Messe du 3e dimanche de l’Avent

 

Mgr Joseph Roduit, à l’église St-Michel, Martigny, le 17 décembre 2006
Lectures bibliques : Sophonie 3, 14-18; Philippiens 4, 47; Luc 3, 10-18 – Année C

Que devons-nous faire ? Nous réjouir !

Avant Noël, il n’est pas rare que des enfants écrivent naïvement au Père-Noël pour lui demander un cadeau.
Elle est émouvante et profondément réaliste la lettre de cette fillette qui écrivait :
“Cher Père Noël. Chaque année, mes parents me rappellent que tu n’es pas très riche. Et bien cette année, je ne te demande pas un cadeau qui coûte des sous. Je te demande simplement de mettre le sourire sur les lèvres de mon papa. Si mon papa me souriait ce serait déjà un très beau cadeau”.

Naïfs les enfants ? Vous l’avez entendu : pas forcément. Sans doute ne faut-il pas généraliser, mais il est certain que les enfants ont besoin du sourire de leurs parents. Dans une société de plaisirs, nos enfants demandent la joie.

Dans une société qui a misé sur le plaisir, sur “le tout et tout de suite”, il est plus difficile de trouver les vraies joies. Devant une publicité de dupes, devant les étalages alléchants, comment s’y prendre avec les enfants ? L’offre est si abondante que le renoncement en devient plus difficile. On se prive bien plus facilement quand il y a peu de choix.

Tous les progrès réunis ne suffisent pas à créer la joie. Tout ce qu’on peut posséder matériellement ne peut garantir la joie. On envie ceux qui annoncent des millions de bénéfices, sont-ils vraiment plus heureux que vous et moi ? Au contraire, ils ont certes plus de plaisirs, mais aussi bien plus de soucis.

Nous pouvons nous poser la question : Qu’est-ce qui nous réjouit ? Qu’est-ce qui nous attriste dans la vie ? Chacun sait qu’il est impossible de traverser la vie sans tristesse, ni peine ni douleur. Mais on doit apprendre à dépasser la tristesse. Aucun parent n’a jamais dû apprendre à un enfant à pleurer, à se plaindre, à geindre ! Cela il sait le faire tout seul !

Mais on doit lui apprendre les joies, les vraies joies, souvent acquises au prix de bien des efforts. Pour les adultes, c’est pareil. Les raisons de se plaindre, nous en avons tous les jours. Mais les raisons de nous réjouir, il faut les découvrir, les révéler aux autres. Car à rendre heureux, on devient heureux. Pour celui qui est triste, il n’est meilleur remède que de trouver une autre personne à réjouir. Le don de soi réjouit. On le sait bien : il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Une journée où on n’a causé aucune joie est une journée gaspillée pour ne pas dire perdue.

Vous me rétorquerez : il n’est pas facile de se réjouir quand on se trouve dans des situations douloureuses telles que le deuil, l’affront, l’injustice, la séparation, les catastrophes. Certes. Pourtant, si on n’a plus de ressort pour se réjouir, on risque de s’enfoncer dans le malheur et de ne plus voir les raisons de se réjouir.

Prenons deux exemples.
Si on est persécuté, peut-on se réjouir ?
Et bien le prophète Sophonie vous dirait OUI.

Sophonie vivait en Israël au 7ème siècle avant Jésus-Christ, au temps de Josias, un roi impie qui persécutait et tuait les prophètes, menaçait Sophonie. Et bien, malgré ces persécutions, Sophonie termine son livre par des cris de joie, des appels à l’espérance et à la confiance. Vous l’avez entendu dans le première lecture : “Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem.”
Sophonie nous démontre que la joie est possible même dans la persécution.

Un autre exemple :
Quand on est en prison, est-on porté à la joie ou à la tristesse?
Et bien, saint Paul nous démontre aujourd’hui qu’on peut être heureux et donner de la joie même en prison. Quand il écrit aux Philippiens, il est persécuté, emprisonné injustement et il en appelle à la joie !
Quelle force de caractère ! Mais surtout quelle grâce !
“Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur : laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes !”

Dans un monde tel que le nôtre où il est de bon ton de prêcher la morosité, dans un monde où les mauvaises nouvelles nous sont déversées en vrac dans les journaux, à la radio et à la télévision, dans un tel monde, peut-on encore être heureux ? Peut-on prêcher la joie ?

Avec Sophonie, avec saint Paul qui n’étaient pas mieux lotis que nous, je réponds OUI.

Je pense même que c’est un manque de foi et de confiance que de passer son temps à se plaindre de tout ce qui va mal dans le monde. Il y a un regard de foi à poser sur notre monde.

Là où d’autres ne voient que des ruines, nous pouvons voir un chantier pour rebâtir, pour restaurer.

Là où d’autres ne voient que des malheurs, nous pouvons découvrir les raisons d’espérer.

Là où d’autres ne parlent que de profit, on peut découvrir des solidarités à vivre. Plus que de paroles, nous avons besoin de témoins de la joie. C’est un des sens du Forum 456.

Les personnes mises en scène dans l’évangile de ce jour ne demandent pas à Jean-Baptiste : que devons-nous dire ? Elles disent : Que devons-nous faire ?

Aux questions posées, le précurseur ne donne pas d’explications, il dit : Faites.
Que devons-nous faire ? demande la foule. Jean répond : partagez.
Que devons-nous faire ? demandent les publicains, Jean répond : Soyez honnêtes.
Que devons-nous faire ? demandent les soldats. Jean répond : Respectez les personnes et contentez-vous de votre solde.

Finalement, la joie ne se trouve pas toute faite. Il faut la faire. Pratiquer le partage, l’honnêteté, le respect, comme demande Jean Baptiste, c’est assurément marcher vers la joie, c’est marcher vers Noël.

Plutôt que de nous plaindre, cherchons des motifs pour nous réjouir, surtout en procurant de la joie.

Que devons-nous donc faire ? Nous réjouir !

La fillette qui demandait au Père Noël le sourire de son père, ne demandait-elle pas l’essentiel !

 

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