Messe du 3e dimanche de Carême

Frère Didier Boillat, dominicain, le 27 février 2005, à l’église St-Paul, Genève

Lectures bibliques : Exode 17, 3-7; Romains 5, 1-8; Jean 4, 5-42 – Année A

L’eau vive ? Avez-vous recueilli de l’eau dans vos mains ? Vous l’avez retenue un instant, puis elle s’est échappée entre vos doigts… Impossible de la retenir captive ! Cette eau ensuite a rencontré d’autres eaux vives et rebelles pour former une rivière, un fleuve, une mer, un océan…

 

  Derrière moi, dans le chœur de l’Église se trouve une toile qui représente Paul la main levée. Il est debout dans une barque portée par une mer tranquille et d’un bleu azur. Il parle de Jésus Christ… Tout paraît paisible, les visages des compagnons de Paul sont saisis de sérénité.

Mais la mer en ces jours se révèle plus terrifiante, inquiétante. Le Tsunami habite notre mémoire : la violence meurtrière des flots. La mémoire des enfants qui animent cette liturgie elle aussi a cette marque terrible en elle. L’eau devient si vive qu’elle emporte tout. Et chacun doit réapprendre à apprivoiser cette eau, à la laisser remplir nos mains, à la laisser aller là où elle veut donner vie, sans la retenir.

Une femme elle aussi, la Samaritaine de l’évangile, vit la même expérience. L’eau la fatigue, elle doit chaque jour aller au puits et marcher de longues heures pour atteindre son but. Elle et sa famille ont besoin de cette eau pour vivre. Si cette femme ne trouve pas d’eau, la vie disparaît. Sait-elle que l’eau vivante peut aussi se répandre dans son cœur ? Là où elle a une soif qu’elle ne connaît pas encore : la soif d’aimer vraiment. Où va-t-elle pouvoir étancher sa soif d’aimer et d’être aimée ? Elle a connu plusieurs amours nous rapporte l’évangile, mais elle n’a pas encore trouvé un amour qui vienne répondre à sa soif.

L’eau vive n’est plus une eau qui détruit, n’est plus simplement un apaisement pour une gorge sèche. L’eau vive est don de Jésus pour la vie de cette femme, elle qui désire sans trop le savoir encore aimer Dieu et son prochain. La Samaritaine renaît à elle-même, elle reprend confiance. Nous sommes invités à renaître de cette eau, une eau bienfaisante qui vient ôter nos sentiments de peurs, éloigner ces images de violence contenue dans une eau déchaînée. Elle vient nous dire, et oui l’eau parle, elle nous dit : « Tu peux aimer et être aimé! »

La Samaritaine ne craint pas d’interroger Jésus qui lui promet de l’eau, mais il n’a rien pour puiser et il veut lui donner une eau vive. Interrogeons Jésus sur cette eau vive qu’il veut nous donner à boire. Interroger ce n’est pas un manque de confiance, nous exprimons notre désir de comprendre et d’accueillir, notre désir d’aimer. Et en interrogeant Dieu, nous lui exprimons la soif qui nous habite, une soif peut-être inconnue pour nous-mêmes, néanmoins bien réelle et tenace !

Vous les enfants vous aimez jouer avec l’eau, elle est libre. Vous ne pouvez pas la tenir captive, elle file entre vos doigts… Elle est source pour vous de joie et d’étonnement. Quand vous jouez ainsi vous nous dites d’aimer cette eau vive : elle donne confiance !

Frères et sœurs, que l’eau vivante se répande largement, généreusement! Elle vient étancher notre soif de vie avec Dieu et entre nous ! « Si tu savais le don de Dieu, c’est toi qui aurais demandé de cette eau vive ! » Osons la demander pour nous et pour tous ceux et celles qui aujourd’hui éprouvent dans le cœur la soif d’un amour vrai et confiant ! Amen

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