Célébration oecuménique pour la semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Homélie à quatre voix

Pasteure Jane Haapiseva, abbé Jean-François Cherpit, Emmanuel Spring, diacre, et Naomi, au Centre oecuménique de Cugy, VD, le 21 janvier 2001.

Lectures bibliques : Isaïe 60, 4-7; Hébreux 13, 8-9

Introduction par Emmanuel Spring

 

Dans la tradition juive, lors du repas de la pâques, il y a toujours un temps d’enseignement de la part du père de famille. A la fin du repas, il revient au plus jeune des enfants de s’approcher de son père et de lui poser des questions concernant Dieu.
C’est en suivant cet exemple que j’ai demandé à Naomi, la benjamine de mes filles, de venir poser ses questions concernant les textes d’aujourd’hui.

Emmanuel : Naomi, les versets de la Bible que nous venons de lire sont extraordinaires, mais ils sont aussi bien difficiles; est-ce que tu as remarqué quelque chose que tu trouves important ? Si tu devais garder une seule phrase, ce serait laquelle ?

Naomi : Il y a justement une phrase que j’ai bien aimé et que je comprends pas bien. Après que Jésus aie dit qu’il allait préparer un endroit pour les disciples, les disciples disent qu’ils ne peuvent pas y aller parce qu’ils ne connaissent pas le chemin. A ce moment, Jésus leur dit : Je suis le chemin, la vérité et la vie.

Emmanuel : C’est vrai Naomi, et Jésus ajoute même qu’il n’est pas possible d’aller vers Dieu sans le suivre. C’est pour cela que Jésus est vraiment celui qui est à la tête de l’Eglise, celui qui nous donne une vie nouvelle en communion avec Dieu.

Naomi : Mais justement, Jésus dit qu’il est le chemin; mais comment est-ce possible d’être en même temps un homme et un chemin ?

Emmanuel : Lorsque l’on se promène, il y a beaucoup de possibilités; on peut suivre une grande route par exemple, un petit chemin ou même un sentier. Parfois, il n’y a même rien de tracé lorsqu’on traverse une forêt, un champ, une jungle ou un désert. Mais nous avançons quand même. Lorsqu’il y a un chemin on peut le suivre; des fois on suit un chemin qui se perd, mais des fois aussi on suit un chemin parce que l’on sait vers quel but on va, il y a quelque chose au bout.
Le peuple juif a été 40 ans dans le désert sans connaître le chemin à suivre; on les appelait alors les Hébreux, ce qui veut dire « traversant ». Ils traversaient le désert pour aller dans le pays promis par Dieu, mais ils ne connaissaient pas le chemin à suivre. C’est Dieu lui-même qui les conduisait, mais c’était évidemment très difficile pour eux car Dieu n’est pas une carte de géographie que l’on peut tirer de sa poche.
Quand Jésus a vécu sa vie d’homme, il a beaucoup parlé et expliqué comment faire pour trouver Dieu et vivre comme un enfant de Dieu. Alors pour nous, nous devons mettre en pratique ce qu’il nous dit et, en faisant cela, nous suivons Jésus, comme si nous suivions un jeu de piste où à chaque poste il y a une indication pour mieux vivre.

En suivant Jésus, on marche tous les jours dans ses pas, on écoute et on lit sa parole, on lui obéit et on se laisse conduire avec confiance, parce que si nous croyons en lui, nous pouvons être sûr qu’il nous amènera près de Dieu. Et si on est vraiment très proche de lui, si l’on réussit à vivre ce qu’il nous a dit, alors on peut le connaître vraiment (quand je dis connaître, ce n’est pas seulement par la connaissance et l’intelligence, mais c’est entrer dans une relation intime avec lui, comme deux personnes qui s’aiment).
Lorsqu’on peut aimer pareillement Jésus, à ce moment nous pouvons voir Dieu et le connaître; c’est pour cela que Jésus dit que personne ne peut voir Dieu, s’il ne le voit pas.

