Abbé Pascal Desthieux, à l’église St-Maurice, Ursy, le 15 août 2011
Lectures bibliques : Apocalypse 11. 19a ; 12,1-6a. 10ab; 1 Corinthiens 15, 20-27a; Luc 1, 39-56 – Année C
Alors que nous accompagnons de nos prières et de nos pensées les nombreux jeunes en route vers Madrid pour les Journées mondiales de la jeunesse, nous pensons aussi à d’autres jeunes qui nous ont quittés trop vite, comme celles et ceux qui ont été exécutés affreusement à Oslo en juillet, et à d’autres, peut-être, que nous avons connus.
Ici en Glâne, dans la région d’Ursy et de Romont, il y a tout juste une année, peu avant le 15 août, nous avons été marqués par la mort de deux jeunes filles de 18 ans, coup sur coup. L’une décédée subitement pendant ses vacances, l’autre, d’un accident de moto, le jour même où elle avait obtenu son permis. Des dizaines, des centaines de jeunes sont venus se recueillir auprès des corps de leurs amies.
J’ai célébré les funérailles de la première. J’ai été aussi me recueillir à la chapelle funéraire. Devant le corps inanimé et froid de cette jeune fille, je me disais : non, ce n’est pas possible ! Comment ce corps, encore jeune, peut-il ainsi disparaître et se décomposer ? C’est notre cri devant la mort, quelque soit d’ailleurs l’âge de l’être aimé qui vient de partir.
A ce moment-là, nous sommes tentés de demander au Seigneur de faire quelque chose… Jésus a bien ressuscité la fille de Jaïre, et le fils unique de la veuve de Naïm, ou encore son ami Lazare. Oui, si j’étais Jésus, je ferais un miracle pour ces jeunes filles, pour que leurs corps se réaniment.
En fait, c’est bien ce que le Christ fera pour chacun de nous au-delà de la mort : « Celui qui croit en moi, a-t-il dit à Marthe, la sœur du défunt Lazare, même s’il meurt, vivra ; il ne mourra jamais. Crois-tu cela ? ».
Jésus est la Résurrection et la Vie, il a triomphé de la mort. Ce que j’aurais voulu faire pour cette jeune fille, il l’a fait, bien sûr, pour sa maman, Marie, celle qui l’a enfanté et chéri, celle qui lui a permis de devenir un homme.
Voilà ce que nous célébrons aujourd’hui en fêtant l’Assomption.
Dieu n’a pas laissé le corps de Marie se décomposer : il l’a prise avec lui, il l’a « fait monter jusqu’à la gloire du Ciel avec son âme et son corps », il l’a « préservé de la dégradation du tombeau ». Marie a donc été « assumée », un verbe proche du mot Assomption.
Elle est bien celle que sa cousine Elisabeth reconnaît comme « bénie entre toutes les femmes », car « le Puissant a fait pour elle des merveilles ; il élève les humbles; désormais tous les âges la diront bienheureuse ». Elle est désormais cette « Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ».
Nous sommes heureux aujourd’hui de fêter notre Mère du Ciel et de nous réjouir avec elle et pour elle.
Mais cette fête de l’Assomption, ne l’oublions pas, nous concerne aussi directement, car Marie est, en quelque sorte, le « prototype » de ce qui nous attend à la fin des temps, elle nous ouvre le chemin : un jour, nous serons, par la grâce de Dieu, comme elle et avec elle dans la gloire du Père.
Le Père René Laurentin, grand spécialiste de la Vierge, avait écrit : « L’Église regarde Marie, comme une flotte dans la tempête regarde le premier navire qui a franchi la barre et gagné le port ».
Nous croyons en effet que par le Christ, le premier ressuscité, tous revivront et donc que nous ressusciterons, nous aussi, à la fin des temps, avec un corps glorieux. C’est ce que nous allons professer dans quelques instants quand nous dirons : « Je crois en la résurrection de la chair ». Nous ressusciterons avec notre chair transfigurée, notre corps glorieux qui ne sera plus marqué par la vieillesse, la maladie ou le handicap : rassurez-vous, au Ciel, plus besoin de lunettes, de prothèse dentaire, d’appareil auditif ou de pacemaker !
La fête de l’Assomption vient tous nous illuminer. Car si Marie a été élevée au Ciel avec son corps, désormais glorieux, elle nous ouvre le chemin et nous indique ce qui nous attend.
A sa suite, tous ceux que nous avons aimés, nous le croyons, ressusciteront eux aussi avec leur corps glorieux.
En attendant, la bienheureuse Vierge Marie est là, à nos côtés. Nous pouvons nous confier à son intercession. Elle est notre étoile : c’était notre chant d’entrée. Voilà pourquoi je souhaiterais terminer par cette magnifique prière de Saint Bernard : « Regardez l’étoile ».
« Lorsque vous assaillent les vents des tentations,
lorsque vous voyez paraître les écueils du malheur,
regardez l’étoile, invoquez Marie.
Si vous êtes ballottés sur les vagues de l’orgueil,
de l’ambition, de la calomnie, de la jalousie,
regardez l’étoile, invoquez Marie.
Si la colère, l’avarice, les séductions charnelle
viennent secouer la légère embarcation de votre âme,
levez les yeux vers Marie…
Dans le péril, l’angoisse, le doute,
pensez à Marie, invoquez Marie.
Que son nom ne quitte ni vos lèvres ni vos cœurs !
Et pour obtenir son intercession,
ne vous détournez pas de son exemple.
En la suivant, vous ne vous égarerez pas.
En la suppliant, vous ne connaîtrez pas le désespoir.
En pensant à elle, vous éviterez toute erreur.
Si elle vous soutient, vous ne sombrerez pas;
si elle vous protège, vous n’aurez rien à craindre;
sous sa conduite vous ignorerez la fatigue;
grâce à sa faveur, vous atteindrez le but. »