Messe du 7e dimanche de Pâques

 

Abbé Jacques Oeuvray, église de Courtedoux, le 16 mai 2010
Lectures bibliques :
Actes 7, 55-60; Apocalypse 22, 12-20; Jean 17, 20-26 – Année C

 

 

« MON PAPA A MOI… il est fort ! … tu verrais ça » !
« Et le mien, il est très intelligent, très savant… c’est un ingénieur… »
Le troisième : « Le mien, il a plein de diplômes … et il est ministre du Gouvernement jurassien » !

Vous en avez tous entendu, mes frères et sœurs,  de ces discussions de gosses où chacun, en parlant de son père, essaie de renchérir sur le copain pour avoir une raison d’être encore plus fier que lui de son père, fier d’être le fils d’un tel père.
Jésus, Lui, nous venons de l’entendre, n’a pas voulu se réserver de façon exclusive sa gloire de Fils de Dieu, la gloire, la fierté d’avoir Dieu Lui-même pour Père : Il a voulu, dans toute la mesure du possible, nous associer à cette gloire, à cette fierté, comme Il veut nous faire communier, nous l’avons entendu également, à l’amour que le Père a pour Lui, comme Il veut que nous communions à la joie qu’Il goûte auprès du Père  : « Je veux que là où Je suis, mes disciples soient avec Moi… Je leur ai donné la Gloire que tu m’as donnée … Je leur ai révélé ton Nom (ton Nom de Père) pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux » !

Voilà ce que Jésus demande pour nous tous, les croyants, dans cette prière d’action de grâces, après la première de toutes les messes, le Jeudi Saint. Et la gloire qu’il veut nous donner n’a rien à voir avec la gloriole. Le mot « gloire », dans la bible, veut dire le poids de vie, le poids de vérité, la valeur d’une vie aux yeux de tous. Il veut dire : tu comptes pour moi plus que tout.
Je suis, j’existe, parce quelqu’un m’a aimé et m’a convoqué. Nous sommes ensemble parce que Dieu nous appelle à partager sa perfection. Et cette perfection, c’est le bonheur et ce bonheur, c’est d’être aimé, c’est d’aimer autant qu’on est aimé, c’est d’être relié, c’est de connaître la confiance et la réciprocité, c’est de ne faire qu’un avec d’autres êtres humains. C’est de vivre une communion dont l’eucharistie d’aujourd’hui est la nourriture discrète et cachée mais bien réelle et fondamentale.

Et cela commence déjà au niveau de la famille : vivre un couple harmonieux, vraiment uni, au cœur d’une famille multiple et harmonisée. Cela continue dans le travail : que les relations y soient respectueuses et de partenariat pour une réussite commune qui profite à tous équitablement, cela se poursuit dans la vie politique et sociale : « unis dans la diversité ».
C’est la devise de l’Europe et cela n’est autre que le modèle même de la Trinité, ce dont nous parle Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui : « qu’ils soient un comme nous sommes un ».
C’est aussi la fierté de notre adoption divine ! Nous glorifier d’avoir pour Père, Dieu Lui-même !… Écoutez ce que disait saint Augustin : « Quel ne serait pas son bonheur si on venait dire à un pauvre exilé qui ne connaît ni sa famille, ni sa race, et qui se trouve dans le dénuement complet, dans la pauvreté, la peine et la misère, quel ne serait pas son bonheur si quelqu’un venait tout à coup lui dire :
« Tu es fils d’un sénateur, ton père dispose en ta faveur d’un riche patrimoine. Viens, Je te ramène à ton père ! » Comme il bondirait de joie, ce pauvre homme, s’il était sûr que c’est bien vrai et que celui qui lui fait de si belles promesses lui dit bien la vérité ! Eh bien ! L’Apôtre du Christ, qui n’est pas un menteur, est venu et il nous a dit : « Pourquoi vous désespérer, pourquoi vous affliger comme ça, pourquoi vous consumer de chagrin, pourquoi tomber dans la misère en suivant vos mauvais instincts ? Vous avez un Père, vous avez une patrie, vous avez un patrimoine, un riche héritage. » Celui qu’Etienne, le premier martyr, entrevoyait  au moment où il remettait son esprit dans la confiance au Christ, son Seigneur.
Quel est donc ce Père ? « Mes bien-aimés, nous sommes les fils de Dieu ». Voilà ce qu’écrit encore saint Augustin, dans son Commentaire sur les psaumes.
Quel honneur ! Quelle gloire ! Quelle chance : avoir Dieu Lui-même, le Dieu Infini, comme Père. C’est la Gloire, la fierté de Jésus-Christ, c’est la nôtre puisqu’Il a bien voulu nous faire participer à sa filiation divine. Que l’Esprit de Jésus, donné à ses disciples à Pentecôte, vienne aussi nous éclairer et nous fortifier dans cette certitude d’être enfants de Dieu et aimés de lui. Qui que nous soyons.
Amen

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