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Mgr Benoît Vouilloz, à l’église de Martigny-Ville, VS, le 31 mars 2002 Lectures bibliques : Actes des Apôtres 10, 34-43; Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9 |
Dans certains pays de tradition chrétienne existe la coutume de se saluer et de se souhaiter le bonjour au matin de Pâques en se redisant les uns aux autres « Le Christ est ressuscité ».
Quelle belle salutation ! Chargée de lumière, d’espérance, de joie et d’amitié !
Elle renferme en elle-même tout ce que l’on peut se souhaiter de bon, en se disant « bonjour », « salut », « bonne santé » « tout de bon » « courage », « Shalom, la paix avec vous »
Oui, si le Christ est ressuscité, toute notre journée, toutes nos journées, toute notre existence est illuminée de l’intérieur.
En ce matin du 31 mars 2002, nous accueillons cette annonce, comme l’ont accueillie les Apôtres et les premiers disciples, au matin de Pâques de l’an 33 (ou un peu plus, peu importe) ainsi qu’au matin de la Pentecôte de cette même année-là, 50 jours après Pâques, lorsque Pierre et les autres, emplis de l’Esprit-Saint, emplissaient Jérusalem de cette Bonne Nouvelle : « Celui que vous avez crucifié, Il est ressuscité, nous en sommes témoins et nous vous l’annonçons pour que notre joie soit aussi la vôtre »
Accueillons cette proclamation, avec le même étonnement, la même stupéfaction et la même confiance qu’eux : ils n’osaient d’abord y croire tellement cela leur paraissait incroyable, invraisemblable. Et puis, Jésus lui-même leur est apparu pour leur assurer qu’ils n’étaient pas victimes d’une illusion .. Et puis l’Esprit-Saint leur fut donné pour confirmer à jamais l’authenticité de l’événement.
Ce même Esprit-Saint parle à notre cœur aujourd’hui et nous dit : « Faites confiance aux témoins des premiers jours, comme à cette multitude de témoins qui, de siècle en siècle, ont accueilli dans la liberté de leur cœur cette Bonne Nouvelle, s’en sont laissé illuminés intérieurement et sont allés jusqu’à donner leur vie pour la partager avec leurs frères et sœurs en humanité, dans un mouvement de générosité et de joie ardente, une joie désireuse de se communiquer comme un amour brûlant. »
Oui, s’il est vrai que Jésus est ressuscité, alors toute notre vie, quelles qu’en soient les péripéties, les épreuves, les drames, les échecs, toute notre vie prend sens : trouve une signification profonde et une direction que rien ne peut désormais entraver ni faire dévier.
Quel est, en effet, l’impact de la Résurrection du Christ pour nous, pour moi, aujourd’hui, dans les circonstances concrètes où je me trouve en ce moment ?
1.- Jésus, vainqueur de la mort, vivant aujourd’hui et à jamais, fonde notre certitude que Dieu est Amour et Vie. Quelle Lumière et quel réconfort pour nous tous, qui si souvent sommes hésitants, pris par le doute, devant le mystère de Dieu :
la mort du Christ en croix était déjà, en elle-même, le signe, la signature la plus authentique de l’Amour. Cependant, si la mort avait eu le dernier mot, si la tombe était demeurée scellée, notre espérance serait bien chancelante. Mais non : Christ est ressuscité : l’Amour est source de Vie, l’Amour EST Vie, et la Vie est plus forte que la mort !
2.- En nous révélant ainsi que Dieu est Amour et Vie, la Résurrection de Jésus nous assure, en même temps, que nous-mêmes, tous et toutes, sommes appelés à partager cet Amour et cette Vie dès maintenant, dès le premier jour de notre existence et pour toujours, pour l’éternité.
Saint Paul lui-même laisse éclater sa foi et sa joie dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe : « Si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité…mais non Christ est ressuscité, prémices de ceux qui sont morts ». Il y a un lien indélébile entre la résurrection du Christ et la nôtre : l’une ne va pas sans l’autre.
Mais voilà, j’entends, me semble-t-il, la critique, le reproche, formulés si souvent :
« ainsi, vous mettez votre espérance dans la vie future et vous dépréciez la valeur de notre existence terrestre ; vous attendez un monde meilleur et vous ne vous engagez pas (ou peu) dans la construction de notre monde d’ici-bas, qui est pourtant bien le vôtre aussi. »
Chers frères et sœurs, notre espérance de la vie de plénitude et de bonheur dans l’éternité ne nous isole pas de notre monde et de notre temps ; au contraire ; allumée dans notre cœur comme une flamme ardente et joyeuse, notre espérance :
– nous donne force et courage pour affronter ou traverser les passages sombres et difficiles de la vie.
– renforce et donne plus de poids, de densité, aux joies de cette vie : pensons, par exemple, aux joies de la nature (chant des oiseaux, lever de soleil, la présence attachante d’un animal, un chat, un chien) aux joies de l’amitié (un repas de fête), aux joies de la vie familiale (la naissance d’un enfant) : toutes ces joies humaines et terrestres ne sont pas éclipsées ou affadies par l’attente heureuse du ciel. Bien au contraire, elles en sont comme des signes précurseurs.
– nous aide à jouir des biens matériels sans y accrocher notre cœur avec instinct de possession et d’accaparement. En cela, notre espérance favorise la paix et la concorde, tant il est vrai que l’instinct de possession est à la source de nombreux conflits, aussi bien dans les relations interpersonnelles (en famille, en communautés sociales) que dans les relations entre peuples et nations.
– est source de dynamisme dans le combat pour la justice et la défense des petits et des plus pauvres, parmi nos frères et sœurs en humanité
– Et si l’on nous reproche encore « votre espérance vous fait agir pour le bien, dans un mouvement d’amour et de générosité, mais vous agissez ainsi en vue d’une récompense » nous répondons :
Eh bien oui, pourquoi pas, puisque la « récompense » n’est autre qu’une communion des cœurs dans l’amour et dans le partage de la Vie même de Dieu, qui, par amour, s’adresse à notre liberté et nous l’offre par pure grâce, gratuitement, gracieusement.
Chers frères et sœurs, accueillons dans la joie la Bonne nouvelle de ce matin et proclamons-la par toute notre vie : « Christ est ressuscité. Alléluia ! »