Messe du 3ème dimanche de l’Avent

 

Abbé Bernard de Chastonay , le 14 décembre 2008, à la cathédrale de Sion
Lectures bibliques :
Isaïe 61, 1-2.10-11; 1 Thessaloniciens 5, 16-24; Jean 1, 6-8.19-28 – Année B

Chers auditeurs de la Radio suisse romande, chers malades, chers paroissiens, chers frères et sœurs dans le Christ,

Imaginez que vous soyez témoins d’un accident de la circulation : gros dégâts matériels, heureusement que des blessés légers. Vous serez sûrement interrogés par l’un des gendarmes venus sur place pour dresser le constat de l’accident. Qu’attendra-t-il de vous ? Que vous lui relatiez le plus exactement possible ce que vous avez observé.
Imaginez maintenant encore que vous ayez assisté à l’accident après avoir quitté un apéritif festif de fin d’année ; vos idées ne sont plus très claires et vous n’êtes plus très sûr de ce que vous avez réellement vu. Le gendarme qui vous interroge s’en aperçoit et, de suite, votre témoignage perdra de sa crédibilité ; peut-être même ne pourra-t-il pas être retenu !
Ainsi donc ce que l’on attend de tout témoin, c’est qu’il rapporte avec simplicité mais aussi avec beaucoup d’exactitude ce qu’il a vu ; voir et relater : telles sont les deux fonctions d’un témoin

Ce troisième dimanche de l’Avent nous donne à contempler, comme dimanche passé, un témoin : le prophète Jean, le Baptiste. Comme tout témoin, il est appelé à dire ce qu’il a contemplé, à dire ici plutôt Celui que Dieu lui donne à contempler.

Car à la différence de notre témoin de tout à l’heure, qui a observé par hasard un accident de la circulation, Jean est en mission. Dieu l’a choisi pour accomplir une tâche bien particulière : rendre témoignage à la Lumière. Une lumière qui se trouve maintenant au milieu de son peuple : au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. Le temps presse : dimanche passé, le prophète annonçait celui qui devait venir derrière lui, aujourd’hui il nous désigne Celui qui est déjà au milieu de son peuple. Il importe donc toujours que nous soyons en état de veille. Il nous faut guetter tous les signes de la venue parmi nous du Messie attendu.

Douteriez-vous que Jean soit un témoin véritable ? Alors, rassurez-vous : le simple fait que les autorités religieuses juives de l’époque lui envoient une délégation de prêtres et de lévites pour l’interroger nous en donne l’assurance ; Jean est bel et bien un témoin qu’ils souhaitaient rencontrer et qu’il nous faut entendre à notre tour. Les questions qu’on lui pose ce jour-là reflètent l’état d’esprit des gens de son temps : ils attendaient le Messie pour tout bientôt, attente d’une venue imminente, attente marquée d’une impatience certaine chez quelques-uns, au point qu’on crût le reconnaître à plusieurs reprises, mais à tort. Certes, cette attente était justifiée ; elle s’appuyait sur les Ecritures, en particulier le prophète Malachie : Voici que je vais vous envoyer Elie le prophète, avant que n’arrive le jour de Yahvé, grand et redoutable. Ou encore sur le livre du Deutéronome, lorsque Yahvé dit à Moïse : C’est un prophète comme toi que je susciterai au milieu de leurs frères.

Et les questions se bousculent : Es-tu le Messie ? Ou bien Elie ? Ou bien encore le Grand Prophète ? Jean-Baptiste répond honnêtement à toutes ces questions par la négative : il n’est ni l’un ni l’autre ; il n’est que le témoin, cette voix qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin, comme a dit le prophète Isaïe. Preuve de son honnêteté : Jean ne se réfère ni à Malachie, ni au Deutéronome, mais au prophète Isaïe. Un prophète qui annonçait la libération prochaine du peuple d’Israël retenu en captivité à Babylone ; c’est le Seigneur Dieu lui-même qui allait prendre la tête de son peuple pour le ramener en Terre promise. Ce texte était lu, au temps de Jean le Baptiste comme l’annonce de la venue prochaine du Messie. Et c’est bien ainsi que Jean l’utilise : le Messie est tout proche, il est déjà au milieu de son peuple, lui, Jean, n’est que le témoin de sa présence, il n’est que la voix qui l’annonce.

Voilà que se dessine désormais pour nous une autre qualité que doit revêtir le guetteur, le veilleur ; à la sobriété de son style de vie, à la recherche en tout d’une certaine simplicité, il faut joindre l’humilité : la voix n’est pas la Parole, le lampadaire n’est pas la lumière qu’il porte.

Et quelle humilité ! Non seulement Jean Baptiste ne s’estime pas digne de délacer la courroie de la sandale de Celui qui vient, mais il avouera lui-même ne pas encore le connaître vraiment : je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, c’est lui qui m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit-Saint.

Attitude humble ; nous pouvons désormais accueillir et contempler la crèche de notre église ; elle a été construite par les jeunes de Cité-Printemps, un centre d’accueil et d’éducation spécialisée situé sur notre paroisse. Les enfants ont décoré chaque tuile du toit de cette crèche, un toit multicolore qui reflète  à merveille l’imagination et la fantaisie des jeunes. Mais l’originalité de cette construction se trouve dans son immédiate proximité : un porte-habits  auquel sont suspendus quelques objets d’enfants, dont un cartable scolaire et, sur une petite estrade, une frêle poupée confortablement calfeutrée sous une couette, avec une petite bouilloire à ses côtés, comme pour mieux supporter les températures hivernales de notre cathédrale !

Une manière pour les enfants de Cité-Printemps de nous dire qu’ils sont là, présents ce matin avec nous, et qu’ils ont besoin de chaleur humaine et de tendresse pour bien grandir. Ce sont ces enfants qui nous indiquent ce dont nous devons le plus témoigner dans le monde : de la tendresse de Dieu. C’est cette tendresse que Jean le Baptiste s’est efforcé de faire découvrir à tous ceux qui venaient l’écouter : en désignant le Christ comme le Messie attendu, il manifestait le lieu où se révélerait par excellence la tendresse de Dieu :

Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut,
tu marcheras devant, à la face du Seigneur et tu prépareras ses chemins,
pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés,
grâce à la TENDRESSE, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut,

pour conduire nos pas au chemin de la paix.

La tendresse, voilà le mot clé de notre agir de chrétien ; il devrait peupler l’horizon de tous nos choix, de toutes nos actions, de toutes nos prières, de toutes nos relations.
A leur manière, les jeunes de Cité-Printemps nous en ont indiqué la source : il n’y a de tendresse véritable que celle qui trouve sa source en Dieu. En bons veilleurs, soyons prêts à l’accueillir, prêts à la partager.

Amen

 

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