Messe du 4ème dimanche de Carême

 

Un Dieu au coeur de Père, plein de tendresse et de miséricorde

 

Abbé Léon Chatagny, à l’église Notre-Dame, Payerne, le 25 mars 2001.

Lectures bibliques : II Corinthiens 5, 17-21 ; Luc 15,1…32

Comme nous ce matin, les personnages de la parabole de ce jour se sont levés tôt :
– le fils cadet décidé à retourner à la maison,
– l’aîné, trop seul et trop peu récompensé pour les travaux de la maison,
– le père soucieux d’accueillir son fils qui revient et heureux de préparer la fête de famille.

J’aime bien l’histoire du père et de ses deux fils. Elle nous montre le cœur de ce père. Elle montre aussi la place que tient l’argent dans la vie de ces deux fils.
Avec un groupe d’enfants du catéchisme, nous avons réfléchi et préparé cette homélie. Nous parlerons donc à plusieurs voix.

Qu’est-ce qui vous surprend dans cette histoire ?
– Le fils cadet a du culot de demander sa part d’héritage. On fait le partage quand on sent venir la mort. Pourquoi le père a donné l’argent ?
Je pense qu’il voulait respecter son fils, il voulait son bien. Il a dû penser : « Tu veux ta part, prends-la. Tu n’as plus 8 ans ou 12 ans, tu es grand, tu es libre, c’est ta vie, je te fais confiance ! »
Et que pensez-vous de ce fils qui a dépensé tout son argent ? Il travaille chez un paysan, il n’a rien à manger. Il aurait bien voulu se contenter de la soupe des cochons, mais on ne lui en donne même pas. A sa place, auriez-vous osé retourner à la maison ?
– Je ne serais pas retourné, j’aurais eu honte. J’aurais été ailleurs chercher du travail pour pouvoir manger.
Mais, ce fils devait savoir que son père était un vrai père, qui ne met jamais quelqu’un à la porte, un père qui pardonne. Alors, il s’est dit : « Je vais tenter ma chance, je vais retourner à la maison, même pour être le dernier des domestiques. »

Ce fils cadet, qu’est ce qu’il a fait de son argent ?
– Il a dépense son argent avec des femmes.
Qui dit cela ?
– Le fils aîné, mais on est pas sûr que ce soit avec des femmes. Il dit cela parce qu’il est un avare. Cet argent est celui de la famille. Il regrette cet argent dépensé pour rien. Il aurait voulu l’avoir tout pour lui.
Vous avez déjà fait l’expérience de dépenser de l’argent pour des futilités ?
– Il m’est arrivé d’acheter des choses inutiles, simplement parce que j’en avais envie, parce que je les ai vues à la télévision ou parce ce que mes copains les possédaient. Quand je fais ces bêtises, je me fais gronder par mes parents. Le fils cadet lui, ose revenir à la maison après des choses plus graves et le père l’accueille, lui pardonne et prépare une fête. Ça je ne comprends pas.

Son frère aîné non plus ne comprend pas et il ne veut pas participer à la fête. Pourquoi, à votre avis ?
– Il est en colère et il est jaloux. Il se dit : « C’est pas juste ! mon frère a fait des bêtises et il est fêté au retour avec de beaux habits, de la musique et un bon repas, tandis que moi qui ai toujours bien travaillé à la maison, jamais je n’ai pu faire la fête. »
Vous vous rappelez les paroles du père : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, tout ce qui est à moi est à toi! » N’est-ce pas une fête d’être toujours avec son père ? Et il ajoute : « Il fallait bien être joyeux et faire la fête, puisque ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie! Il était perdu, et le voilà retrouvé! » Quel merveilleux père qui veut le bien de ses deux enfants !

A qui vous fait penser ce père ?
– A Dieu. Il est plein de sagesse, il donne sa chance à tous, il ne fait pas de préférence. Dieu même les voleurs, il les respecte. Quand on a un peu exagéré, il pardonne, il peut nous dire : « Je te redonne ta chance, tu peux recommencer à zéro. » C’est le cœur de Dieu, un cœur plein de tendresse et de miséricorde.

A qui vous fait penser le fils cadet, dans notre vie actuelle ?
– A un jeune fugueur, à un sale gamin, ou à quelqu’un qui profite du bien des autres, un voleur.
Et quand il est dans la misère, il fait aussi penser à des clochards, à des victimes de la guerre. On en trouve chez nous, mais surtout dans des pays pauvres, en Afrique, en Asie.

Dans notre monde, le fils aîné fait penser à qui ?
– A des gens qui sont jaloux des autres, qui veulent tout accaparer et garder pour eux. A des égoïstes au cœur étroit qui ne connaissent ni l’amour, ni la miséricorde.. A certains présidents de pays pauvres, qui exploitent les gens. A ceux qui ne réfléchissent pas assez au partage.

Et la fête, qu’est ce qu’elle peut nous dire, aujourd’hui ?
– Dieu souhaite la paix, la joie, l’amour pour tous les gens de la terre. Qu’il y ait moins d’égoïsme et plus de partage ! Qu’on ne fasse pas de différences entre les noirs, les blancs, les chinois et les autres. Mais qu’on respecte les différences, car si on était tous pareils, tous comme le fils aîné ou tous comme le fils cadet, ça n’irait pas.

La fête que vous imaginez selon le cœur de Dieu fait revivre en moi un grand souvenir : la fête diocésaine du 4 juin 2000 à Fribourg. Beaucoup de payernois y ont pris une part très active. Une fête qui a permis de célébrer l’espérance, née d’une grande aventure. En effet, durant deux ans et demi, une assemblée a réuni 120 délégués venant des cantons de notre diocèse Genève, Vaud, Fribourg et Neuchâtel. J’en faisais partie. Nous avons cherché à redécouvrir ce cœur de Dieu, en communion avec de nombreux groupes de recherche et de réflexion, pour une vie renouvelée des chrétiens. Aujourd’hui même, dans toute les paroisses de notre diocèse, les textes définitifs sont mis à notre disposition. Notre évêque Mgr Bernard Genoud les accompagne d’une lettre pastorale, où il nous dit :

« Les textes que nous avons la joie de mettre à votre disposition aujourd’hui témoignent de notre volonté de vivre l’Église dans un esprit de service et de solidarité, en particulier avec les pauvres et les exclus.
Je vous invite donc à accueillir ces textes comme l’expression des attentes et des élans, des joies et des peines du peuple de Dieu qui vit dans ce diocèse. Il s’agit donc maintenant de les étudier à la lumière de la foi et à les mettre en oeuvre « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».
Nous chercherons à vivre une Eglise renouvelée, porteuse d’espérance. Tournons-nous vers l’avenir, continuons de faire route ensemble, ouverts au souffle de l’Esprit. »

 

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