Messe du 3e dimanche du temps ordinaire

 

Père Philippe Hennebicque, Déborah Kapp, pasteur et Sr Marie-Brigitte, le 25 janvier 2009, à la chapelle Ste-Ursule, Fribourg
Lectures bibliques :
Jonas 3, 1-5.10; 1 Corinthiens 7, 29-31;Marc 1, 14-20  – Année B

Père Philippe Hennebicque :

Permettez-moi de nouveau de vous rendre, de nous rendre attentifs à la présence de l’Esprit Saint, du Souffle Saint. Il est avec nous, Il déploie en chacun de nous, en chacune de nos communautés chrétiennes, en nos Eglises particulières sa vie, son amour pour les unes et les autres. Il nous dit aujourd’hui avec ses propres mots, avec ceux qui nous touchent le plus, avec des paroles spécialement réservées pour nous que nos Eglises-sœurs ont du prix à ses yeux. Oui, l’Esprit de Dieu aime nos Eglises avec le même soin qu’un Père, qu’une Mère. Chacune a du prix à ses yeux. La confiance en cet amour qui entoure nos Eglises est à notre portée si nous acceptons de la recevoir comme un don gratuit, qui ne doit rien à nos mérites, à nos efforts volontaristes déployés pour l’Unité.

L’Esprit du Christ a accompagné nos Eglises dans leur histoire, leur développement ; au risque de me répéter je redis que c’est ce même amour pour le Christ mort et ressuscité, dont nous attendons le retour, qui fait battre le cœur de nos Eglises.

Cet amour de Dieu pour nos diverses confessions est mystérieux. C’est une graine qui a été plantée dans la  terre de l’Eglise indivise que même nos séparations n’ont jamais réussi à écraser; comme celle de l’évangile de Marc elle a été dérobée, devenue invisible à nos yeux de chair, eux-mêmes obscurcis par notre complicité avec le Mal. Comment travaille-t-elle ? nous ne le savons pas, et pourtant nous sommes devenus de plus en plus attentifs à la présence, à la richesse des autres. Au fil des années  la méfiance a fait place à l’estime, à une meilleure connaissance réciproque de nos communautés.
Les célébrations, les prières, les rassemblements, les groupes de lecture de la parole inter-ecclésiaux manifestent un élan les uns vers les autres, marqué encore bien souvent par une certaine retenue certes, mais dans un désir d’imiter le Christ qui se fait proche des hommes et des femmes qui souffrent, qui cherchent.

L’Apocalypse affirme que le premier ciel et la première terre s’en sont allés… et que Dieu a préparé la ville sainte, la nouvelle Jérusalem comme une fiancée parée pour son époux. Chacune de nos communautés ne montrent-elles pas un trait de ce visage un peu flétri de cette fiancée qui se laisse habiller intérieurement par l’Esprit pour être accueillies, pour accueillir d’autres communautés chrétiennes. Paul ne parle-t-il pas en termes passionnés des épousailles incroyables du Christ et de son Eglise qu’Il a rendue belle par sa mort et sa résurrection? Nos  Eglises, qui aspirent à l’unité, qui se rencontrent, participent à ces noces, c’est vrai ce n’est pas encore comme la fiancée unique, la nouvelle Jérusalem, mais déjà comme des invitées à ces noces dont elles se réjouissent ensemble.

Alors marcher vers l’unité entre chrétiens c’est se réjouir de nos relations qui ne cessent de se modifier, qui mûrissent lentement; la joie renouvelée de découvrir le mystère de l’autre Eglise aimée par le Père et son Fils dans leur Esprit commun est un signe du chérissement du Père pour le Fils et du Fils pour le Père.
Amen


Témoignage de Débora Kapp, pasteur :

La relation entre Eglises telle que nous la décrit Philippe à partir du passage de l’Apocalypse, est une relation intense et exigeante, emplie de confiance mutuelle, d’adulte à adulte.
Cette forme de relation œcuménique se vit au Centre Ste-Ursule à Fribourg.