Dans le monde, il y a beaucoup de gens qui n’ont pas entendu parler de Jésus, mais je crois que s’ils vivent déjà ce que Jésus nous demande de faire, c’est comme s’ils le connaissaient eux-mêmes et ils peuvent quand même voir Dieu, même si c’est plus difficile car ils n’ont pas un chemin qui a déjà été expliqué.
Mais lorsqu’on connaît Jésus directement avec nos cœurs, qu’on désire l’aimer de toutes nos forces, on reçoit directement de sa part une nouvelle vie, une vie où Jésus est toujours avec nous, une vie où l’esprit de Dieu nous aide à recevoir la joie et la paix, malgré toutes les difficultés.

C’est comme cela que Jésus peut être un chemin pour les disciples, c’est-à-dire tous ceux qui veulent le suivre ; pas seulement un chemin pour suivre ce qu’il nous a appris, mais aussi le chemin dans lequel nous devons entrer, – entrer dans le cœur de Jésus et faire entrer Jésus dans notre cœur -, pour vivre avec Dieu.
Est-ce que cela te convient comme réponse ? Tu vois mieux maintenant pourquoi un homme comme Jésus peut montrer à toute l’humanité comment trouver le chemin vers Dieu ?

Naomi : Oui, je comprends un peu mieux; mais c’est quand même difficile !
Mais Jésus dit aussi : Je suis la vérité. Au catéchisme on a vu que, quand Pilate a demandé à Jésus : Qu’est-ce que la Vérité ? Jésus ne lui a rien répondu. Alors c’est quoi la vérité?

Jean-François Cherpit : Jésus vient en ce monde pour rendre témoignage à la Vérité, c’est ce qu’il dit à Pilate dans l’évangile de Jean au chapitre 18. Il vient comme témoin d’un Royaume qui n’est pas de ce monde, mais qui pourtant existe bel et bien et qui se nomme « Vérité ». Jésus en est l’image vivante et pour cela on peut dire qu’il est lui-même la vérité, qu’Il en est l’incarnation. Dans l’Esprit Saint, en trois grandes et belles étapes Jésus nous ouvre, au long des évangiles, à ce mystère de vérité. D’abord, dans l’évangile de Matthieu, au chapitre 5, verset 17, Il va dire: Je ne suis pas venu abolir la loi mais l’accomplir.

En accomplissant la loi et les annonces des prophètes, en donnant corps à la Parole que Dieu avait dite au travers des 2000 ans d’histoire avec son peuple, Jésus donne un premier visage à la vérité : celui de l’accomplissement de la volonté du Père en parfaite obéissance.

La deuxième étape que Jésus nous propose pour mieux saisir l’ampleur de la vérité, c’est lorsqu’il dit dans l’évangile de Matthieu, chapitre 11, verset 27: Nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler. Ce deuxième visage donné par Jésus à la Vérité est celui de la révélation. Le Père révèle, fait la lumière sur lui-même en envoyant son Fils. Il se rend visible, audible, accessible, palpable même. Par là, Jésus révélé à son tour par le Père, peut révéler chacun de ses disciples à sa propre dimension, à sa propre identité, à sa propre mission, à sa propre vérité. Il conduit à la connaissance en naissant en l’homme, en naissant au cœur de l’humanité.

La troisième étape offerte par Jésus se résume aussi en une petite phrase choc de l’évangile de Jean, au chapitre 8, verset 31: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes mes disciples, vous connaîtrez alors la vérité et cette vérité fera de vous des hommes libres. Par le don de lui-même, Jésus, Parole de Dieu faite homme, devient le seul et unique maître à suivre. Il ouvre les intelligences, il comble d’amour divin tous les cœurs désireux, il fait prendre conscience de notre vraie nature en tous ses aspects, il prend sur lui notre péché en devenant sauveur et rédempteur de toute la création. Ce dernier visage que Jésus donne à la vérité est celui de la libération.

