Messe du 7e dimanche de Pâques

 

Chanoine Jean-Paul Amoos, abbaye de Saint-Maurice, le 5 juin 2011
Lectures bibliques : Actes 1, 12-14; 1 Pierre 4, 13-16; Jean 17, 1-11 – Année A

 

Mes sœurs, mes frères, chers auditeurs,

Vous connaissez peut-être cette merveilleuse histoire d’une prière en famille : une fillette avec papa et maman.
La journée s’achève, il est temps d’aller au lit. Près de l’espace de prière la petite commence :
Bonsoir Marie, bonsoir Jésus…
Je t’aime Marie, je t’aime Jésus…
puis se tournant vers le papa… et toi papa, tu ne dis rien ?
Si, dit le papa et il commence : bénissez la famille, bénissez nos amis…
Non, pas comme ça dit la fillette…
Alors qu’est-ce que je dis ?
Tu dis d’abord bonsoir…  Merci ma petite.
Bonsoir Marie, bénissez la famille…
Non ! c’est pas ça… tu leur dis d’abord que maintenant tu les aimes…
Bonsoir Marie, bonsoir Jésus, je vous aime… (craignant encore une erreur, le papa s’arrête là).
Mais sa petite fille continue, maintenant papa, tu peux leur dire tout ce que tu veux…

La prière est un état, un temps de relation, de conversation avec le Seigneur, une conversation qui se prépare.
L’histoire de la prière en famille que nous venons d’évoquer peut nous aider à entrer dans la merveilleuse prière extraite du chapitre 17 de l’Evangile de saint Jean. Celle-ci n’est pas seulement une effusion du Coeur de Jésus devant son Père, elle est aussi la plus intime durant laquelle le Fils offre à ses apôtres d’assister à sa conversation toute filiale et confiante avec son Père. Là ils apprendront combien ils lui sont chers. Au cœur de cette prière sacerdotale, Jésus prêtre prépare le don de sa vie pour la gloire du Père et le salut du monde.

On peut retenir trois aspects fondamentaux de cette prière :
premièrement, qu’elle est décentrée, toute tournée vers le Père,
deuxièmement, qu’elle est engagée, au service d’une mission,
troisièmement, que c’est une prière aimante pour tous ceux qui lui sont confiés.
Comme la fillette qui disait bonsoir à Jésus et à Marie, Jésus, débute sa prière, les yeux tournés vers le Père. Il est frappant de découvrir dans l’Évangile cette attitude constante de Jésus qui se tourne vers le Père, ce Père qu’il appelle d’ailleurs  « Abba »; « Papa » ce Père dont il parle avec tendresse.
Le chrétien qui prie est invité lui aussi à se tourner vers le Père, car le chrétien a un Code de nationalité bien précis, il est Fils de Dieu. Dans sa prière, il est invité à activer cette relation : père – fils. Conscient de cet amour échangé, le chrétien ne peut reléguer Dieu au rayon de l’accessoire, au casier du superflu… La prière est le fruit d’une relation. Prier, c’est se décentrer. La prière doit se décentrer jusqu’à murmurer : « Père, je te rends grâce, parce que tu es Dieu ».

Si la prière de Jésus est une prière décentrée, elle est aussi une prière engagée.
« Père glorifie ton Fils, afin que ton Fils Te glorifie ».
A première vue, on pourrait croire, que la prière du Christ est intéressée… Non, Jésus ne demande aucun vedettariat…
« Glorifie-moi », veut dire : « donne-moi de réaliser ma mission de Sauveur… donne-moi le courage de monter sur cette Croix, où je serai de fait glorifié, exalté, à la face du monde, mais à quel prix ! Donne-moi de réaliser ton plan de salut pour l’humanité. La réussite de ma mission sera Ta glorification, cette gloire que le monde ignore, mais que moi je connais.

Le chrétien est invité à la prière pour réussir sa vie selon le rêve de Dieu… pour réaliser pleinement sa vocation de père, de mère, d’époux, de malade…
Comme nous aimerions que Dieu soit fier de nous… fier de ses enfants adoptifs, comme il le fut de son Fils, le Christ…
La prière du Christ est une prière décentrée, une prière engagée, une prière aimante pour tous ceux qui lui sont confiés.
« Je prie pour eux; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés ».
Avant de mourir, le Christ prie avec une infinie tendresse  pour ses apôtres qui ont répondu à son appel. Père, tu me les as confiés, je m’en sens responsable, ne permets pas qu’ils se perdent. Je prie pour qu’ils ne soient pas du monde, mais qu’ils soient au coeur du monde, pour y faire germer Ton amour.
Le Christ prie pour nous aussi… qui, a notre humble place, continuons l’oeuvre des apôtres et transmettons le message évangélique. Prière bouleversante si nous la relisons lentement, en pensant que nous étions et que nous sommes dans sa prière.

Prions comme lui pour tous ceux qui nous sont confiés.
Saint Jean Chrysostome disait : « Prier pour soi-même, est un instinct de nature; prier pour les autres est un instinct de grâce ».
Demandons cet instinct de grâce en cette semaine qui nous prépare à la Pentecôte, retirons-nous dans notre cénacle intérieur. En relisant cet Évangile du 7ème dimanche, regardons prier Jésus et disons comme le curé d’Ars : « Lorsque je prie, je me représente Jésus priant son Père « .

 

 

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