Messe du 15e dimanche du temps ordinaire

 

Mgr Charles Morerod, évêque, abbaye de Saint-Maurice, le 15 juillet 2012
Lectures bibliques : Amos 7, 12-15; Ephésiens 1, 3-14; Marc 6, 7-13 – Année B

Parmi les différentes questions que nous pouvons nous poser, certaines sont plus fondamentales. Par exemple : Pourquoi est-ce que nous existons ? Je pose cette question au pluriel, parce que l’homme est un animal social. Nous ne nous comprenons pas hors de tout lien avec d’autres. Certes chacun de nous a sa propre vie et sa propre responsabilité, mais chacun est aussi en relation nécessaire avec Dieu, avec son prochain humain et avec l’ensemble du monde. De toutes ces relations la plus fondamentale est celle que nous avons avec Dieu ; elle met dans leur juste lumière toutes nos autres relations, y compris celle que nous avons avec nous-même.

Dans la deuxième lecture de cette messe, saint Paul nous dit pourquoi nous existons, et il nous le dit en montrant que notre relation avec Dieu éclaire nos relations entre nous. Dieu le Père – nous dit saint Paul – « nous a choisis avant la création du monde ». Nous ne sommes pas le fruit du hasard. Chacun de nous a été personnellement voulu et créé par Dieu, parce que Dieu nous aime.
Et Dieu n’avait pas un plan vague : il nous a « destinés à devenir pour lui des fils par Jésus-Christ ». Il voulait constituer avec nous une famille, et pour que cette famille puisse se constituer il a envoyé son Fils. Le Fils se fait homme pour que nous puissions en lui recevoir la vie de Dieu.

Ce n’est pas une petite destinée que Dieu nous propose. Ce n’est pas une proposition seulement humaine : il ne nous propose pas simplement de vivre mieux ici-bas, mais de vivre avec lui pour toujours, de partager la vie divine. Et il ne s’agit pas seulement d’une invitation adressée à quelques-uns, mais d’un projet qui de quelque manière englobe tout le cosmos : « Dans sa bienveillance, il projetait de saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre ». C’est tout l’univers qui est en vue. Et comment cela va-t-il se faire ? « En réunissant tout sous un seul chef, le Christ ». « Un seul chef » signifie ici une seule tête. La tête est ce qui organise la vie de l’ensemble du corps, un peu comme chacun de nos mouvements est commandé par la tête, consciemment ou non. Cette tête qu’est le Christ sert à donner unité au monde entier. La création est reprise, c’est une nouvelle création unie par le Christ. Nous sommes associés à cette reprise de la création par notre baptême, qui est une nouvelle naissance. Au baptême nous recevons la vie de Dieu, qui s’épanouit en nous dans l’Eucharistie où nous formons un seul corps. C’est la famille de Dieu réalisée ici-bas, unifiée par le Saint Esprit dont saint Paul nous dit qu’il est la « première avance » que Dieu nous fait sur l’héritage promis au Ciel.
Cette famille de Dieu, c’est l’Eglise, le Corps dont le Christ est la Tête, le Peuple des enfants adoptifs de Dieu, qui ont reçu la vie divine au baptême et la nourrissent dans l’eucharistie. Grâce à la connaissance que la foi nous donne du plan de Dieu pour nous, nous découvrons ce que peut être notre vie, comment nous pouvons être en relation avec Dieu, et les uns avec les autres.

Si l’on prend conscience du plan que Dieu a pour nous, alors notre vision de la vie est bouleversée par ce nouvel horizon. Si nous avons un Dieu qui nous aime tellement qu’il veut partager pour toujours son amour avec nous, qui envoie son Fils pour que nous puissions répondre à cette invitation d’amour, et que ce Fils donne sa vie sur la croix, alors est-ce que ça ne changera rien pour nous ? Eh bien cela devrait avoir au moins deux conséquences.

Une fois que nous croyons que Dieu nous veut avec lui et que nous voyons comment il s’y est pris, alors nos perspectives et nos craintes humaines sont comme des feuilles mortes emportées par le vent. Voilà la première conséquence. Nous pouvons avoir peur si nous comptons sur nous-mêmes, mais pas lorsque le Christ invite les disciples à mettre leur confiance en lui et non pas en eux-mêmes. C’est ce que Jésus demande aux disciples dans les termes radicaux de l’Evangile d’aujourd’hui, que l’on pourrait résumer ainsi : vous n’avez besoin de rien, parce que moi, je suis avec vous…

La deuxième conséquence de la découverte du projet de Dieu pour sa création, c’est que notre vie est comme trop petite pour pouvoir exprimer notre reconnaissance. Nous avons été créés par Dieu « à la louange de sa gloire » : de simples paroles ne suffisent pas, chantons donc la gloire d’un Dieu si bon. Depuis près de 15 siècles, sur la tombe de fidèles disciples qui n’ont pas eu peur, le chant de l’abbaye de Saint-Maurice monte vers Dieu. Notre chant, au propre et au figuré, montre la joie qui nous transfigure à l’annonce de la Bonne Nouvelle du projet de Dieu pour nous.

 

 

 

 

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