Messe du 33e dimanche ordinaire



Abbé Henri Roduit, à l’église d’Isérables, VS, le 15 novembre 2009
Lectures bibliques : Daniel 12, 1-3; Hébreux 10, 11-18; Marc 13, 24-32 – Année B


Nous vivons un temps de crise, de remise en  question… Les textes de ce jour, écris dans des situations de persécution, même si leur style apocalyptique nous est peu familier, ont beaucoup à nous apporter.

L’extrait du livre de Daniel que nous venons d’entendre part de la situation des juifs persécutés entre 167 et 164 avant J-C. Le roi grec Antiochus 4 Epiphane règne sur Israël. Il veut introduire le culte paiën dans tout le pays et même dans le temple de Jérusalem. Sous la conduite de Judas Maccabées des juifs pieux se révoltent et prennent les armes pour défendre leur religion. Beaucoup meurent et certains sont des jeunes. La question se pose alors : « Où est la justice de Dieu pour ces martyrs ? Jusque là, en effet, les juifs croyaient à une justice de Dieu en ce monde, puisque tout finissait à la mort. Et c’est au cœur de ces circonstances tragiques que le peuple de Dieu s’ouvre à une nouvelle foi exprimée pour la première fois dans  le livre de Daniel. Dieu est le maître de la vie, il peut réveiller les morts et donner aux élus la vie éternelle. « Mais en ce temps là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront : les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelle ».  Dieu authentifiera les guides spirituels. « Les sages brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude resplendiront comme les étoiles dans les siècles des siècles ».

L’évangile de Marc part lui aussi d’une situation de persécution redoutable, spécialement celle que subissent les chrétiens de Rome sous l’empereur Néron. Dans un langage apocalyptique, il annonce à ceux qui sont dans l’épreuve une bonne nouvelle, l’avènement tout proche du Fils de l’homme victorieux, qui coïncide avec leur salut définitif. Il est intéressant de remarquer que le Fils de l’homme ne vient pas pour juger, comme on le dit souvent, mais pour rassembler les élus des quatre coins du monde, donc pour réaliser un salut universel.
Les disciples doivent reconnaître la proximité de ces événements, même si la date n’est pas connue. Ils ne doivent pas se laisser enfermer dans ce monde car le but de la vie est d’accueillir celui qui va venir dans la gloire réaliser le monde nouveau.

Que retenir pour nous de ces deux textes. La fin du monde n’est pas une menace mais bien au contraire le salut pleinement réalisé par Jésus-Christ, le Fils de l’homme. Il s’agit de se détourner de toute spéculation sur le moment de la fin du monde et consacrer ses énergies à s’y préparer.
Comment nous y préparer : ne pas fuir dans le futur mais accueillir l’aujourd’hui de Dieu qui ne cesse de venir dans nos vies d’homme. Au cœur de nos existences marquées aussi bien par des événements tragiques, des détresses en tout genre, que par des événements heureux : « les branches de figuier qui deviennent tendres », nous pouvons découvrir la présence du Christ ressuscité. Il nous ouvre au monde nouveau, monde d’amour gratuit et de pardon offert par Dieu et il nous permet en l’accueillant de refléter son amour.

Au cœur de l’épreuve peut surgir, comme un rayon de lumière dans la nuit, l’amour miséricordieux même envers les bourreaux. J’aimerais terminer cette homélie par la prière trouvée au camp de concentration de Ravensbruck sur un papier déchiré :
« Seigneur souviens-toi non seulement des hommes et des femmes de  bonne volonté mais aussi de ceux de mauvaise volonté. Ne te souviens pas seulement de toutes les souffrances auxquelles ils nous ont soumis. Souviens-toi des fruits que nous ont données ces souffrances :  camaraderie, loyauté, humilité, courage, générosité, grandeur d’âme, et de ce qu’elles nous ont inspiré. Et lorsque viendra le jour du jugement, permets à tous ces fruits que nous avons produits d’être leur pardon et leur Rédemption ».
Amen

 

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