Messe du 29e dimanche du Temps ordinaire – dimanche de la Mission

 

Père Alain Ancia, au Collège des Missions, Le Bouveret (VS), le 18 octobre 2009
Lectures bibliques : Isaïe 53, 10-11; Hébreux 4, 14-16; Marc 10, 35-45 – Année B

En une seule phrase, Jésus vient de définir sa mission et de tracer la voie de ceux qui voudront bien le suivre : « Le Fils de l’Homme est venu pour servir et libérer la multitude au prix de sa vie. »
Voici une de ces paroles essentielles, propres à nous introduire profondément dans le mystère de la personne et de la mission du Christ.

Jésus, qui pour se nommer s’attribue le titre de Fils de l’Homme, évoque par là un personnage qui, dans le chapitre 13 du livre du prophète Daniel, symbolise le chef du peuple des saints. Dieu a conféré à celui-ci un pouvoir universel et éternel sur les peuples. Cependant, Jésus déclare que cet illustre envoyé divin est venu pour servir et qu’il l’incarne lui-même.
Son pouvoir divin signifie pour les Juifs une toute puissance absolue du type de l’époque. Mais, servir, est-ce là la condition d’un roi ?

On peut comprendre que ces déclarations du pauvre itinérant Jésus de Nazareth engendrent étonnement et incompréhension pour ses contemporains.
Même ses disciples n’avaient encore rien compris, ne voyant en Jésus que le Messie-Roi qu’Israël espérait depuis si longtemps. Un jour, proche maintenant, il allait rendre manifeste son pouvoir. Aussi, deux d’entre eux, Jacques et Jean, lui demandent de les associer à l’exercice intéressant de sa future puissance. Ils voudraient siéger avec lui.
Malgré les trois annonces de la Passion, claires pourtant ! l’esprit du monde anime encore les apôtres et, une fois de plus, Jésus saisit l’occasion de parfaire leur formation. Etre mon disciple, c’est servir, leur dit-il. Voilà le chemin universel des fils de Dieu.

Cependant, servir Dieu ne se résume pas seulement à le reconnaître et l’honorer intellectuellement et spirituellement, c’est aussi collaborer à son œuvre d’amour.
Se mettre à son service n’a rien d’aliénant pour le chrétien, au contraire, là est l’expression de notre consentement à travailler pour l’établissement d’un monde où  les relations sont inspirées par le respect et l’amour fraternel des autres. Et Dieu sait qu’ils sont trop nombreux à en avoir besoin. Près de nous et dans les pays de la misère.
 « Soyez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » dira le Christ. Le premier à montrer l’exemple, provoquant l’élan missionnaire, fut saint Paul qui, selon l’expression célébre de Guy de Lariguaudie, le routier légendaire de Chamarande, suivit « l’étoile au grand large » pour dire Jésus-Christ jusqu’aux confins du monde. Ils furent bien nombreux, depuis à suivre cet exemple, cherchant ainsi à réaliser le vœu du Christ lui-même avant son Ascension : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création. » MC 16,15

C’est à nous tous ces missionnaires que nous pensons et pour lesquels nous prions particulièrement en Eglise ce matin, en ce dimanche de la Mission, en cette belle chapelle des Pères spiritains d’un collège qui fut le terreau de nombreux ambassadeurs de Dieu.
Ils sont allés partout, tenter de briser les chaînes des vieux esclavages pour annoncer le Dieu Amour et révélé par son Fils fait homme. Ils ont voulu dénoncer et abattre les idoles forgées par les peurs et l’imagination des hommes en proposant la paix et le pardon.
Ils ont servi et beaucoup le font encore.
Nous avons nous aussi à servir ou réapprendre à servir au nom de l’amour que Dieu a pour nous exprimé par la vie de Jésus. Voilà pourquoi le Fils s’est fait homme, Venu parmi nous en parfait serviteur de son Père afin qu’à notre tour nous le devenions. Voilà notre mission auprès de nos frères proches et lointains ; elle est la voie vers l’éternité bienheureuse auprès de Dieu.

L’extrait de l’épître aux Hébreux que nous venons d’entendre nous a rappelé la manière dont le Christ a servi le Père en lui rendant le culte parfait : le sacrifice de sa propre vie sur le bois infamant du Golgotha.
De même que la croix du Christ fut la signature de son don pour nous, le moyen parfait pour nous, maintenant, de nous y unir est cette eucharistie que nous célébrons. Elle nous donne de puiser à la source de la vraie vie. Nous y recevons la force de la foi pour être, partout, où que nous soyons, chacun à sa façon et comme il le peut, au service de notre Dieu à travers nos frères.
Car non ! On ne peut aimer le lavement des pieds.

 

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