens du Christ et de l’Eglise en les plongeant dans un syncrétisme dangereux…  Syncrétisme où le salut n’est plus en Jésus, mais dans de multiples formes et expressions religieuses ainsi que dans la nature avec ses énergies, ses vertus, etc…
Certes, les religions ont droit au respect de leurs valeurs, la nature est digne d’admiration, car elle est  création et cadeau de Dieu. Mais attention, il ne faut pas confondre : salut et santé !
Personne ne conteste les bienfaits de la santé… on connaît le dicton : « un esprit sain dans un corps sain », mais il est urgent de mettre les pendules à l’heure, il est important, pour tout chrétien de centrer sa vie sur le mystère du salut en Jésus-Christ. Si l’homme a besoin d’une bonne santé pour vivre, le Christ rédempteur est indispensable pour son salut. Et ce salut nous est offert aujourd’hui par l’Eglise, dans une Église en marche, fécondée dans le mystère de l’incarnation-rédemptrice sous l’autorité du Christ, le saint de Dieu qui, par son sang nous rend participant de sa sainteté.

Il est venu pour nous faire participants de sa sainteté, pour nous amener à  communier à son mystère d’amour.

C’est Jésus, vrai Dieu et vrai homme, et nul autre qui peut nous réunir tous afin que nous puissions jouer la partition de l’amour. C’est lui notre seul diapason, celui qui nous offre le « la » absolu nous permettant de donner le vrai sens à notre vie et d’offrir à notre monde des signes d’espérance et de vie.

 

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