Messe du 12e dimanche ordinaire

 

Chanoine Olivier Roduit, à l’abbaye de Saint-Maurice, VS, le 25 juin 2006
Lectures bibliques : Job 38, 1-11; 2 Corinthiens 5, 14-17; Marc 4, 35-41 – Année B

Oui, frères et sœurs, chers amis ils ont dû en tout cas être bien déstabilisés par ce qui leur arrivait. Ces disciples avaient embarqué pour une traversée sans histoire. Leur journée de travail apostolique était terminée, ou du moins ils le croyaient. Jésus avait parlé à la foule en paraboles et il avait tout expliqué en détail aux disciples.

Il s’agissait alors de passer sur l’autre rive, de quitter les soucis immédiats de la mission pour prendre un peu de repos, plus loin, de l’autre côté de la mer. Pour ces gens dont plusieurs étaient des pêcheurs professionnels, cette traversée n’aurait dû causer aucun souci particulier.

  Mais voici que survient la tempête !
Voici que tout ce qui avait été planifié est bouleversé !
Voici que la crise arrive et que des puissances hostiles se manifestent !

Pour nous, en cette chaude fin juin, la mer nous évoque les vacances et l’insouciance. Mais pour les gens de la Bible, elle est le lieu d’où sortent les puissances hostiles à Dieu et à l’homme. La mer fait peur. Et c’est Dieu seul qui peut imposer sa loi aux flots monstrueux et sauver les hommes de la tempête. La première lecture l’a bien dit, Dieu enveloppe la mer de nuages pour lui servir de langes, Dieu arrête l’orgueil des flots. La Bible affirme donc — et c’est intéressant de nous le rappeler — que malgré tout le chaos de la Terre, le Seigneur a toujours la maîtrise parfaite des événements.

Mais revenons sur cette barque au milieu de la mer en furie. Les disciples sont terrorisés. Jésus est leur seul espoir de salut; mais cependant ils attendent qu’il les sauve d’une manière normale, humaine et non pas divine.

Comment puis-je affirmer cela ? Tout simplement parce que l’évangéliste Marc a pris la peine de donner une petite indication apparemment anodine. Lorsqu’ils avaient embarqué, il est dit qu’ils ont emmené Jésus « comme il était ». « Comme il était » et non pas comme ils pensaient qu’il était. Et nous allons voir que leur surprise sera grande !

« Comme il était » ; cela signifie que sans trop sans douter, ils ont embarqué le fils de Dieu capable d’arrêter l’orgueil des flots. Mais les disciples croyaient avoir avec eux un homme, certes extraordinaire, mais rien qu’un homme !

Et lorsqu’au milieu de la tempête, ils se sentent perdus et abandonnés, leur unique salut repose dans ce prédicateur qui dort au fond de la barque.

Ils réveillent donc Jésus pour qu’il les sauve à la manière des hommes… Et voilà que Jésus les sauve à la manière de Dieu… « comme il était ! »

Ce qui effraye les disciples, c’est bien plus le calme soudain que cette tempête furieuse ! Ils réalisent alors être en présence de « ce Dieu inconnu qui est présence aux nuits de notre histoire, ce Dieu qui fait poindre en nos ténèbres l’espérance. Et Dieu vient briser les forces de la mort. De leurs yeux, ils ont vu le Dieu inconnu. » (D’après le chant d’entrée Dieu inconnu, L 196).

Oui, frères et sœurs, Dieu est celui qui nous surprendra toujours ! Celui qui viendra nous sauver d’une manière surprenante : Laissons-nous surprendre !

Au cœur de nos existences, nous sommes parfois confrontés à des tempêtes terribles, à des puissances hostiles qui nous déstabilisent.

Et nous crions alors vers Dieu en espérant une solution humaine ! Mais quoi de plus normal que Dieu vienne nous sauver… divinement ?

Il y a dans cet évangile une invitation à faire toujours confiance à Dieu lorsqu’il nous faut passer sur l’autre rive, passer la mort, traverser des crises ou affronter l’inconnu.

Tout, dans notre société, nous pousse à vivre de manière superficielle, à glisser d’un plaisir à l’autre.

Tout nous pousse à zapper sans trop réfléchir. Et dès qu’une difficulté grave arrive, c’est la déprime ou la fuite en avant.

Je vous propose de vivre une autre dimension, de découvrir la profondeur des choses, de la vie. De savoir utiliser tous ces malheurs qui nous empêchent de surfer de plaisir pour laisser Dieu se révéler dans toute sa divinité.

Saint Paul nous invite aussi à ce saut dans la foi lorsqu’il proclame que les vivants sont ceux qui n’ont plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui qui est mort et ressuscité pour nous !

La réponse à notre prière sera toujours du domaine de la foi !

Prenons donc toujours avec nous le Christ « comme il est » — et non comme nous croyons qu’il est — et laissons-le nous surprendre.

Bonne traversée !

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