Messe du 5ème dimanche de Carême

 

Abbé Martial Python, à l’église St-Pierre, Yverdon-les-Bains, le 29 mars 2009
Lectures bibliques : Jérémie 33, 31-34, Hébreux 5, 7-9, Jean 12, 20-33
– Année B

                              

Accueillir l’autre avec son histoire et sa culture

Il est assez courant dans nos cités d’ériger des monuments à la gloire d’illustres personnages qui ont marqué l’histoire locale ou universelle. C’est une manière de les glorifier. A Yverdon-les-Bains, entre l’Hôtel de Ville et le Temple, nous avons la statue de Pestalozzi dont la gloire consiste en un apport nouveau quant à ses méthodes pédagogiques touchant l’éducation des enfants. D’autres exemples : la gloire d’un Napoléon sera liée à les victoires guerrières, celle d’un Michel-Ange à l’art pictural et sculptural, tandis que celle d’une Maria Callas à l’art lyrique.

Et nous-mêmes, à quelque part, nous recherchons aussi plus au moins des succédanés de ces gloires humaines. Cela peut se situer dans des réussites d’ordre professionnel, social ou autres… et dont le but est souvent d’attirer les regards à soi.

Voilà un peu où nous mettons notre gloire ou du moins notre fierté : mais qu’est-ce que Dieu pense de tout cela.

  Dans l’Evangile d’aujourd’hui, le terme de gloire ou glorifier revient maintes fois, et le sens nous déroute quelque peu, surtout quand Jésus évoque sa gloire disant : « Voici venue l’heure où le Fils de l’Homme va être glorifié, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul…, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits ». (Jn 12, 23-24).

Ce n’est donc nullement la puissance, les coups d’éclats qui font la gloire de Jésus mais le fait de porter beaucoup de fruits par sa mort sur la croix, oui, en sauvant le monde en mourant pour nous. Ces paroles sont d’une grande portée, déjà du simple fait qu’elles se situent dans le contexte  juste après l’événement des Rameaux, où Jésus a été glorifié par la foule en entrant à Jérusalem. Et il est certain que ses disciples étaient heureux de cet accueil triomphal car c’était pour eux un succès. Mais voilà Jésus choisi précisément ce moment là pour dire : « Ma gloire véritable, c’est de vous aimer au point de me donner totalement à vous. » En ce sens vous savez que le grec à trois termes pour signifier l’amour : EROS – amour humain au sens charnel, PHILEN – l’amour-amitié, celui-ci est cher dans les échanges philosophiques et il y a AGAPAN qui veut dire l’amour-don et qui est propre à la bible ; cet amour qui consiste à se donner à l’autre et à l’accueillir jusqu’à se laisser traverser par sa pensée afin que je puisse m’enrichir de son histoire et qu’il soit de même enrichi de mon histoire. Ainsi on peut parler de transformation des uns et des autres, de croissance mutuelle, et de renaissance dans une véritable communion des coeurs.

C’est donc tout un travail en soi d’accueillir l’autre avec son histoire, sa culture, avec ses mêmes droits à la vie que moi-même sur cette terre qui nous a été confiée par Dieu. Mais comment je vis le partage des biens de la terre ? Car selon l’expression de Frère François d’Assise, notre Mère la Terre n’est-elle pas à tout le monde ? Oui si nous voulons rendre gloire à Dieu, il nous faut essayer de suivre Jésus dans son amour pour ses frères les hommes.

Et cela consiste à donner, pour nos frères de notre temps, de nos forces, de notre argent, de notre cœur, de notre intelligence, de notre vie même s’il le faut. En ce sens, Jean disait : « S’aimer soi-même, c’est se perdre… Qui dépense sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle. »

Alors voyez combien le Christ nous entraîne loin des vaines gloires humaines.

Ce pourquoi, demandons-nous frères et sœurs comment dans ces derniers 15 jours de Carême, nous allons avec le Christ, glorifier Dieu. Alors nous pourrons en vérité chanter : « Souviens-toi de Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts, il est notre salut… notre gloire éternelle… En Lui notre gloire, en Lui notre salut… » (2 Timothée 11,8)

Amen

 

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