Messe du 19e dimanche du temps ordinaire

 

Abbé André Carron, hospice du Grand-Saint-Bernard, le 7 août 2011
Lectures bibliques :
1 Rois 19, 9-13; Romains 9, 1-5; Matthieu 14, 22-33 – Année A


« N’ayez pas peur ! »

Comme c’est difficile de rassurer quelqu’un qui a peur ! De rassurer un enfant, de rassurer un parent, de rassurer un ami…
Celui qui a peur est affaibli, diminué, il n’avance plus, il n’ose plus. Il est entamé, sérieusement, dans sa joie…
Par contre, comme il est précieux d’avoir quelqu’un à qui on ose dire qu’on a peur, ses peurs !

La peur, ça fait vraiment partie de notre vie ! Tellement nous sommes fragiles, tellement nous sommes limités, tellement nous sommes vite déstabilisés, vite démunis…
Les « tempêtes, les «vents contraires», les vagues de l’Evangile d’aujourd’hui, on les connaît… On les connaît chacun dans notre cœur, on les connaît dans le cœur des autres, on les connaît dans notre monde, telles qu’on peut les lire ou les entendre dans les médias. Et je pense que tout au fond de notre cœur, à la mesure de nos désirs, il y a une peur fondamentale: la peur de ne pas être appelé par son nom, la peur de ne pas être connu, de ne pas être aimé, d’être oublié…

Et  aujourd’hui, Jésus nous redit à chacun, à chacune, il nous redit comme une bonne nouvelle : «N’aie pas peur !».

Et ce n’est pas tout… Il appuie ce «N’aie pas peur !» d’un magnifique et d’un fort: «C’est moi !»… Au cas où, comme les apôtres dans la barque, on aurait du mal à le reconnaître dans le tourment, dans le brouillard de notre vie: «C’est moi… C’est moi au nom de qui tu as été baptisé…», «C’est moi qui me suis engagé envers toi à vie…», «C’est moi qui suis là tous les jours, tous les matins, tous les midis, tous les soirs, toutes les nuits…».

«J’ai le souci de ta vie» J’ai le souci de ta joie!» «Je te bénis! Je te regarde en beauté, j’ai confiance en toi, je te veux grand, je veux t’aider…», «Je ne peux rien faire à ta place, absolument rien faire à ta place, comme on ne peut rien faire à la place de ceux qu’on aime, mais je t’offre par contre mon Esprit qui est une énergie, qui est un enthousiasme… Cet esprit qui sera aussi, je te le promets, ton défenseur!»…

Le prophète Elie, il y a trente siècles, saint Bernard, il y a dix siècles, l’un sur la montagne du Seigneur, l’Horeb, l’autre ici sur le col du Grand-Saint-Bernard, comme Jésus, ils se sont rendus dans la montagne, longtemps, dans le silence, de jour de nuit, à l’écart, pour prier… Ils avaient tous les deux, Elie et saint Bernard, besoin d’être rassurés, fortifiés… Elie qui était poursuivi, saint Bernard qui était dévoré de charité pour les autres, mais qui était ici dans les débuts tout seul. Tous les deux avaient besoin d’être rassurés, d’être fortifiés et tous les deux avaient perçu ce murmure d’«une brise légère».

 Et ensuite tous les deux sont entrés dans le mystère d’une rencontre qui n’avait rien de fracassant, rien d’apeurant, une rencontre rassurante, la rencontre d’une tendresse forte, la rencontre du Dieu de tendresse, du Dieu d’amour qui les a touchés, profondément, qui leur a parlé jusqu’au cœur… Résultat: nous voyons le prophète Elie se remettre en route, courageusement, oser affronter à l’époque ceux qui méprisaient le vrai Dieu et son roi….

Et nous voyons saint Bernard  créer ici patiemment une œuvre de charité et d’accueil qui dure encore et qui continue de dire aux hommes qu’ici, comme il est inscrit près de la porte de l’hospice, chacun est accueilli, chacun est adoré, reconnu, béni et nourri, car «Ici le Christ est adoré et nourri!».

Maintenant c’est à nous de faire confiance au Christ, de répondre à son «C’est moi!», de confirmer notre foi, la belle foi de notre baptême, d’en être à la fois fiers et dignes… de dire notre foi en ce Jésus qui nous dit: «Viens!» comme il a dit à Pierre. Je pense que nous avons tous, chacun à notre manière, à descendre de notre barque, à quitter certaines choses qui embarrassent notre tête, qui embarrassent notre cœur pour aller vers lui, pour aller vers Jésus, et en allant vers Jésus, pour aller vers les autres…

Encourageons-nous, réjouissons-nous de ce Jésus qui nous dit qu’il nous connaît, qu’il nous invite, qui nous dit :«N’ayez pas peur, c’est moi!»… C’est moi qui suis le Prince de la Paix… «Marchez avec moi et vous connaîtrez la joie, une joie assurée, une joie qui se répandra naturellement et qui rassurera les autres»…

 

 

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