Messe de la Pentecôte

Mgr Joseph De Kesel, évêque, le 11 mai 2008, à la Basilique du Sacré-Cœur
à Koekelberg (Belgique)
Lectures bibliques : Actes des Apôtres 2, 1-11 ;
1 Corinthiens 12, 3b-7.12-13 ; Jean 20, 19-23 – Année A

 

Chers amis,
Comme le peuple juif, l’Eglise du Christ célèbre elle aussi la Pentecôte le cinquantième jour après Pâques. Dans la tradition juive, Pentecôte est la fête de l’alliance et du don de la Loi. C’est au mont Sinaï que Dieu donne sa Loi et qu’Il propose à son peuple de vivre en alliance avec lui. Le peuple vient de quitter le pays de l’esclavage. Si Dieu lui donne sa Loi, c’est précisément pour le maintenir dans cette liberté retrouvée. Car cette loi n’est pas simplement un ensemble d’obligations et d’interdictions. Elle est parole, Parole de Dieu, Parole qui invite à se rencontrer et à partager. Parole qui guide et éclaire : ‘une lampe sur nos pas, une lumière sur notre route’. Rien d’étonnant à ce que le peuple juif, le jour de la Pentecôte, rende grâce à Dieu pour le plus grand cadeau qui lui a été donné : la Parole de Dieu, son alliance, son amour.
Un Dieu qui parle, qui donne sa Parole, qui est à la recherche de l’homme. Voilà le miracle de la Pentecôte. Mais le miracle est aussi du côté de l’homme : l’homme qui écoute et qui accueille cette parole et cet amour. Que Dieu nous cherche et veut vivre avec nous, c’est loin d’être évident. Mais que l’homme, lui aussi, lui donne sa parole et veut cheminer avec lui, voilà ce qui est tout aussi inouï. Ce n’est pas notre propre œuvre. C’est Dieu qui nous attire à lui. C’est pourquoi dans les récits de Pentecôte il est toujours question de feu, du feu qui vient d’en haut, d’un feu qui fait brûler notre cœur, le feu de l’Esprit qui nous ouvre à Dieu. Le Livre de l’Exode nous raconte que le jour où Dieu donnait sa Loi “la montagne du Sinaï était toute fumante parce que le Seigneur y était descendu sous forme de feu” (Ex 19,18). C’est ce même feu dont il est question quand les disciples sortent du Cénacle et annoncent l’évangile du Christ ressuscité.
Pour nous chrétiens, la fête de la Pentecôte est encore toujours fête du don de la Loi, don de la Parole de Dieu. Parole vivante qui, pour nous, n’est personne d’autre que le Christ lui-même, mort et ressuscité. C’est en Lui que Dieu a dit tout son amour pour l’humanité, pour chaque être humain. C’est en Lui qu’il a conclu une alliance nouvelle, Lui, le Fils de Dieu, qui a aimé jusqu’au bout, jusqu’à mourir sur une croix. Lui qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie.
Il a été abandonné de tous, même de ses disciples. Encore le soir de Pâques, ils avaient peur. Ils avaient verrouillé les portes. Mais voilà, comme au temps du Sinaï, un violent coup de vent et du feu ! Comme chez les disciples d’Emmaüs. Ils avaient perdu tout espoir. Ils retournaient chez eux. Mais il vient à leur rencontre. Ils ne le reconnaissent pas. Mais il parle : parole qui va ouvrir leurs yeux. « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin et nous expliquait les Ecritures ? ».
Etre croyant, être disciple du Christ, être Eglise : c’est toujours source de joie et de bonheur. On ne peut l’être que dans un esprit de gratitude. Ce n’est jamais une raison pour se sentir supérieur aux autres. La foi ne vient pas de nous ; elle est un don qui vient d’en haut, du souffle de l’Esprit. C’est dans la force de l’Esprit que l’évangile est annoncé, et que tous peuvent le comprendre, chacun dans sa propre langue. Dans la diversité des peuples, langues et cultures, c’est la même Parole de Dieu qui est accueillie, l’unique évangile, l’unique Seigneur. C’est dans la force de ce même Esprit que l’Eglise est rassemblée partout dans le monde pour être signe de l’amour de Dieu pour tous les hommes.
Rendons grâce à Dieu pour le don de sa Parole, le Christ, son grand cadeau à toute l’humanité. Demandons à Dieu de répandre sur nous son Esprit : que notre cœur devienne brûlant au-dedans de nous, que nous puissions comprendre cette Parole et l’accueillir comme Parole de vie pour tous ceux qui sont en recherche du bonheur et d’une humanité véritable. Amen.

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