Célébration oecuménique télévisée

 à l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens et de l’entrée dans « l’Année de la Bible » 2003

Père Jean-Daniel Balet et pasteur Roland Benz, à l’église St-Paul, Genève, le 19 janvier 2003.

Lectures bibliques : 1 Samuel 3, 3-19; 2 Corinthiens 4; Jean 1, 35-42

Prédication dialoguée

Après la lecture biblique (II Corinthiens chap. 4)

Jean-Daniel Balet : J’ai cru c’est pourquoi j’ai parlé ! C’est la parole que nous venons d’entendre. Roland dis-moi qu’est-ce que croire ?

Roland Benz : Question élémentaire mais ce n’est pas toujours facile d’y répondre ! En quelques mots, c’est tout simplement faire confiance à quelqu’un qui m’adresse une parole.

Jean-Daniel, si je peux faire confiance à ta parole, c’est parce que j’ai appris à te connaître ; dès lors ta parole a pour moi de la valeur.

– Avec Dieu, c’est pareil. Pourtant, faire confiance à quelqu’un que je vois et que j’entends, d’accord. Mais comment avoir confiance en un Dieu que je ne vois pas, que je n’entends pas ?

– C’est la question de la foi ! Heureusement qu’on ne voit pas Dieu. Imagine, si tu le voyais, tu serais obligé de le croire, plus grave encore si tu voulais qu’il se prouve à toi, tu risquerais de le restreindre à ta vision des choses. Nous sommes donc appelés à chercher Dieu.

– La foi, c’est donc davantage chercher que trouver.

D’ailleurs la Bible, c’est justement l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui se sont mis en marche à la recherche de Dieu.

– Rappelle-toi, Abraham, que l’on nomme le père des croyants, et sa femme Sarah, ce ne sont pas des super héros de la foi, mais des personnes comme nous. Ce qui les caractérise, c’est qu’ils se sont mis en route, ils ont répondu à la Parole de Dieu. Avec cet homme et cette femme qui font confiance, Dieu a pu commencer une histoire nouvelle pour l’humanité. La confiance va dans les deux sens. Dieu aussi ne cesse pas de faire confiance aux hommes et aux femmes qui se mettent en route avec lui. Certes Dieu a pris des risques, car l’histoire humaine est traversée de tragédies.

– Mais cette histoire a abouti à Jésus-Christ, la Parole de Dieu faite humanité.

C’est encore une histoire de fragilité. Certes Jésus a fait des miracles, mais son histoire se termine tout de même par un drame, ses disciples, ses amis, après sa mort ont connu le désarroi et le doute.

– Pourtant ce sont les mêmes qui ont témoigné que ce Jésus leur est apparu vivant après sa mort. Notre foi est fondée sur leur témoignage.

– Ils ont parlé, ils ont rendu témoignage parce qu’ils ont cru que Jésus est ressuscité. Mais cette foi n’a pas été sans difficulté. Comme pour l’apôtre Paul qui après avoir persécuté les premiers chrétiens à cause de leur foi en Jésus, a lui-même été rencontré par Jésus-Christ.

– Mais essayons d’imaginer ces premiers chrétiens en train de parler de leur foi en Yeshoua, en Jésus juste après sa mort et sa résurrection.

Intervention après les dialogues de la Comédie musicale et le chant « Aime-toi »

R. Benz : J’ai cru c’est pourquoi j’ai parlé. Je me suis su aimée, c’est pourquoi j’ai crié, chanté, dansé ma vie avec d’autres. La foi est rencontre de vie.

La foi n’est pas quelque chose qui vous tombe sur la tête comme une tuile, une sorte d’élan de crédulité naïve qui nous dispenserait de toute réflexion. « La foi vient de ce que l’on entend de la parole du Christ, » dit l’apôtre Paul. Elle a un objet, ou plutôt un vis-à-vis. Or vous conviendrez qu’il ne peut y avoir de vis-à-vis, sans rendez-vous, sans parole, sans connaissance. C’est pourquoi, nous avons constamment à relire, à méditer, à étudier ce texte pour y confronter l’image que nous nous faisons de Dieu.

Celle d’un Dieu dur qui me prive, qui m’oublie, qui me juge, qui exige sans rien donner, qui cultive la peur de la mort ? Celle d’un Dieu qui devrait tout faire à ma place, qui devrait résoudre magiquement les problèmes du monde, enlever toute souffrance ?

Même si des siècles nous séparent de la personne de Jésus, en lisant la Bible, je peux découvrir Dieu.

