Messe du 4e dimanche de l’Avent

 

Bâtir une civilisation de l’amour
Maintenir l’humanité à hauteur d’amour : la grâce d’être femme

 

Abbé Michel Salamolard, église Sainte-Catherine, Sierre, le 24 décembre 2000

Lectures bibliques : Michée 5, 1-4; Hébreux 10, 5-10; Luc 1, 39-45

Aux deux extrémités de l’Évangile, à Noël et à Pâques, ce sont des femmes qui, les premières, accueillent l’inouï de la vie de Dieu qui se communique à l’humanité.

Nous venons de rejoindre, à l’écoute de l’Évangile, Marie et Élisabeth, peu avant Noël. Elles sont enceintes, toutes les deux, et partagent le bonheur simple et profond d’être mamans. Leur corps abrite une vie nouvelle et leur cœur se remplit d’amour pour l’enfant que, bientôt, elles mettront au monde.

Elles éprouvent une grande joie, car chacune reçoit son enfant comme un cadeau. Élisabeth a conçu Jean le Baptiste alors qu’elle était âgée. D’ailleurs, le nom de Jean signifie Dieu a accordé une faveur. Elle pressent que son enfant assumera une mission spéciale de la part de Dieu. Un ange a dit à son mari ces paroles étranges : Il sera rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère, et voilà qu’elle sent le petit bouger en elle, à l’arrivée de Marie.

Marie est une jeune fille. Elle s’est mise totalement à la disposition de Dieu, pour un projet fou, qui la dépasse. Un messager de Dieu ne lui a-t-il pas affirmé cette chose incroyable :Tu enfanteras un fils, qui sera appelé Fils de Dieu. Elle porte en elle Jésus, fils de femme et Fils de Dieu.
En lui, l’humanité et la divinité ne font plus qu’un. Dieu devient l’un de nous, et nous pourrons devenir comme lui. Il descend vers nous, et nous pourrons monter vers Dieu, dans une explosion d’amour. Il vient nous sauver du mal et de la mort, il vient nous offrir la vie et le bonheur de Dieu. Cela est inscrit dans son nom, Jésus, qui veut dire : Dieu sauve.

A l’autre extrémité de l’Évangile, une trentaine d’années plus tard, près du tombeau vide, on retrouve des femmes, la mère de Jésus, Marie de Magdala et les autres. Elles reçoivent en plein cœur la joie de la Résurrection et vont l’annoncer aux disciples.

Ce n’est sans doute pas un hasard si la vie de Dieu est confiée d’abord à des femmes. N’en va-t-il pas de même pour la vie tout court? Les femmes ne sont-elles pas les gardiennes de la vie? Dieu leur confie ce qu’il a de plus précieux: la vie, à concevoir, à protéger, à aimer. En chaque personne brille un pur reflet de Dieu, que rien ne peut obscurcir totalement. Quand une femme accouche, le premier regard qu’elle pose sur son enfant n’est-il pas d’émerveillement? Ce petit a germé en elle, il vient d’elle, mais en même temps, il vient d’ailleurs, de plus loin que la maman, de plus loin que le papa. Les parents ne l’ont pas fabriqué, ils le reçoivent comme un prodigieux cadeau, qui fait battre leur cœur.

Chacun de nous est un don splendide de Dieu, formé dans le corps d’une femme et confié à l’amour d’une femme. Non que le rôle du père soit insignifiant, loin de là, mais celui de la mère est irremplaçable. Cela reste vrai tout au long de la vie et dans toute l’histoire humaine. En tant que mères, amies, épouses, soignantes, confidentes, inspiratrices, les femmes accompagnent la vie en ses débuts, en son développement, en son achèvement. Elles maintiennent l’humanité à hauteur d’amour.

Quand la vie est menacée, quand les hommes s’entretuent, elles sont avec les enfants, avec les blessés, avec les vieillards. Dans les hôpitaux, les foyers, les homes, elles sont en première ligne pour soulager la souffrance et nourrir l’espérance. Quand un couple se sépare ou divorce, n’est-ce pas la femme qui, presque toujours, assume la prise en charge et l’éducation des enfants, dans des conditions souvent difficiles, qui l’obligent à travailler durement, pour un salaire parfois dérisoire.

Dieu sait si le combat féministe a été nécessaire, afin d’arracher les femmes à un statut de mineure et d’inférieure, sans voix ni pouvoir. Mais Dieu sait aussi qu’il reste énormément à faire pour que la femme soit vraiment traitée de façon juste. Que cesse l’exploitation éhontée de tant de femmes dans les réseaux de loisirs et de prostitution, avec la lâche complicité de trafiquants et de clients de chez nous!

Que la femme soit redécouverte et honorée dans sa dignité de mère, d’épouse, de gardienne irremplaçable de la vie et de témoin privilégié de l’amour! Elle doit être reconnue non seulement pour sa beauté ou ses réussites professionnelles, mais pour ce qu’elle est profondément, une image vivante de la tendresse et de la force de Dieu. Elle n’est pas un double de l’homme, elle est son merveilleux complément.

Mesdames, ne vous contentez pas de l’égalité, revendiquez le droit d’être vous-mêmes, égales mais différentes.

Et vous, Messieurs, vous montrerez davantage votre force et votre virilité en respectant la femme plutôt qu’en la dominant ou en la consommant comme un objet jetable. D’ailleurs, il y a en vous aussi une part féminine, qui ne demande qu’à s’épanouir au contact de vos compagnes en humanité.

Avec Élisabeth et Marie, réjouissons-nous, hommes et femmes, d’être appelés à nous mettre en valeur mutuellement, à nous respecter, à nous aimer, et à servir la vie, chacune et chacun selon notre vocation.

Amen.

 

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