Messe du 5e dimanche de Pâques

 

Abbé Bernard Schubiger, église de Polliez-Pittet, le 6 mai 2012
Lectures bibliques : Actes 9, 26-31; 1 Jean 3, 18-24; Jean 15, 1-8 – Année B

Frères et sœurs, la grâce peu davantage.
La vigne et le vigneron : allégorie du véritable accompagnement spirituel d’une saine et authentique mystique chrétienne.
Voilà comment pourrait s’intituler cette homélie.

Quel est le fondement de l’Eglise ? avec un grand E
Ce n’est ni la démocratie, et pourtant nous sommes en Suisse, ce n’est ni la hiérarchie, qui nous relierait je ne sais comment directement au ciel, encore moins la royauté.

Le fondement de l’Eglise, et c’est la première lecture qui nous le rappelle, c’est la conversion. Paul a dû se convertir pour devenir l’avorton des apôtres, comme il se nommait. Et l’intégration de cette conversion est à faire tout au long de notre vie. Pas seulement au début, à travers le baptême, mais tout au long de notre vie. Pas seulement à travers la catéchèse et la confirmation, mais tout au long de notre vie. C’est le passage des paroles et des discours, en actes et en vérité, comme nous invite à le faire saint Jean dans la deuxième lecture. Et pour cela il y a un moyen que la sainte mère l’Eglise  nous offre : c’est l’accompagnement spirituel, qui est, comme le dit le début de l’Evangile d’aujourd’hui, le passage de ce monde, et il n’y a qu’un seul et unique monde, le monde réel dans lequel nous vivons, le nôtre, le passage de ce monde à notre Père, puisque nous reconnaissons tous par notre baptême que nous venons du Père et que tous par notre sainteté nous sommes appelés à retourner auprès de notre Père.

Lorsque j’ai réfléchi comment expliquer  à des confirmands l’accompagnement spirituel, tout à coup je vois un miroir. Je me dis : je vais prendre un miroir et le présenter à chacun de ces jeunes en leur demandant : qu’est-ce que tu vois ? Et voilà que tout à coup une fille, je crois bien qu’elle se nommait Aurore,  c’est tout un programme, dit : « je vois le visage de Dieu » et gênée elle éclate de rire. Elle avait tout compris. L’accompagnement spirituel au sens littéral c’est de nous permettre de voir le visage de Dieu à l’œuvre en nous. Tous par notre baptême, nous sommes invités à devenir un reflet du visage de Dieu. Nous ne sommes pas Dieu pour les autres, ce serait une hérésie, que j’ai failli commettre dans une homélie d’enterrement, mais heureusement mon confrère pasteur m’a corrigé.
L’accompagnement spirituel, c’est de faire découvrir cette présence de Dieu dans le plus ordinaire du quotidien de notre vie.
« Tout sarment qui donne du fruit, Dieu le Père, dans son infinie sagesse, lui qui est le vigneron,  le nettoie, pour qu’il en donne davantage » (Jean 15,2a).
La grâce peut davantage, c’est le titre, d’un livre (André Louf, La grâce peut davantage. L’accompagnement spirituel, Septembre 2005) que je vous recommande vivement. André Louf, dans ce livre, développe la diversité de l’accompagnement et des spiritualités.

Une parabole est une comparaison pour nous faire découvrir à travers la nature ou/et l’histoire des hommes, quelque chose de la vie de Dieu avec les hommes.
Par contre une allégorie est une comparaison où chaque élément est porteur de sens. Ainsi à travers cette histoire de la vigne et de son vigneron Dieu nous fait découvrir en profondeur ce que peut devenir l’accompagnement spirituel, lorsque nous le vivons tout au long de notre vie. Peut-être devrions-nous reconnaître que pour être tout simplement un baptisé digne de ce nom, fécond de la fécondité de Dieu, il est indispensable de vivre d’une manière ou d’une autre cet accompagnement.

1° Au sens littéral l’accompagnement c’est ce qu’ont vécu les 2 disciples en marche vers Emmaüs. Voilà que Jésus est avec eux et ils ne le reconnaissent pas. Souvent l’accompagnement commence par ce cheminement, ce compagnonnage, qui n’a même pas le nom d’accompagnement. On vient d’enterrer un de mes confrères l’abbé Georges Beaud, qui faisait cela admirablement bien dans sa ferme « des sots » à Hauteville, sans avoir de titre.

2° Ensuite il y le directeur de conscience qui nous fait découvrir que l’accompagnement c’est aussi nécessaire, lorsqu’on a besoin d’intégrer de manière plus claire les exigences de la foi et de l’Evangile dans notre conscience. C’est le vigneron qui émonde et nettoie.

3° Le directeur spirituel fait référence au Christ, il nous éduque et nous forme dans la vie spirituelle et mystique. Il nous apprend à « demeurer ». Ce verbe « μενειν » (menein en grec), est une clef pour comprendre l’évangile de Jean. Il signifie l’intimité profonde qui règne dans la Trinité, entre le Père, le Fils et l’Esprit-Saint. Intimité dans laquelle nous aussi nous sommes invités à entrer.
Pour vivre cette intimité, le Jésus de saint Jean nous invite à :
– demeurer dans la Parole
– demeurer dans les commandements en y étant fidèle au quotidien
– de faire de notre cœur une demeure pour Dieu, afin que Dieu demeure en nous
et ainsi de suite…

4° Et enfin pour nous nouer la gerbe, il y a le père spirituel qui nous fait entrer dans une relation d’amitié. Ce qui pouvait encore être une dépendance de service (ordre et commandement) devient une relation d’amitié, puisqu’il n’y a plus rien de caché, comme nous le dit le Jésus de saint Jean ailleurs dans son Evangile.
L’accompagnement spirituel nous l’avons vu dans cette allégorie est indispensable pour porter du fruit. Puisque le Jésus de Jean nous dit qu’il n’y a plus rien de caché.
L’accompagnement spirituel nous l’avons vu dans cette allégorie est indispensable; puisque Jésus nous dit que seuls les sarments restés greffés sur le cep portent du fruit. Les sarments qui laissent couler la sève de l’Esprit, pourront porter du fruit, un fruit abondant et qui demeure.
Ainsi l’accompagnement spirituel est d’abord une grâce à demander. C’est peut-être la grâce que nous pourrions demander tous ensemble, nous tous rassemblés dans cette église, ou à travers les ondes.
Et puis bien sûr il faut faire un choix, choisir un accompagnateur, cela demande un discernement, pour bien choisir, dans la préférence et la perfection de l’amour. Pas forcément un prêtre, j’ai été accompagné de longues années par une religieuse. Et je peux témoigner de tout ce que peut nous apporter cette manière maternelle d’accompagner le prêtre que je suis.

Ainsi frères et sœurs, à travers cette allégorie de la vigne et de son vigneron, nous sommes invités à découvrir, redécouvrir ou approfondir, le véritable accompagnement spirituel il nous fera entrer dans une spiritualité qui est une vraie et authentique mystique chrétienne,
parce qu’elle nous mettra au cœur de l’homme,
au cœur de l’unique monde, qui est le nôtre,
au cœur de la réalité la plus ordinaire,
en nous faisant découvrir l’extraordinaire de Dieu.
AMEN

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *