Messe du 24e dimanche du Temps ordinaire

 

Abbé Henri Roduit, église Saint-Laurent, Riddes, le 13 septembre 2009
Lecture biblique : Isaïe 50, 5-9; Jacques 2, 14-18; Marc 8, 27-35 – Année B

«Chrétiens, écoutez !
J’avais faim et vous avez fondé un club à but humanitaire où vous avez discuté de ma faim.
Je vous en remercie !
J’étais en prison et vous vous êtes glissés à l’église priant pour ma libération.
Je vous en remercie !
J’étais nu et vous avez examiné sérieusement les conséquences morales de ma nudité.
J’étais malade et vous êtes tombés à genou,
pour remercier le Seigneur de vous avoir donné la santé.
J’étais sans toit et vous m’avez prêché les ressources de l’amour de Dieu.
Vous paraissez si pieux, si près de Dieu.
Mais moi, j’ai toujours faim, je suis toujours seul, nu, malade, prisonnier, sans toit.
J’ai froid »

Ce poème du Malawi (Cahier d’animation missionnaire des OPM Canada) nous donne une excellente actualisation de la lettre de saint Jacques : « Supposons que l’un de nos frères ou l’une de nos sœurs n’aient pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Mettez-vous au chaud et mangez à votre faim ! » et si vous ne leur donnez pas ce que réclame leur corps, à quoi cela sert-il ? »
 La foi ne saurait se réduire à de belles paroles. Elles sont creuses et mensongères sans la mise en pratique des commandements, commandement d’amour de Dieu et du prochain, sans une vie vécue « dans l’audace et l’adoration » pour reprendre les paroles du chanoine Gratien Volluz.

Mais ce poème du Malawi nous aide aussi à illustrer l’évangile de ce jour : Jésus ne saurait se contenter de belles paroles.
Pierre a découvert que Jésus est le Messie. Mais le Messie auquel il pense est un Messie glorieux, un grand roi plus puissant que David et Salomon, qui restaurerait la gloire de son peuple, rétablirait le Grand Israël, mettrait de l’ordre dans le pays et établirait la prospérité.
Jésus reconnait qu’il est bel et bien le Messie mais d’une tout autre manière. Il sera le Messie Serviteur souffrant annoncé par le prophète Isaïe. Venu pour servir, il rencontrera une violente hostilité et subira les humiliations et les coups, cependant il gardera confiance en Dieu, en sa présence bienveillante et toute puissante même au plus profond de la nuit, à l’heure de la mort sur la croix. « Pour la première fois, Jésus leur enseigna qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué et que trois jours après, il ressuscite. »
« Il fallait » dit Jésus. « Il fallait » non par une décision venue du ciel, comme si Dieu était responsable,  mais pour être fidèle à l’amour du Père, pour aimer jusqu’au bout, pour vaincre jusque sur la croix la haine par le pardon, pour rompre la chaîne de la violence, pour révéler jusqu’où va l’amour du Père.

Comment pouvons-nous être disciples de ce Messie souffrant qui se révèle pleinement par sa Passion et sa Résurrection, ce Messie soucieux de chaque homme de son temps, en particulier des plus petits, des étrangers, des marginalisés… ?

Premièrement en nous rappelant que le souci du matériel pour soi-même n’est qu’une chose très matérielle ; mais que le souci du matériel pour le prochain est une chose très spirituelle. Ceci s’applique à toutes les aides individuelles que nous pouvons apporter mais aussi au souci des plus faibles lors de votations sur l’AI ou sur d’autres assurances sociales.

Deuxièmement en soignant la qualité de nos relations humaines, en particulier avec les personnes âgées, isolées, déprimées.

Troisièmement en témoignant de notre foi dans la Mort et de la Résurrection du Christ, 
dans sa puissance de résurrection au cœur de la vie des hommes d’aujourd’hui en particulier lors de contacts avec des gens qui ont perdu sens à la vie.

Chrétiens, rappelons-nous quand il devient difficile de témoigner de la paix, de la justice et  du partage, quand nous sommes tentés par un repli stratégique, rappelons-nous que le Christ ne s’est pas payé de mots mais qu’il a payé de son sang. 

Amen

 

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