Comme l’a vécu l’écrivain et philosophe bien connu Eric Emmanuel Schmitt, auteur entre autres du Visiteur et de l’Evangile selon Pilate. Il n’hésite pas à dire qu’il a rencontré la présence de Dieu dans une nuit où il s’était perdu dans le désert et qu’il a ensuite dévoré les Evangiles. Alors il s’est rendu compte que le Dieu qu’il a rencontré est celui de Jésus-Christ ce Dieu qui n’a pas d’autre puissance que celle de l’amour, de l’amour qui va jusqu’au don de la vie.

C’est cet amour-là qui appelle notre réponse. Comme l’ont fait ces témoins qui ont été rencontrés par le Christ ; telles ces trois femmes de l’Evangile que vous venez d’entendre dans l’extrait de la comédie musicale que nous avons appelées Magda, Shalomit et Baba.

Magda, trompée et bafouée, qu’on veut lapider, trouve sa dignité de femme dans la rencontre de Jésus, qui lui déclare : va, je ne te condamne pas. Va, tu peux ouvrir ta vie à une relation vraie où tu n’es plus un objet entre les mains des autres. La foi de Magda est accueil de cette parole.

Shalomit, soupçonnée et jugée, parce qu’elle est aimée, découvre la liberté. Jésus lui dit : va, tes péchés sont pardonnés, va, ta foi t’a délivrée de la culpabilité et du jugement. La foi de Shalomit la rend libre.

Baba, l’étrangère repoussée, ne se résigne pas ; elle hurle sa douleur de mère , elle s’obstine à demander guérison et compassion sans lâcher prise. La foi de Baba se manifeste dans un immense désir de vivre.

Pour chacune d’elles, la foi est liée à la rencontre personnelle de Jésus ; elle se fonde sur une parole entendue, reçue qui les réhabilite dans leur dignité, leur liberté et leur désir.

Aujourd’hui ces témoins nous parlent encore, mais aussi tous ceux et celles qui au travers des siècles nous ont transmis la foi, dans leur humanité souvent faillible ; des vases d’argile.

J.-D. Balet : Ce vase d’argile c’est moi ! Oui, je suis terrien… fait de terre et vivant sur la terre.

La première page de la Bible, au livre de la Genèse, nous dit : « Dieu prit de la terre, il la modela et « fabriqua » l’homme . Comme un potier travaille l’argile, de ses mains, Dieu pétrit la terre pour faire l’homme… cela signifie que je sors de la main de Dieu que je porte en moi, dans ma chair – dans mon corps – les traces, l’empreinte des mains de Dieu.

Sur chaque homme figure la marque de fabrique, la signature de l’artiste : « Made by God » fait par Dieu.

Nous le savons tous, la signature donne la valeur à une œuvre d’art : Un Picasso, un Van Gogh, un Maurice Denis (cette superbe toile que nous avons dans le chœur de notre église) … je suis un… « Dieu » … Ce qu’il y a d’extraordinaire, d’inouï, frères et sœurs, c’est que chacun de nous porte la signature de Dieu. Chacun des six milliards d’êtres humains qui peuplent actuellement notre terre est unique, a une valeur inestimable car il vient de Dieu !

Mais la Bible, la Parole de Dieu nous révèle un mystère encore plus grand. Dieu modela l’homme à partir de la terre et lorsque l’homme fut façonné, Dieu posa sa bouche sur les narines de l’homme et il souffla… comme s’il jouait d’un instrument de musique et l’homme reçut l’haleine de vie de Dieu, il devint un « Vivant ».

Dans ce vase, comme au cœur de chaque être humain, il y a une lumière. Cette lumière c’est la vie de Dieu déposée en nous…

Dieu est incroyable !

Il nous fabrique comme un potier, il nous donne sa propre vie en nous donnant son souffle et…comme les hommes sont sourds et aveugles, durs comme de la pierre, Dieu décide de venir habiter chez nous. Dieu a épousé notre humanité, il a pris tous les risques pour « rencontrer » l’homme sur son terrain, il est venu – nu -, homme au milieu des hommes, naître chez nous… c’est le mystère de Noël !

Tout ce chemin, Dieu l’a fait par amour… alors moi aujourd’hui, je veux être comme ce vase d’argile, je choisis de laisser la Lumière de Dieu passer à travers moi.

Oui je veux être comme Baba, Shalomit et Magda, je veux être témoin, je veux dire par ma vie que Jésus est vivant. Au cœur de mes fragilités, de mes doutes, de mes faiblesses, une lumière brille… cette lumière vient de Dieu.

Oui Seigneur, dans nos obscurités, allume ce feu qui ne s’éteint jamais !

 

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