Messe du 2e dimanche du temps ordinaire

 

 

Abbé Giovanni Fognini, à l’église St-Martin, Onex, GE, le 15 janvier 2006
Lectures bibliques : 1 Samuel 3, 3…19; Psaume 39; 1 Corinthiens 6, 13-20; Jean 1, 35-42
– Année B

« Jean-Baptiste posa son regard sur Jésus »

« Jésus se retourne et voit les deux disciples »

« Jésus posa son regard sur Pierre »

L’évangile de ce jour est tissé de regards : de l’homme sur le Christ, du Christ sur l’homme. J’aimerais m’émerveiller ce matin de tous ces regards ; et approfondir avec vous l’importance du regard dans notre vie et notre foi.

Vous savez comme moi combien nous sommes tributaires du regard dans notre quotidien :

Regard d’amour, offert et reçu, qui se traduit ensuite par mille et uns gestes de tendresse et par des paroles qui donne du goût à la vie

Regard de pardon, offert et reçu, qui me réconcilie avec moi-même, avec l’autre, avec Dieu

Regard de dignité, qui sait accueillir toute personne et reconnaître en elle une femme, un homme; mieux un enfant de Dieu.

Mais aussi ces regards de haine, de division, de mépris. Ne dit-on pas justement, dans ces cas : « tuer quelqu’un du regard » !

Le regard que le Christ a posé sur ses premiers disciples est le même qu’il pose encore aujourd’hui sur chacune, chacun d’entre nous. En méditant cette page d’évangile, j’ai mieux pris conscience de quoi est fait ce regard du Christ sur toute personne.

Première découverte : « Bonnard, je suis repéré ! » Si le Christ pose sur moi son regard, c’est qu’il m’a repéré. Dans notre monde, souvent si anonyme où nous risquons de n’être qu’un numéro, le Christ vient me révéler qu’il s’intéresse à moi. Je suis intéressant ! Cela me fait du bien de le savoir, de l’expérimenter. Tout simplement !

Et je découvre aussi que le regard du Christ sur moi me renvoie à mon désir le plus profond, le plus vrai. Il m’invite à me dire : « Que cherches-tu ? ». Le Christ ne veut pas m’enrôler, mais vient m’ouvrir un espace pour que je puisse me dire dans ce qui fait ma vérité, dire mes faims et soifs profondes.

Autre découverte : le regard du Christ sur moi m’invite à l’aventure, à prendre la route : « Viens et vois». Quelle belle proposition de foi ! Non pas des rites à faire, d’abord, ou des choses à croire, mais « viens demeurer avec moi ». Passer une bonne journée ensemble. Rien n’est dit sur le contenu de cette première journée. Sinon l’essentiel : « demeurer avec ». Entrer dans une relation personnelle, faire l’expérience de la présence.

Et une dernière découverte : le regard du Christ sur l’homme fait naître. Le Christ donne un nom nouveau à Pierre. Pierre re-naît. Grâce au regard du Christ, il découvre qui il est vraiment et quelle est sa vocation. Sa vie prend un goût nouveau, prend du sens.

Je nous invite à nous émerveiller devant ce regard du Christ sur nous ; d’en prendre conscience, de l’expérimenter dans le silence de la prière, de le laisser nous façonner jour après jour.

Car ma foi, ma vocation, mon engagement de chrétien reposent, sont précédés par ce regard d’amour et de tendresse du Christ, offert et donné gratuitement à chacun de nous.

L’évangile me rappelle aussi que, souvent, ce sont d’autres personnes qui m’aident à prendre conscience de ce regard du Christ sur moi. Les premiers disciples ont eu besoin du témoignage de Jean-Baptiste. Pierre a eu besoin de l’invitation de son frère André. Et dans la première lecture de ce jour, Samuel a eu besoin du prêtre Eli. Ce sont des témoins du regard de Dieu sur l’homme.

J’ai pensé à mes témoins à moi… qui m’ont révélé ce regard du Christ sur moi : mes parents d’abord, à divers prêtres, des amies et des amis chrétiens. Et à cet anonyme, qui en sortant du bus l’autre jour, m’a lancé un joyeux « Que Dieu vous bénisse ».

Bien sûr, je peux moi aussi devenir témoin de ce regard. De mille et unes façons différentes. Aujourd’hui, comme demain. Ou plus tard …

J’ai essayé de repérer dans ma vie quand j’ai été témoin de ce regard du Christ.

J’ai pensé à la célébration du baptême. Encore hier matin, de dire à cette petite fille appelée Nell : « Tu es toute entière sous le regard de Dieu. Il n’attend pas que tu aies tout compris pour te dire simplement : je t’aime, tu es ma fille bien-aimée »

J’ai pensé à tous ces moments-forts où j’ai la joie de vivre le sacrement des malades : avec beaucoup de tendresse et de respect, tracer le signe de la croix, le signe de l’amour sur une corps fragilisé, blessé, meurtri, en rappelant et en témoignant ce regard du Christ qui dit la dignité de toute personne, quel que soit son état.

J’ai pensé aussi à tous ces moments où une famille dit à-Dieu à un être cher.

Bénir ce corps avec cette certitude profonde et ces paroles du prophète Isaïe :

« Tu es unique pour moi, tu as du prix à mes yeux, et je t’aime, dit Dieu »

Quelle plus belle aventure de foi que de s’émerveiller de ce regard du Christ sur moi – et sur toute personne -, que d’en prendre conscience, de l’expérimenter jusqu’à en devenir témoin. N’est-ce pas là l’appel qui nous est lancé ce matin. Et notre vocation.

Alors, bonne route à chacun … sous le regard de Dieu !

 

 

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