Messe du 4e dimanche de Pâques

 Journée mondiale de prière pour les vocations religieuses et sacerdotales

Chanoine Alexandre Ineichen, abbaye de Saint-Maurice, le 15 mai 2011
Lectures bibliques : Actes 2, 14a. 36-41; 1 Pierre 2, 20-25; Jean 10, 1-10 – Année A

 

De ce passage de l’Evangile de saint Jean, chers frères et sœurs, j’aimerais vous proposer trois éléments qui en sont issus : la porte, les brebis et le pasteur. Ils seront un moyen sûr pour essayer d’approfondir le mystère de l’Eglise et pour mieux comprendre l’articulation entre le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel, thème essentiel en cette journée mondiale de prière pour les vocations religieuses et sacerdotales.

Commençons donc avec la porte, objet usuel s’il en est, qui sert d’ouverture à un endroit clos, mais aussi qui le protège d’une intrusion. La porte est ce qui empêche le voleur ou le bandit d’entrer là où il n’a pas à être. D’ailleurs, Jésus dit bien que trouvant la porte close, le voleur, le mercenaire escalade par un autre endroit. En effet, la porte est réservée à qui de droit : ici le pasteur des brebis. La porte est donc le seul itinéraire possible pour sortir ou entrer. Sans elle, les brebis ne seraient pas à l’abri. Sans elle, elles resteraient enfermées sans pouvoir sortir. Et dans ces conditions, comment évangéliser ? Comment trouver le repos promis ? Le Christ l’a bien compris puisqu’il se qualifie lui-même de porte. « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé : il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage. » La porte est donc bien ce lieu de passage vers la Jérusalem céleste. Saint Jean le rapporte dans l’Apocalypse car il aperçut, dit-il « une porte ouverte dans le ciel ». Mais cette porte, nous le savons, c’est aussi celle de notre cœur où se tient Jésus. Il y frappe. Si quelqu’un entend sa voix et ouvre la porte, il entrera chez lui et prendra son repas avec lui. Il aura la vie, et la vie en abondance. Ceux qui reçoivent un tel don, ceux qui reconnaissent cette voix, ce sont les brebis qui écoutent le pasteur.

Voilà donc notre deuxième élément : les brebis. Parfois, cet élément est bien bucolique, à la limite même du kitsch. Serait-ce un esprit moutonnier auquel le Christ nous convie ? Ne serait-ce pas trop beau pour être vrai ? Evidemment, cette image devenue par trop idéaliste est loin de l’intention de Jésus. Les brebis sont certes une comparaison pour le peuple de Dieu dans l’Ancien Testament déjà, mais ils sont aussi une allusion directe au sacrifice pascal. Celui qui est l’Agneau de Dieu, c’est celui-là même qui sauve les brebis. Par ce symbole, Jésus ne retient pas seulement l’aspect grégaire de l’animal, mais aussi sa proximité avec le pasteur et la vie pastorale. Nous sommes les brebis, et nous le savons, parce que nous écoutons la voix de notre Dieu et que nous nous laissons conduire là où il nous veut c’est-à-dire dans son royaume.

Nous en arrivons donc au troisième élément : le pasteur, celui qui emmène ces brebis. Il les conduit à travers la porte vers la bergerie ou vers le pâturage. L’Eglise doit être conduite, hier, aujourd’hui comme demain. C’est l’unique pasteur qui accomplit ce mystère, et c’est le Christ. Mais pour poursuivre son œuvre il appelle, hier, aujourd’hui comme demain, des brebis qui écoutent sa voix. Elles acceptent d’être dans l’Eglise des modèles de l’unique pasteur. Elles dirigent, elles prient et sanctifient le troupeau pour le mener sous la houlette de Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Dieu. Les prêtres ne sont rien d’autres que les continuateurs de l’œuvre de l’unique pasteur. Et pour reprendre saint Augustin, je peux dire que je suis une des brebis du troupeau, qui se doit d’écouter celui qui se tient à la porte, mais par ma volonté d’être en conformité avec le Christ, l’unique pasteur, je suis aussi prêtre pour amener tout le troupeau au paturage et à la bergerie. Aussi, prêtres, écoutez donc ce que dit votre pasteur : « Soyez les bergers du troupeau de Dieu qui vous est confié ; veillez sur lui (…), non pas en commandant en maîtres à ceux dont vous avez reçu la charge, mais en devenant les modèle du troupeau. »

Ainsi, en priant pour les vocations, c’est à ces trois éléments que nous faisons référence : la porte, qui ouvre sur le ciel et dont le religieux en vivant les trois vœux ici et maintenant est une préfiguration du royaume de Dieu, les brebis qui se doivent d’écouter l’unique pasteur et se laisser conduire, au dehors, comme au dedans, et accomplir le sacerdoce commun qui nous a été donné lors de notre baptême, enfin le pasteur, c’est-à-dire Jésus-Christ dont le ministère sacerdotal se poursuit par nos mains et nos mots, car nous faisons ceci en mémoire de lui pour que tous nous puissions communier et participer à la vie même de Dieu.

 

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