Messe du 4ème dimanche du temps ordinaire

 

Chanoine Alexandre Ineichen, abbaye de Saint-Maurice, le 31 janvier 2010
Lectures bibliques :
Jérémie 1, 4-5, 17-19; 1 Corinthiens 12, 31 – 13,13; Luc 4, 21-30 – Année C

 

 « Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées. »

Chers frères et sœurs, chers auditeurs, tous les passages de l’Ecriture que nous avons entendus en ce dimanche parlent du prophète comme d’un homme, non seulement annonçant l’avenir, mais aussi l’accomplissant en Jésus-Christ. Ainsi, pour éclaircir la mission du prophète, Jérémie se compare à une ville fortifiée entourée d’un rempart de bronze et pourvue d’une colonne de fer, et cela non seulement au moment même de son mandat céleste, mais dès le sein de sa mère. Aussi est-il essentiel pour bien comprendre la prédication évangélique de saisir ce qu’est un prophète. D’ailleurs dimanche passé, lorsque Jésus se rendit à la synagogue de Nazareth pour commenter les Ecritures, ne dit-iI pas que les prophéties d’Isaïe s’accomplissaient en lui. Alors, si les prophètes prédisent, certes, l’avenir, il ont aussi comme charge d’annoncer la grâce divine et promise. Tous les prophètes de l’Ancien Testament manifestent par leurs paroles et leurs actes l’accomplissement futur du Verbe de Dieu. Et Jésus n’échappe pas à cette figure, nous le voyons bien, puisque toujours il justifie ses actions par la Loi et les Prophètes. Le message de grâce qui sortait de la bouche du Christ et les miracles qu’il a faits malgré le cœur dur et la nuque raide de ses compatriotes sont là pour rendre témoignage du bouleversement qu’apporte le Messie qui est venu habité notre chair. Jésus est donc le prophète de sa divinité. La parole qui a retenti en Galilée il y a deux mille ans est le Verbe de Dieu c’est-à-dire Dieu lui-même.

Mais les gens de Capharnaüm continuent d’interroger le fils de Joseph car ils sont lents à croire, comme notre monde, comme nous aujourd’hui. Cependant, nous le savons et nous y croyons, Jésus est un prophète, et il l’est en plénitude. Comme une ville fortifiée, comme une colonne de fer, un rempart de bronze, Jésus, non seulement envisage le futur, mais aussi est-il d’abord seul face à ses contradicteurs, aussi est-il ensuite le seul qui peut donner la vie en plénitude, parce que le Christ est la parole libératrice et libérée et parce qu’il agit en vérité. Ces deux attitudes : proclamer la Bonne Nouvelle et marcher dans une voie supérieure à toutes les autres, celle de la charité, définissent ainsi l’Evangile et la vie de l’Eglise. Saint Paul l’a magnifiquement exprimé dans sa première lettre aux Corinthiens. Parlerions-nous toutes les langues de la terre et avec le plus d’éloquence possible, nos paroles résonneraient comme une cymbale retentissante. Aurions-nous tous les moyens à notre disposition pour sauver toute la misère du monde, s’il nous manque la charité, cela ne sert à rien. Et en considérant l’image que le monde se donne de lui-même, j’ai le troublant sentiment que saint Paul a bien vu nos faiblesses. Combien avons-nous de possibilités de propager le message évangélique avec les moyens modernes mis à notre disposition ? Combien nous sommes d’accord de donner à telle ou telle action, et c’est bien, mais au moment où nous devrions nous engager vraiment la cymbale reste sans voix. Oui, la charité est la voie la meilleure, non seulement pour l’Eglise, mais aussi pour le monde car l’Evangile est l’unique ferment qui fera lever toute la pâte humaine.

Alors Jésus passe au milieu d’eux comme une colonne de fer. Elle est visible de partout et devra encore et encore éclairer le monde de sa lumière. L’Evangile doit et devra toujours être annoncé à temps et à contretemps. En élevant la coupe du salut et en rompant le pain, l’Eglise veut exprimer sa foi en ce Jésus, notre Seigneur et notre Dieu.

Alors Jésus passe au milieu d’eux comme un rempart de bronze. Par ses miracles, par sa divinité, Jésus intercède pour toute l’humanité. En renvoyant ici et maintenant chacun d’entre nous après toute célébration, l’Eglise nous encourage à vivre de la voie la meilleure : la charité. Ainsi, par sa mort et sa résurrection, par ses miracles et le don de sa grâce, Jésus nous permet de devenir citoyen d’une ville fortifiée, et vous l’aurez compris, ce n’est pas une ville repliée sur elle même comme une forteresse, mais c’est la Jérusalem céleste dont l’Agneau immolé est le centre et qui ouvre ses portes de bronze à toute l’humanité.

 

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