Messe du 24e dimanche ordinaire

 

Abbé Pierre Rebetez et des témoignages, Collégiale de St-Ursanne, le 11 septembre 2005
Lectures bibliques : Sirac le Sage 27, 30 – 28, 7; Romains 14, 7-9; Matthieu 18, 21-35 – Année A


Introduction par l’abbé Pierre Rebetez,

Comme l’apôtre de Pierre, parfois exaspérés, nous posons la question « Combien de fois dois-je pardonner ? » Dans sa réponse, Jésus change de registre. Il quitte le livre des comptes.

Car l’univers de Dieu est celui de l’amour, de la gratuité, du pardon, de la tendresse. Combien d’années faut-il pour découvrir qu’avec Dieu on ne marchande pas ?

Quel que soit notre âge, Dieu nous offre de marcher avec lui sur le chemin d’une vie pleine, épanouie, sans regret.

C’est un chemin à découvrir. Deux responsables du mouvement chrétien des retraités vont en parler.

Puis leur aumônier romand nous dira encore à quel pardon l’Evangile nous invite.

Témoignage de Thérèse Blanchut, présidente romande

Il y a 16 ans, à 62 ans, je quittais un travail passionnant au service de la formation professionnelle de handicapés physiques. Ma retraite s’annonçait riche et intéressante puisqu’avec mon mari nous étions entourés de 5 enfants et de 12 petits-enfants.

Une amie m’a invitée à une rencontre de Vie Montante à laquelle j’ai assisté plutôt en curieuse. Certains s’étonnaient : « Tu ne vas tout de même pas aller avec ces vieux! »

C’est justement avec ces vieux que j’ai découvert le sens profond de la chartre du Mouvement : Amitié, Spiritualité et Engagement.

Des liens d’amitié solides et durables, avec de grands aînés riches d’expériences et de sagesse, avec de plus jeunes retraités chaleureux, m’ont appris combien cette étape de la vie est belle. Cette amitié m’a appris le partage en vérité de nos joies, de nos peines, et de nos difficultés à nous adapter à la modernité, aussi bien dans l’église que dans le monde. C’est cette amitié qui me permet de rester sereine et confiante dans les moments de tribulations que comporte toute vie de famille. C’est cette amitié qui me stimule pour rester active et inventive au sein du Mouvement.

Lire ensemble la Parole de Dieu, la méditer, en pétrir notre vie de tous les jours, est devenu pour moi une source intarissable de bonheur vrai et simple. Découvrir toujours mieux la présence de Dieu dans les situations les plus difficiles et les plus humbles, m’encourage à faire extraordinairement l’ordinaire.

Ce chemin dans l’amitié et la spiritualité m’a fait mieux comprendre combien je suis unique aux yeux de Dieu : il m’a comblée de dons que ces années de retraite me permettent encore de développer et de mettre au service de tous.

Toute cette richesse reçue me permet d’envisager dans l’espérance la grande rencontre avec notre Créateur tout en restant en tenue de service jusqu’au dernier jour s’Il le permet.

J’ose donc dire avec le psalmiste: «Bénis le Seigneur, ô mon âme, N’oublie aucun de ses bienfaits. »

Témoignage de M. Roland Farina, resp. MCR à Genève

Lorsque, il y a un peu plus de cinq ans, l’âge de la retraite se pointait inexorablement à l’horizon, je me suis dit qu’il fallait à tout prix faire quelque chose pour aller vers l’essentiel.

Qu’était-ce donc cet « essentiel » ? Je ne le savais même pas moi-même. Et là, j’ai fait une première découverte. Si on cherche quelque chose de ce type, Dieu, par son Esprit Saint nous aide à trouver le chemin qui mène à la solution.

Durant la vie dite active ou professionnelle, nous risquons de voir nos cœurs devenir incapables d’aimer. Toujours à la poursuite de nos ambitions, de la réussite, de l’argent. Nous demeurons aveuglés par nos petites rancunes ou nos petites jalousies. Le temps passe et nous nous rendons compte que nous n’avons plus le temps d’aimer.

Or, Dieu, n’a jamais cessé de nous aimer. Aimer de l’amour dont Dieu nous aime prend du temps. Cela exige que nous nous mettions et remettions sans cesse à l’école de celui qui a suivi, parmi les hommes, un chemin d’amour dont le terme a été la croix.

Aujourd’hui, je me rends compte, après une courte mais honnête analyse, combien j’ai reçu durant toute ma vie. Maintenant il m’appartient de donner, de restituer, non seulement aux membres de ma famille, mais aussi à tous ceux qui ont besoin d’un petit coup de main. Car le don de soi, voilà l’essentiel !

Témoignage P. Bernard Rey-Mermet, aumônier romand

J’aimerais comparer beaucoup de nos aînés à des arbres, de vieux arbres noueux, tortueux. Le tronc raconte toute une histoire de vie, mais il a résisté aux empreintes du temps. Il porte des marques, les marques des coups, de tout ce qui l’a heurté. Les traces en sont visibles, absorbées dans l’écorce mais on peut déceler les restes des coups, des entailles qui lui ont été faites. Le tronc pourtant est toujours là, vaillant et fort.

Je connais de ces aînés qui ont connu les attaques du temps, les blessures de l’offense, de l’injustice peut-être ou de toute autre souffrance égrenées au long de leur existence. Ils vous racontent, humblement, ces heures douloureuses, ces blessures, ces humiliations.

Je pense à Lucie et Paul qui ont été cruellement blessés dans un partage. Une injustice flagrante. Le coup fut rude. La révolte, la haine d’abord a submergé les autres sentiments. Patiemment, ils ont lutté, pour plus de justice. Ils ont accepté un accord boiteux mais qui a ramené le pardon et la paix.

Le chemin de pardon fut parfois long, long pour tous, pour un jeune comme pour tout adulte. Le prêtre canadien, psychologue, Jean Moubourquette, analyse ce chemin. Il compte douze étapes au moins. Il y faut le temps, la lucidité, et la lumière du Seigneur. Il y a eu la colère, l’écœurement peut-être, puis dans la prière et le dialogue, la paix a pu vaincre le mal.

De là naît une richesse et un accroissement de vie chez tous ceux et celles qui ont osé franchir le pas de pardonner, dans sa famille, avec un voisin ou un proche.

L’Evangile d’aujourd’hui nous en donne une des clefs aussi : nous pouvons prendre ce chemin du pardon, ce chemin de lumière parce que nous-mêmes, sur ce chemin, avons rencontré le Seigneur qui nous a remis notre dette et nous a d’abord pardonné.

 

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