Messe du 2e dimanche de Pâques


Abbé Jean-Claude Dunand, à la chapelle de l’EMS d’Humilimont, Marsens, le 1er mai 2011
Lectures bibliques : Actes 2, 42-47; 1 Pierre 1, 3-9; Jean 20, 19-31 – Année A

 

Nous sommes beaucoup à porter des lunettes pour mieux voir, mieux lire, bien regarder la nature… mieux marcher… davantage apprécier ce que nous avons dans les assiettes. Que c’est agréable de bien voir ! et cela donne bien souvent de l’assurance !

Depuis Pâques l’évangile de Jean nous invite à voir : voir qu’il est ressuscité. Quand Jean arriva au tombeau « il vit et il crut ». Pourtant il ne vit pas grand chose : il vit un tombeau vide et bien en ordre…

Quand Jésus apparaît aux apôtres le soir du premier jour de la semaine, en leur disant « la paix soit avec vous », il en manque un : Thomas. Lorsqu’il entendra ses amis lui raconter qu’ils ont vu Jésus vivant, il leur répondra : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n’y croirai pas ».
Voir pour croire…
On entend parfois dire : « Moi, je suis comme saint Thomas, si je ne vois pas, je ne crois pas ». Nous vivons dans une société occidentale qui a besoin de preuves, qui a besoin de concret : de voir, toucher, sentir, entendre. On ne prend pas vraiment au sérieux ce qui n’est pas perceptible par au moins l’un de nos cinq sens.

Ce doute qu’exprime Thomas est bien légitime. Mettons-nous à sa place ! On lui raconte qu’un mort est vivant ! C’est tout de même quelque chose d’incroyable ! C’est humainement impossible. Jésus, celui que l’on a vu mort sur une croix, que l’on a déposé dans un tombeau fermé par une grosse pierre, serait maintenant vivant ? Non. Comment peut-on croire une chose pareille ?
Aujourd’hui, on se dit même croyant mais pas en la résurrection. C’est tout de même un peu difficile de croire une chose pareille.
Il y a comprendre et croire.
Ces deux démarches ne sont pas à confondre.
Personne ne comprend la résurrection. Elle ne s’explique pas.

Pourtant, nous qui vivons en ce moment la messe, nous y croyons et beaucoup y croient, des scientifiques, des philosophes, de gens très intelligents, comme des personnes sans instruction. Croire ne nécessite pas de comprendre, ni de voir, ni d’avoir des preuves matérielles.

Du reste l’apôtre Pierre, dans sa première lettre, écrit au sujet de Jésus : « lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir ».

Ai-je besoin de croire, si je vois ?
Je vous vois : je n’ai pas besoin de croire que vous êtes là. Je vois ce bouquet, ces montagnes… Je n’ai pas besoin d’y croire, puisque je les vois, et nous les voyons tous.
La foi, c’est-à-dire croire, n’est pas liée à ce que l’on voit, ou à ce que l’on ressent avec nos sens, ni à ce que l’on comprend.
Croire, c’est faire confiance.
Les mots foi et confiance ont la même racine.
La foi, c’est une affaire de confiance !
La confiance, c’est le carburant de l’homme. On marche tous à la confiance. Notre condition humaine est ainsi faite que nous ne pouvons pas faire autrement. Nous ne comprenons pas tout, nous ne savons pas tout. Nous sommes bien obligés de faire confiance à d’autres. Nos premiers pas, nous les avons faits en nous jetant dans les bras de papa ou maman. Cette prise de risque c’est faite dans la confiance. L’enfant ne comprend pas comment il marche, comment il peut effectivement marcher, mais il se risque confiant en maman qui tend les bras.
Lorsque nous sommes malades, à ne plus pouvoir bouger et faire quoi que ce soit, nous devons faire confiance en ceux qui nous aident, en ceux et celles qui nous soignent, qui s’occupent de nous…

Eh bien, la foi, c’est du même ordre. C’est une affaire de confiance. Nous croyons non pas parce que nous avons vu, mais parce que nous faisons confiance à ceux qui nous ont parlé de Dieu. Il en est ainsi pour tous les croyants du monde et de tous les temps. Aucun n’a jamais vu Jésus, mais tous fondent leur foi sur ce que d’autres ont dit. Les chrétiens des premiers jours comme on l’a entendu dans la première lecture, « étaient fidèles à écouter l’enseignement des apôtres. » La foi se base d’abord sur la confiance en une parole, une parole écoutée fidèlement et régulièrement.

La parole devient alors vivante en l’homme, elle l’anime, le rendant confiant jusqu’à laisser jaillir de son cœur un cri de foi semblable à celui de Thomas : Mon Seigneur et mon Dieu.

Rien ne nous dit que Thomas a avancé sa main dans le côté : c’est la voix de Jésus qui l’invite au geste qui éveille en lui la foi…

Que la Parole reçue en Eglise fasse de nous des confiants en Celui qui est ressuscité ! Et que notre joie soit grande ! Alléluia !

 

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