Messe du 6ème dimanche ordinaire

 

 

Chanoine Jean-Paul Amoos, à l’abbaye de Saint-Maurice, le 16 février 2003.

Lectures bibliques : 1 Corinthiens 10, 31-11,1; Marc 1, 40-45

Prenez-moi pour modèle, mon modèle à moi c’est le Christ.

Mes frères, mes sœurs, chers auditeurs,

 

Ces mots de saint Paul, adressés aux Corinthiens, concluent un long et admirable exposé sur la question des cultes païens et le problème des viandes sacrifiées aux idoles, vendues ensuite pour être consommées. Les chrétiens peuvent-ils consommer ces viandes sans commettre une faute grave ou sans laisser croire qu’ils communient à des oblations sacrilèges ?

 

Quand saint Paul doit régler une question de morale, déterminer l’attitude qui convient dans telle ou telle situation concrète, il prend de la hauteur. Les idoles, dit-il aux Corinthiens, n’existent pas. Puis il place les croyants face à leurs responsabilités. Il leur rappelle le mystère de Dieu et du Christ auquel ils ont part, la condition à laquelle ils ont été élevés par la foi et le baptême, leur appartenance à l’Église, corps du Christ. Située dans ce contexte et dans cette perspective, la morale qu’il définit a son origine et ses motivations en Dieu. Elle est imitation du Christ.

 

Nous comprenons dès lors que saint Paul puisse conclure son exposé par ces mots : Prenez-moi pour modèle, mon modèle à moi c’est le Christ. Vous savez, dit-il aux Corinthiens, en Jésus-Christ, vous êtes libres, tout ce que vous faites doit contribuer à la gloire de Dieu. Vous êtes libres, mais que votre liberté ne soit pas source de scandale. Vous êtes libres, mais ne cherchez pas votre intérêt personnel. Que la charité soit le moteur de votre agir. Que votre liberté soit toujours soumise à la charité. Dans votre manière d’agir, prenez-moi pour modèle.

 

Un modèle ! Aujourd’hui, plus que jamais, la référence au modèle est constante. Dans le monde du sport, de la musique, de la politique, jeunes et moins jeunes, presque tous calquent leur vie ou leur agir sur de grands noms de stars, ou de vedettes.

 

Tout au long de l’histoire, les chrétiens ont eu leurs modèles de cheminement. Combien ont trouvé leur voie en se référant à un être de grand idéal, souvent un saint. Nous connaissons tous de ces merveilleux personnages parvenus au cœur du mystère du Christ à la suite d’une lecture ou de la rencontre de quelqu’un traduisant un bel exemple de vie.

 

Prenez-moi pour modèle, mon modèle à moi c’est le Christ.

Saint Paul ne ressemble en rien à un gourou. Même s’il se donne en référence, immédiatement, il livre ses sources : le Christ. À la manière de Jean-Baptiste qui, après le baptême de Jésus, propose à ses disciples de suivre l’Agneau de Dieu, saint Paul invite ses correspondants à imiter le modèle par excellence : le Christ.

Mon modèle à moi, c’est le Christ. Tous ceux qui ont eu la grâce d’entrer dans cette dynamique de Jésus modèle ont traduit dans et par leur vie le mystère de sa présence au milieu du monde.

 

Il y a quelques jours, j’ai lu le récit de la vie d’une jeune fille qui faisait partie du mouvement «le Focolare» fondé par Chiara Lubich. Vive et dynamique, la jeune Chiara Luce vivait à Sassello, près de Gênes. À 16 ans, atteinte d’un terrible cancer, plutôt que de s’enfermer dans son épreuve, elle va tenter d’incarner le mystère de Jésus dans des relations, simples et joviales au sein de sa famille et avec ses amis, ses nombreux amis. Lors de ses deux dernières années de combat, elle ne parle que très rarement de Jésus, mais tout son être respirait une telle présence d’amour et de force que ceux qui l’ont rencontrée, ceux qui ont partagé son cheminement étaient convaincus que c’est son modèle : «Jésus abandonné» qui lui donnait un tel courage, une telle transparence. Ils en sont venus à désirer, à leur tour, prendre Jésus pour modèle de force, de paix et de charité. Aujourd’hui, treize ans après sa mort, les témoignages de jeunes ayant retrouvé un sens à leur vie affluent.

 

Le Christ : modèle. Parler du Christ modèle, c’est se souvenir que nous sommes créés dans le Christ et que toute notre vie doit être orientée, construite en Celui qui nous donne l’être et la vie.

 

Nous sommes créés à l’image du Christ, parfaite Image du Père.

Nous existons à l’image de Jésus-Christ. C’est le sens de notre existence.

Nous ne sommes pas créés de manière occasionnelle, imprévue, imprévisible. Non, nous sommes créés dans le Fils. Le Père nous aime dans le Christ qui est l’Image de référence de notre propre croissance spirituelle.

 

Nous sommes créés pour ressembler au Verbe et cela de plus en plus.

Pour illustrer ce mystère de la conformité au modèle j’aimerais vous citer cette splendide phrase d’un prêtre enseignant le catéchisme à de jeunes enfants. Voici ce qu’il leur disait : «Vous savez, la vie chrétienne c’est très simple. Il ne s’agit que d’une chose ; quand vous arriverez au ciel il faut que vous ressembliez tellement à Jésus que le Bon Dieu vous confonde avec Lui.»
«Que vous ressembliez tellement à Jésus parce que vous êtes faits à son image, que Dieu Père vous confonde avec Lui.» Notre vie c’est cela. Saint Paul le dira : Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.

Nous sommes appelés à quelque chose de grand. Nous ne devons pas seulement imiter Jésus comme un modèle extérieur. Nous devons nous laisser informer, transformer à son image qui est notre modèle, notre modèle intime.

«Mon modèle à moi c’est le Christ».

Sachons, non seulement prononcer ces mots, mais tout faire pour nous laisser façonner par ce sculpteur par excellence qu’est l’Esprit Saint. Lui qui, si nous lui laissons la main, va travailler constamment à nous faire à la ressemblance du Fils unique afin que notre être et notre agir soient tout entier ordonné à la gloire de Dieu et au salut de nos frères.

 

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