Messe de l’Assomption

Cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, le 15 août 2008, en direct d’Arcachon
Lectures bibliques : Apocalypse 11, 19.12,1-6.10; 1 Corinthiens 15, 20-26; Luc 1,39-56 – Année A

 

Marie, la première en chemin

Frères et sœurs,
C’est saint Paul qui nous donne le sens de cette fête de l’Assomption quand il écrit : « C’est en Adam que meurent tous les hommes; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier le Christ; et ensuite ceux qui seront au Christ lors de sa venue. » (1 Cor 15, 22-23) On comprend que, dans cette dynamique de la résurrection, Jésus ait voulu associer en premier lieu sa mère, celle qui l’a enfanté mais surtout celle qui s’est unie avec tout son corps, son cœur et son esprit à l’œuvre de salut de son Fils.
Ce lien d’amour filial et maternel ne fait pas pour autant de la Vierge Marie une privilégiée, une femme qui n’aurait rien à voir avec notre commune condition. Regardez d’ailleurs dans le Magnificat : Marie rend grâce à Dieu pour l’avoir choisie comme une humble servante mais très vite, elle se décentre d’elle-même. Elle ne dit plus « je » mais « nous ». Elle s’identifie au peuple des pauvres, des humbles, des affamés, de tous ceux qui attendent le salut de Dieu. Marie ne fait jamais cavalier seul. Elle se veut, au contraire, solidaire de son peuple, des disciples de son Fils, bref de tous les hommes. À la suite du Christ, elle ouvre la marche et vient nous rappeler ce à quoi nous sommes, nous aussi, appelés. Elle montre le chemin et en désigne le terme.
Ce terme, c’est la vie pleine avec Dieu dans ce monde de la résurrection. À la suite de Jésus, Marie nous redit que nous sommes faits pour la vie, que tout ne se termine pas avec la mort physique. Oui, nous sommes appelés à entrer dans un monde nouveau, où toute larme cessera, où le mal et la mort auront disparu. Ce monde reste mystérieux. Il est difficile de l’imaginer. Ce sera comme une nouvelle naissance et nous savons bien que l’enfant dans le sein de sa mère peut difficilement imaginer le monde dans lequel il va entrer. Dans une société qui parle beaucoup de la mort (ne serait-ce que dans les actualités) mais très peu de l’au-delà, il nous est bon d’entendre qu’une espérance nous est offerte. La mort ne saurait être le dernier mot de l’homme car elle n’est pas le dernier mot de Dieu. Dieu nous a fait pour la vie. Dans son amour, il nous appelle à entrer, chacun et tous ensemble, dans cette communion avec lui, faite de lumière et de joie.
Marie a expérimenté au plus profond d’elle-même cet amour de Dieu, qui nous rejoint chacun. Elle l’a accueilli en elle et s’est laissée transformer par lui. Cet amour l’a transfigurée et a mis en elle, la confiance, la paix intérieure, la joie, l’espérance, le courage de tenir bon et de persévérer malgré les épreuves de la vie. Si Marie nous indique le terme du chemin qu’est la résurrection, la vie éternelle avec Dieu, elle nous donne aussi des indications pour la marche. Elle nous invite à l’amour, à la confiance dans le quotidien. La vie éternelle n’est pas simplement cette vie promise après la mort, c’est déjà la qualité de vie qui nous est donnée de vivre dès ici-bas. Lors de la venue du Dalaï Lama en France, plusieurs Français exprimaient leur désir d’une vie intérieure autre, d’une paix à trouver avec eux-mêmes et avec les autres. Qu’en est-il pour nous ? N’avons-nous pas à faire, nous aussi, cette expérience de transformation intérieure, liée à l’accueil quotidien de l’amour de Dieu en nous ? J’aime beaucoup cette invitation toute simple du prophète Michée : « Homme, le Seigneur t’a fait savoir ce qui est bien, ce qu’il réclame de toi : rien d’autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde, et marcher humblement avec ton Dieu. » (Mi 6, 8)
Ce matin, Marie vient au devant de nous pour nous inviter tous, à cette marche avec Dieu, à la confiance et à l’espérance. Comme elle le dit dans le Magnificat, elle se veut proche tout particulièrement des affligés, de ceux ont des problèmes de santé, de couple ou de famille, de ceux qui sont touchés dans leur travail et leur profession. Qu’il me soit permis d’évoquer ici la situation très difficile des ostréiculteurs et des pécheurs, tout spécialement ceux d’Arcachon et de toute la côte atlantique. Ils se demandent quel va être leur avenir et s’ils ne vont pas perdre leur profession. Je voudrais les assurer, en mon nom et en notre nom à tous, de notre prière et de notre solidarité.
Que Marie, l’étoile du matin, la Vierge de l’Assomption, guide et soutienne l’espérance du Peuple de Dieu encore en chemin ! Amen.

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