Messe du 26e dimanche ordinaire

 

 

 

Chanoine Jacques Oeuvray, Boncourt

Lectures bibliques : Nombres 11, 25-29; Jacques 5, 1-6; Matthieu 9, 38-48

La vie vaut mieux que tout !

Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes !
Chers frères et sœurs,
Jésus, heureusement, n’a rien écrit ! Il ne nous a pas enchaînés, ni sécurisés par des déclarations doctrinales, un code moral ou des pratiques rituelles. Mais, il nous a laissé un Esprit, son Esprit qui ne s’enferme pas, qui ne nous enferme pas mais nous ouvre à tout être humain, au-delà de toutes frontières.

On ne sera donc pas fidèles au Christ en copiant ses attitudes, ni en répétant ses paroles, ni en décortiquant son message. Nous lui serons fidèles si nous vivons de la même vie que lui, si nous sommes ouverts au même Esprit, si nous abordons chaque être humain, surtout les plus petits, avec le même Esprit, la même attention, le même prodigieux espoir d’y découvrir Dieu se manifester.

Jésus a vécu une vie d’homme libre et aimant et, au contact de sa vie, les autres s’éveillaient à leur propre vie. Un homme, une femme, libre est libérateur; un homme, une femme, aimant irradie la sympathie; un homme, une femme vrai appelle à être vrai comme lui. En conséquence, nous devons cesser d’être un homme, une femme qui parle de Dieu pour devenir un homme, une femme en qui Dieu se raconte.
Pour Jésus, la vie est première en tout être humain. Il s’adresse à lui par-delà les préjugés de race, de famille, de religion, de moralité et travaille à dégager, sous les gangues sociales et les alluvions du passé, l’être neuf, intact, émerveillé et émerveillant que personne n’avait réussi à faire naître.

Comme Moïse déjà qui, loin d’être jaloux de voir l’Esprit s’exprimer par d’autres qui étaient considérés comme en marge de la communauté, prie le Seigneur d’envoyer son Esprit sur tout son peuple.
Oui, la vie vaut mieux que tout et l’évangile de ce dimanche le répète avec insistance par des formules chocs. Après avoir découvert que le baptême nous a fait entrer dans cette vie que Jésus porte à son achèvement dans la résurrection, rien ne doit nous en détourner. Chaque jour, en chaque situation nouvelle, nous sommes appelés à « Vivre en baptisés » comme nous le propose en cette année jubilaire 2000 l’Eglise du diocèse de Bâle à laquelle nous appartenons. Vivre en baptisés, c’est, comme nous l’avons choisi le jour de notre baptême ou confirmé plus tard, renoncer à tout ce qui est mal et conduit au mal et à la mort pour choisir le Christ et la vie qu’il nous offre.

Couper sa main, son pied, son œil, c’est renoncer à tous ces chemins de mort qui s’ouvrent largement devant nous : pouvoir de l’argent, domination politique, exploitation des autres dans leur corps, leur conscience, leur force de travail. Et tout cela, pour mettre nos pieds, nos mains, nos yeux, nos cœurs, au service de la vie dans la solidarité et le partage avec la force de l’Esprit-Saint qui agit dans son peuple, un peuple qui se rit des frontières dressées par les hommes. Ce peuple est un peuple qui est fait de tous les humains qui s’ouvrent à l’Esprit de Jésus, de quelque Eglise ou religion qu’il soit, selon la belle parole du Cardinal Journet : « Les frontières de l’Eglise passent par le cœur de chaque homme. » C’est dans la mesure où nous coupons tous les chemins de mort pour ouvrir des chemins de vie en nous et pour tous les humains que s’agrandit l’Eglise de Jésus-Christ. En langage moderne, nous traduirions ces formules qui choquent notre esprit par ces mots : « Ne vous laissez pas envahir par vos pulsions partielles ». Nous le savons par expérience, frères et sœurs, lorsqu’on a mal à une dent, on est tout entier une dent ! Tout souffre en nous. Lorsqu’on est en colère, on est tout entier colère. Certains peuvent devenir tout entier « argent » ou « pouvoir ». Jésus nous dit qu’il vaut mieux couper tout de suite ces tendances, ces pulsions en nous car elles risquent de nous envahir tout entier et nous étouffer. Merveilleux appel qui nous arrache à la mort pour nous planter dans la vie !

Après l’avoir entendu, on quittait Jésus, meilleur ou pire, mais toujours transpercé par cette lumière sur ce que peut être notre vie et sur ce que nous en faisons. Puisse l’Esprit de Jésus nous aider à choisir la vie et à la faire grandir aujourd’hui en nous et autour de nous.
Amen

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