Messe du 11e dimanche ordinaire

 

 

Abbé Patrick Werth, à l’église St-Pierre, Porrentruy, le 13 juin 2004.

Lectures bibliques : 2 Samuel, 12,7-13; Galates 2, 16-21; Luc 7, 36 – 8,3

Mettons-nous à la place du pharisien. Nous sommes quelqu’un de respecté et de respectable. Nous invitons une personne de passage que nous admirons. Nous mettons les petits plats dans les grands et au meilleur moment une femme à problèmes fait irruption dans la pièce. Il y a de quoi être furieux. Et surpris si l’invité commence à s’intéresser à l’intruse plus qu’à nous. Notre désapprobation et notre surprise se lisent sur notre visage.

 

Qui de nous n’a pas admiré l’abbé Pierre ou Sr Emmanuelle ou le Dalaï-Lama et qui -confronté à une situation concrète- ne sait pas vraiment accueillir, limités que nous sommes par nos habitudes, nos peurs ou nos fatigues?

 

Mettons-nous donc à la place du pharisien, avec nos propres limites et regardons ce qui se passe.

Une femme ose montrer toute son humanité au point de laisser tomber le masque des apparences. Elle vit un moment extrêmement fort qui est probablement un mélange de doutes et de certitudes. Doutes sur sa vie, doutes sur elle-même et -en même temps- intuition que celui qui est couché devant elle et qu’elle se permet de toucher, que celui-là ne la rejettera pas.

Elle a raison. Non seulement il ne la rejette pas, mais il lui dit une parole qui l’accueille et qui la relève. C’est pourtant intéressant de constater le peu de mots que Jésus lui adresse. Peu, mais essentiels.

Entre le pharisien et la femme qui nous ressemble probablement aussi est placé quelqu’un qui fait le lien: Jésus!

Il s’est volontiers laissé invité à dîner comme il a accepté de se laisser toucher, mais il ne correspond pas à l’image que son hôte se fait de lui. C’est peut-être encore valable aujourd’hui. Le Christ accepte de venir à notre table; il se laisse toucher, mais il reste quelqu’un de surprenant.

Pourquoi? Est-ce que le monde actuel n’a pas besoin de valeurs sûres, de certitudes? Jésus nous en offre, mais elles sont sans cesse au service de la vie et la vie n’est jamais immobile. Quand nous sommes à la recherche d’accueil et de compréhension, il est là; quand nous sommes prisonniers de nos habitudes, il pose les bonnes questions. Le Christ est le chemin qui nous permet de quitter une situation de vie pour en accueillir une nouvelle.

Et qui de nous n’a jamais dû partir? Quitter un amour, l’adolescence, une situation professionnelle, la santé? Qui de nous n’a jamais dû abandonner ses certitudes ou son confort? Mais comme le Christ dit à l’homme sûr de lui sa préférence pour la pécheresse, il nous dit qu’il est avec nous sur nos chemins de transformation. Amen

 

 

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