Messe du 8e dimanche ordinaire

 

Abbé Francis Kolly, à l’église St-André, Onnens, FR, le 25 février 2001.

Lectures bibliques : Siracide 27, 4-7; 1 Corinthiens 15, 54-58; Luc 6, 39-45

C’est carnaval dans nos pays de tradition catholique. Lorsque j’étais enfant, j’aimais porter un masque car je devenais un autre personnage et l’on ne me reconnaissait pas. Oui, on s’amusait bien avant d’entrer dans le temps du Carême.

Or, aujourd’hui dans cette page d’évangile que nous venons d’entendre, frères et sœurs, Jésus nous déclare : Si vous voulez être mes disciples, que ce soit carnaval ou pas, ne portez pas de masques, soyez vrais avec vous-mêmes et portez sur vos frères le même regard que mon Père porte sur vous. C’est un regard de tendresse et de bonté. Et pour se faire, la première démarche à entreprendre c’est de voir avant tout le positif chez votre frère. Dieu sait si c’est difficile !

Un exemple : nos chœurs ont très bien chanté. Mais à un moment donné, il y a eu un canard. Alors que va-t-on dire : « C’était bien mais dommage qu’il y ait eu cette fausse note ». « Si dans mon ménage je rencontre des difficultés, c’est la faute à mon mari, à ma femme, à mes parents ou à mes enfants, mais rarement la mienne. Pour que cela aille mieux, il faudrait que les autres changent mais pas moi ». Or, Jésus a raison de déclarer : Enlève la poutre qui est dans ton œil et alors tu pourras ôter la paille dans l’œil de ton frère. Regarde d’abord ce que tu peux et dois changer en toi et tu pourras aider ton frère à devenir meilleur.

Il est un cantique que nous chanterons très probablement durant ce temps du carême. « Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle, changez de vie, croyez que Dieu vous aime ». Ce chant doit raisonner dans notre cœur comme un appel que Jésus nous adresse personnellement. Oui, chacune, chacun d’entre nous doit changer son regard et son cœur pour ressembler un peu plus à celui que Dieu porte sur nous. Ce sera peut-être notre entraînement durant le temps du Carême. Prions souvent l’Esprit saint pour qu’il nous apporte sa lumière et sa force.

Et alors, nous pourrons porter et apporter d’excellents fruits à nos frères. C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre, nous rappelle aujourd’hui Ben Sirac le Sage. Et Jésus nous dit tout simplement qu’on reconnaît l’arbre à ses fruits. Même si, en cette période de l’année, on taille les arbres, on peut et on doit tous les jours porter de bons fruits. Et l’apôtre Paul nous les énumère : Les fruits de l’Esprit sont amour, joie, paix, patience, bonté, foi, douceur et maîtrise de soi. Rappelons-nous également que pour porter de bons fruits, un arbre doit avoir des racines solides que Lothar ne parviendra pas à arracher.

S’il est un homme qui était enraciné dans la foi et l’amour de la beauté, c’est bien notre cher abbé Joseph Bovet qu’il ne faut pas confondre avec José Bové, le champion de l’anti-mondialisation. Son rayonnement était si grand dans notre pays de Fribourg et en Suisse qu’un beau jour ma mère m’a dit : « Qu’est-ce que tu en penses : on va canoniser l’abbé Bovet ». Je lui ai répondu qu’il chantait désormais avec le chœur des anges et que nous avions à cultiver les graines qu’il a semées dans nos sociétés chorales.

En cette période de Carême qui va bientôt commencer, prenons le temps de regarder le prochain comme un frère, prenons le temps de l’aimer comme Jésus nous le demande et ainsi nous porterons de très bons fruits. L’abbé Bovet a su cultiver la beauté et la fidélité à son Eglise et à sa terre, à nous de prendre le relais et de lui dire : « Il y a cinquante ans que tu nous as quittés, mais ton souvenir est encore vivant dans nos cœurs, nos voix et nos chants. Et la victoire sur les forces du mal que tu as remportée, nous aussi, nous espérons la remporter et te rejoindre dans le Royaume de l’amour et de la joie ».
Amen.

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