Messe du dimanche des Rameaux/Passion

Abbé Jean-François Luisier, à l’église Saint-Germain, Savièse, le 1er avril 2012
Lectures bibliques : Isaïe 50, 4-7; Philippiens 2, 6-11; Marc 14,1 -15,47 – Année A

 

Meditation – personnage de Pierre
Mes amis, c’est vrai, il faisait des miracles, surtout des guérisons, mais au moment décisif où il aurait fallu prouver qu’il était l’envoyé de Dieu, sur la croix, ce fut le silence de Dieu, silence qu’il accepta de partager avec tous ceux qui souffrent.
Les disciples avaient peine à comprendre que Jésus soit un messie pauvre. Ils espéraient peut-être qu’il changerait les conditions sociales ou politiques du moment, ils ne saisissaient pas qu’il était venu d’abord arracher le mal à la racine.

Jacques ! Jean ! et surtout toi Pierre, tes yeux sont alourdis, tu t’en poses des questions ? Pourquoi avoir suivi ton frère ? N’aurait-il pas fallu garder des filets en réserve ? Te voilà dans de beaux filets…. Pierre ! tu serais capable de fuir, de le renier, de ne pas aller jusqu’au bout ?
Tu as ce visage de l’Eglise d’hier et d’aujourd’hui endormie parfois, barque à la dérive, et nous le sommes à chaque fois que sonne l’indifférence dans nos vies, celle qui nous fait somnoler devant la souffrance, sans réaction, peut-être parce qu’il y a saturation, trop d’information, trop d’émotion et si peu de recul, …

Allons Pierre, réveille-toi, avec toute l’Eglise qui va naître de toi… Celui que tu croyais si fort, si puissant, a besoin de l’homme si faible et si fragile. Lorsque tu es faible, c’est alors que Dieu est fort en toi, demande-le à Jean, « Dieu est amour », et l’amour se penche toujours plus bas….
Meditation – Personnage du Soldat
Hé soldat, hé ! tu as vu la foule, tu as vu comme elle a changé. Tu avais de la peine à la contenir à deux pas d’ici lorsque cet illuminé entrait dans la ville de ton gouverneur Pilate. Et maintenant…tu vois comme elle a changé, comme elle se retourne… ah ! les foules ah! la rumeur quand elle emplit… Tu as donc maintenant le sale bouleau, crucifier cet homme. C’est le mystère du mal et de la souffrance qui rôde ? Y es-tu pour quelque chose ?
Que vas-tu faire, soldat ? Tu fais le mal que tu ne voudrais pas faire, et tu ne fais pas le bien que tu voudrais faire ? Est-ce cela qui t’habite, comme chacun de nous ? n’es-tu pas crucifié toi aussi, toi avant Lui ! Partagé, écartelé…Le combat est en toi, ce drame se joue en toi…

Et si cet homme hué conspué t’attendait au pied de sa croix, connaissait ta croix, ce qui te crucifie, alors fais confiance à la petite voix, avance, fais ton boulot, mais avance et garde ton cœur docile ! Peut-être qu’au pied de la croix, qu’au bout du supplice, tu entendras des paroles comme jamais qui se solidarisent avec tout homme de toute souffrance en toutes conditions ? Tu en fais partie, non ? Allez, va, fais ta besogne, l’heure avance, l’heure arrive, celle aussi de ton acte de foi ! Cet homme qui aime jusqu’au bout n’est-il vraiment pas le Fils de Dieu ?

Meditation – personnage de Marie-Madeleine
Frère Aloys de Taizé écrivait aux jeunes tout récemment : En acceptant la mort violente sans répondre par la violence, Jésus a porté l’amour de Dieu là où il n’y avait que la haine. Sur la croix, il a refusé le fatalisme et la passivité. Jusqu’au bout il a aimé et, malgré le caractère absurde et incompréhensible de la souffrance, il a gardé confiance que Dieu est plus grand que le mal et que la mort n’aura pas le dernier mot. Paradoxalement sa souffrance sur la croix est devenue le signe de son amour infini.

(s’adresse à Marie-Madeleine)
Marie de Magdala, ton regard est bien bas, tes larmes tombent si amères, sur vous toutes les femmes, la nuit est tombée….
Oseras-tu croire à tous les possibles ? Et si Dieu te choisissait entre toutes les femmes, entre tous les apôtres pour porter une bonne nouvelle ? Tu l’ignores encore ! Mais Celui qui a re-suscité du bonheur dans ta vie ne serait-il pas capable de plus encore ? Ce parfum, même le peu qu’il en reste… je crois bien que c’est ta confiance, la confiance des humbles et des petits au pied de chaque croix, dans chaque situation, en toute circonstance. Marie-Madeleine d’hier et d’aujourd’hui, plus que jamais notre Eglise a besoin des blessés de la vie et de l’amour pour annoncer que la vie est plus forte que tout, qu’il ne faut jamais se décourager…

Notre monde attend ce parfum d’espérance, personne ne doit garder pour soi !

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