Messe du 3ème dimanche de l’Avent

Richard Kern et Aloïs Metz, à l’église St-Jean, Lucerne, le 14 décembre 2008
Lectures bibliques : Isaïe 61, 1-2.10-11; 1 Thessaloniciens 5, 16-24; Jean 1, 6-8.19-28 – Année B

 

Alois : Nous sommes à quelques jours de Noël. Il y a une question qui me taraude l’esprit depuis longtemps. Pourquoi Dieu s’est-il fait si petit sous l’aspect de l’enfant Jésus dans la crèche. Dans cette représentation ne serait-il qu’un petit bout de Dieu ?
Richard : Je ne sais pas. C’est difficile de comprendre pourquoi Dieu a fait les choses ainsi. Je peux toutefois dire ce que cette image de Dieu provoque celui qui le cherche. Dieu se dévoile à nous sous l’apparence d’un nouveau-né. Un petit être, dont on a envie de s’occuper, de protéger, d’aimer. Au travers de Jésus, Dieu s’est fait petit pour nous.
Alois : Il existe pourtant une autre représentation de Dieu. Dieu qui se révèle totalement dans sa création. Un peu à l’image d’un ciel rempli d’étoiles lors d’une nuit lumineuse. C’est l’idée d’un dieu qu’on ne parvient pas à saisir. Car trop puissant et trop lointain. De fait, c’est l’image que se font beaucoup de nos contemporains : Je crois en Dieu, toutefois comme une sorte de pouvoir immense, une force infinie.
Richard : Ces deux représentations de Dieu sont possibles, celle d’un petit enfant et celle d’un espace gigantesque. Mais personnellement je préfère l’image d’un Dieu personnel, tourné vers l’homme plutôt que l’image d’une force lointaine et impersonnelle. D’ailleurs une simple force, je ne peux pas l’aimer. Par contre je peux me sentir proche d’un enfant qui est un être humain. Et Jésus reste proche de nous – hommes et femmes – même en tant qu’adultes. Cela reste d’ailleurs une image très surprenante de Dieu. Rien de conséquent, rien qui ressemble à du pouvoir.
La position de Jésus dans la société est humble. Il travaille comme un artisan ordinaire. Il parle la langue du peuple. Il va de villes en villages, enseigne et guérit ; cherche le contact avec le maximum des personnes. C’est ainsi que Dieu va à la rencontre des hommes et des femmes. Cette attention au prochain est presque une caractéristique de Jésus.
Alois : Oui, mais Jésus se situait-il vraiment toujours au même niveau que ses contemporains ? Dans beaucoup de récits de miracles, il fait bien la démonstration de son pouvoir, un pouvoir qui va bien au-delà de celui d’un être humain ordinaire.
Richard : Moi, je pense qu’aucun des miracles qu’a fait Jésus n’est la démonstration de son pouvoir, au contraire je trouve que ce sont des signes de l’attention extrême que Jésus porte à notre égard. Jésus a rencontré les malades et les pauvres avec une telle sympathie, une telle compassion que lui est venue cette force curative, comme elle est nommée à plusieurs endroits dans l’évangile. C’est d’ailleurs une raison pour laquelle Jésus interdisait qu’on fasse connaître ses miracles. Ce savoir-faire vis-à-vis des personnes dans le besoin est un savoir-faire de Dieu. Jésus est un médiateur entre Dieu et l’humain.
Alois :
Le mot médiateur est peu compréhensible. En fait, nous pourrions aussi dire que Jésus était un bâtisseur de ponts. Et comme bâtisseur de ponts, il mettait en lien deux mondes différents. Le monde de Dieu et le monde des humains. Et si nous parlons d’un bâtisseur de ponts, il me vient une autre réflexion. Sur un pont, il n’y a pas qu’une seule direction. En Jésus ne passe pas uniquement la sollicitude de Dieu pour moi, mais il y a aussi le mouvement inverse: moi qui répond à son invitation : »Viens donc à Dieu ! Cherche Dieu ». C’est pour cela que Jésus dit lui-même:  » Je suis le chemin ». Ce qui signifie : viens partager ma vie. Suis-moi.
Richard : Partager sa vie….. !
J’ai beaucoup de respect pour cette injonction. Mais comment pouvons-nous partager sa vie, endosser son style de vie ? D’où pouvons-nous tirer la force pour y arriver ?
Alois : Il est bien clair que nous ne devons pas, tous, devenir, tout de suite, des petits Jésus. Mais déjà des amis. D’ailleurs, il le dit lui-même: « Vous n’êtes pas mes serviteurs, mais mes amis ». Concrètement que cela signifie-t-il? Les images derrière cette expression suscitent des sentiments amicaux merveilleux. Offrir du réconfort, donner à boire, prendre par la main, garder nos mains ouvertes pour recevoir la vie.
Richard :
Du coup, nous pourrions faire encore un pas supplémentaire vers Jésus, mais c’est un pas clairement plus exigeant : Faire de ses amis les nôtres. Cela signifierait alors, abandonner dans notre tête, notre esprit, toutes les frontières et les réserves qui nous séparent de notre prochain. Ceci en souvenir de la citation biblique : « Si Dieu ne l’avait pas aimé, il ne l’aurait pas créé ».
Alois : La conclusion à notre réflexion pourrait aussi être : Souvenons-nous de la générosité de Dieu.

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