Trois visages, l’accomplissement, la révélation et la libération pour répondre à Pilate qui avait bien mal posé sa question. La vérité n’est pas une chose, ni moins encore un sentiment. La vérité c’est le cœur même de la Parole incarnée, c’est Jésus lui-même, avec toute la complexité de sa personne humaine et divine.
J’espère que ma réponse te suffit, Naomi, et que toi aussi tu pourras dire avec moi « Jésus est la vérité !  »

Naomi : C’est vrai, je suis d’accord avec toi. Mais il a encore une chose qui n’est pas très claire. Jésus dit aussi Je suis la vie. Mais c’est pas possible, Jésus n’est pas une maman ! Il ne peut pas donner la vie !

Jane Haapiseva : Alors pour cela, Naomi, c’est moi qui vais te répondre ; je suis moi aussi une maman, mais je crois vraiment que Jésus est la vie, qu’il donne la vie.

C’est deux questions que tu poses. Je réponds d’abord à la deuxième. Comment est-ce que Jésus peut donner la vie alors que ce n’est pas une maman ? Ici Jésus ne dit pas « Je donne la vie. » Il dit « Je suis la vie. » Par là donc il n’entend pas la vie biologique, la nouvelle vie d’un bébé, que ce soit d’une mouche ou d’un enfant humain. Non, il parle d’une vitalité profonde, d’une vie riche que toi et moi pouvons avoir, riche en aventures et en bonnes expériences. Nous avons cette vitalité lorsque nous sommes en chemin avec Jésus, lorsque nous sommes tellement près de lui, sur son chemin, que nos deux vies se confondent. Lors de ton baptême, tu vois, il y a eu comme sa vie qui a commencé en toi et par toi, si tu veux bien le laisser s’exprimer par ta vie. Quelqu’un qui en savait quelque chose, l’apôtre Paul, l’a exprimé de cette manière : ce n’est pas moi qui vis mais Christ qui vit en moi.

Alors, quant à ta première question, « c’est quoi la vie ? » : c’est justement cette vie profonde et formidable qui fait que notre vie ordinaire devient vraiment intéressante. Jésus dit qu’il est cette vie en toi, cette vie qui te fait grandir intérieurement et qui ne finira jamais; cette vie qui fait que tu sois près de Dieu, assez près pour savoir même comment Il est, Dieu. Comme ça tu feras beaucoup mieux que d’avoir tout simplement de bonnes et correctes idées de Dieu; tu pourras les tester dans ta vie à toi. Ce qu’on t’a dit de Dieu, tu pourras voir ce que ça fait pour toi et par toi. Tu pourras juger la valeur de cette vérité sur les bases solides de ta propre vie, des faits que personne ne pourras réfuter.

Naomi : Ah oui alors, je comprend mieux pourquoi Jésus peut dire qu’il est la vie. Comme ça, à vous trois, vous avez répondu à toutes mes questions et j’aimerai bien essayer de vivre avec Jésus ce que j’ai appris ce matin.

Emmanuel : Tu as bien raison Naomi de dire  » je vais essayer « , parce que c’est difficile de suivre Jésus sur un chemin comme celui qu’il nous indique. Nous ne sommes pas parfaits et nous avons tous nos faiblesses ; mais par contre nous pouvons nous améliorer, devenir meilleurs en faisant ce qu’il nous a dit. Et Jésus sera avec nous pour nous aider, parce qu’il sait que c’est difficile; il a lui aussi vécu comme un homme et lorsqu’il est parti, il nous a laissé le Saint Esprit pour qu’on puisse être inspiré dans tout ce que nous faisons. C’est ainsi que le monde deviendra meilleur, c’est ainsi que nous pourrons mieux vivre jusqu’à ce que le monde devienne le véritable Royaume de Dieu.

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