J’aimerais m’en faire l’écho, en tant que pasteur réformé, vous dire mon bonheur d’être associée à son rayonnement sur la place fribourgeoise.
D’abord parce que depuis ses débuts, le Conseil pastoral du Centre attribue une place à un membre de l’Eglise réformée. Le Centre Ste-Ursule a donc fait de l’œcuménisme non pas une option, mais un choix prioritaire. Le conseil de la paroisse réformée m’y a déléguée depuis quelques années.
Avec les prêtres et les assistants pastoraux, représentants des paroisses de l’agglomération fribourgeoise, c’est lors des séances du Conseil pastoral que se partagent quelques-unes de nos préoccupations ou de nos questionnements. A partir de là, peuvent naître des projets, des envies, des tentatives. Le Centre a cette chance, par rapport aux paroisses, de pouvoir expérimenter de nouvelles formules. Une grande souplesse, une largesse d’esprit, un goût de l’aventure y sont bienvenues. Cette possibilité d’être créatifs, dégagés du souci d’avoir du succès, d’être rentable rend nos rencontres légères, conviviales et joyeuses.

Ensuite, ce que nous explorons régulièrement et avec contentement, ce sont nos lectures croisées de la bible. Que ce soit pour la Journée Mondiale de Prière des femmes, le 1er vendredi de mars, que ce soit dans la semaine de méditation, que ce soit pour la prière œcuménique mensuelle, lors d’un projet d’Eglise ouverte dans la paroisse réformée ou pour une occasion plus ponctuelle, nous avons plaisir à ouvrir les pages du Grand Livre ensemble. Nous y sommes comme dans notre maison commune. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous sommes à l’écoute de nos mutuelles expériences, de l’expression particulière de notre foi. C’est du solide, du consistant, du bon.

Et puis, il y a les rencontres interpersonnelles au gré des activités du Centre. Richesse d’une quête spirituelle partagée, écho de pétillements de vie, place aux rires et aux chagrins, le Centre respire la vie.

Ce lieu permet de tenir le cap dans des temps où le repli identitaire risque de nous endurcir, où les piques d’une Eglise à l’autre sont à nouveau plus blessantes, où le désir d’imaginer un avenir commun est en panne.
Ce lieu consolide notre relation, creuse notre faim de sens, déploie notre envie d’aller aussi loin ensemble que cela nous est donné dans la mesure de nos moyens.

Parce que le Centre Ste-Ursule existe, l’œcuménisme a un lieu d’expression et d’exploration au quotidien sur la place fribourgeoise.


Version libre du Ps 103 : méditation de Sr Marie-Brigitte

Je veux chanter au Seigneur tant que je vis
Je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure.
Que mon poème lui soit agréable ;
Moi je me réjouis dans le Seigneur.

Les voilà les hommes et les femmes qui prient toute cette semaine.
Unis dans la main du Seigneur, ils guettent les signes d’ouverture et
les gestes de vie.
Les rencontres les renouvellent dans l’Esprit
et vivifient la fraternité.
Le Seigneur les a tirés de leur appartenance ecclésiale
pour les voir célébrer au-delà des fractures du passé,
au-delà des différences et des habitudes
au-delà des difficultés et des frontières.

Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Gloire au Seigneur à tout jamais !

Les voilà les jeunes qui circulent en ville,
leur pic-nic dans le sac.
Par dizaines, par vingtaines, ils trouvent leur abri
dans les salles de la Paroisse réformée et du Centre Ste-Ursule.
Les voilà les bénévoles, jeunes et adultes,
ils accueillent en souriant,
ils assurent la présence,
ils échangent quelques mots.

Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Gloire au Seigneur à tout jamais !

Les voilà les chercheurs de Dieu !
Ils donnent de l’espace au silence.
Ils sont en quête d’absolu
et font jaillir leur source intérieure.
Ils écoutent la Parole et la font vivre au cœur du monde.
Ils cherchent la vérité et construisent la paix.

Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Gloire au Seigneur à tout jamais !

 

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