Messe de la Pentecôte

 

Abbé Yacinthe Ya Kuiza, à l’église de Courtedoux (JU), le 23 mai 2010
Lectures bibliques : Apôtres 2, 1-11 ; Romains 8, 8-17 ; Jean 14, 15-16. 23b-26 – Année C

 

 

L’ESPRIT DE PENTECOTE ET L’OUVERTURE A L’UNIVERSEL

1. Pentecôte : Evénement fondateur d’une Eglise Universelle
Nous célébrons aujourd’hui l’événement fondateur de l’Eglise Universelle : à savoir l’Effusion du Saint-Esprit sur les Apôtres. L’Esprit Saint se montre en ce jour comme l’acteur principal de l’ouverture à l’universel. En termes actuels, nous pourrions dire que la Pentecôte est la fête de la « mondialisation » de l’Evangile. La Bonne Nouvelle de la Résurrection a connu une sorte d’éclatement insaisissable aux dimensions du monde. Quelque chose a commencé ce jour-là qui ne s’arrêterait plus.  « Ils se mirent à parler en d’autres langues,…Tous nous les entendons proclamer les merveilles de Dieu » écrit le Livre des Actes.

  Avec le don de l’Esprit de Dieu sur les apôtres, les enthousiasmes de l’Eglise naissante reprennent de plus belle et doublent d’intensité, les merveilles de Dieu sont proclamées avec joie, on peut dire tout le monde se sent appelé à vivre et à s’éclater “au maximum” .

Sans qu’il y ait des casses, sans qu’il y ait des exclus! L’énumération de 12 provinces de l’Empire symbolise la Mission Universelle confiée aux Apôtres. Le miracle des langues revêt la même signification :à savoir que désormais les hommes et les femmes de toutes langues, de toute civilisation et de toute culture ont accès à la Bonne Nouvelle.

2. A la Pentecôte, l’Eglise devient une école du « vivre ensemble »
A la Pentecôte, l’Eglise devient est une vraie école   “ du vivre ensemble! » La  gratuité du don et  du salut concerne tous les peuples, comme le souligne bien le Livre des Actes citant les peuples du Moyen Orient et de l’Asie, de l’Afrique et de l’Occident…parlant aussi des juifs convertis et des arabes.

 

Deux millénaires plus tard, L’Esprit ne s’est pas arrêter de souffler. Cet appel de l’ouverture à l’universalité est toujours d’actualité. Nos communautés chrétiennes aujourd’hui  devraient l’être davantage. Avec tous ceux et celles que nous connaissons bien et qui nous aiment en retour. Mais il faut vite  déborder le cadre restreint familial, ethnique, nationaliste, pour atteindre l’universel.

 

Au coeur même de l’ histoire tragique du monde contemporain marqué par des violences, des divisions et de toutes sortes d’intolérances des uns envers les autres accueillons cette invitation pressente de l’Esprit de Pentecôte qui nous est lancée à vivre l’expérience de l’universalité dans nos diversités, dans le respect mutuel et dans la reconnaissance des richesses humaines et spirituelles, insoupçonnées, enfouies dans le cœur de nos frères et sœurs de toutes les cultures et de toutes les langues.

Découvrir des valeurs communes en “ humanité ” est déjà un grand signe d’espérance et une base essentielle du dialogue entre les hommes dans le monde d’aujourd’hui. Toute rencontre en vérité avec l’autre en humanité, exige au préalable qu’on suspende ses a-priori et préjugés. Aller gratuitement à la rencontre d’une autre personne, d’un autre peuple, d’un autre pays, prendre le temps d’apprivoisement et d’écoute mutuel… c’est important  pour un  échange enrichissant et respectueux avec l’autre.
Et même si, la vie quotidienne est pleine de contre-exemples d’intolérance qui, par des faits concrets  montrent combien une vie commune dans la diversité est difficile. Il nous faut rester vigilants en Suisse et ne pas réduire à zéro, tant d’efforts positifs qui ont été consentis par des générations passées dans l’apprentissage de compréhension et de  vie commune dans la diversité. La Suisse est un pays aux multiples visages dont les habitants ont dû apprendre sans cesse comment gérer les différences!

La Suisse a toujours su accueillir comme une richesse, la différence  qu’apportaient les autres peuples sur son sol ! Les problèmes de l’immigration, par exemple, ne doivent pas nous faire perdre de vue, toutes ces richesses et ces acquis de la Suisse dans la reconnaissance et l’ouverture aux autres !

 

L’Eglise, qui a pris naissance à la Pentecôte, est fondamentalement une Eglise missionnaire ouverte qui a compris  que  la rencontre entre les peuples demeure une chance et un enrichissement pour les uns et les autres. Une telle Eglise devient vraiment elle-même, ce qu’elle doit être par sa nature, c’est-à-dire une Grande famille universelle, où tous sont accueillis parce que tous se savent Fils et Filles du même Père.

 

3° La place de l’Esprit Saint dans le quotidien de nos existences
Mais, quelle est la place réelle, la présence réelle de l’Esprit saint dans notre vie de baptisés ? L’Esprit Saint  n’est pas le monopole des groupes de prière.


“Ce Souffle divin” insaisissable n’est pas étranger à notre réalité dans la vie et dans l’Eglise : A notre baptême, nous sommes devenu « des temples du Saint Esprit ». A la confirmation, nous avons reçu le souffle de l’Esprit Saint et son action sanctifiante est invoquée dans chaque Eucharistie. Il nous faut réapprendre à lui reconnaître une place dans nos dévotions, à l’aimer et  à le prier bien souvent.


IL est Feu et Lumière qui éclairent notre intelligence pour que nous comprenions la Parole de Dieu et aussi pour voir clair en nous-mêmes, pour discerner le bien pour nous et pour les autres. Dans nos doutes, dans nos décisions, dans nos recherches, n’oublions pas d’invoquer cet esprit de Feu et de Lumière.

 

Il est aussi Energie, Force, Amour. Qui aurait parié sur l’avenir de cette Eglise naissante enfermée au cénacle…En signant leur parteneriat avec l’Esprit Saint, les apôtres ont eu l’énergie, la force pour tenir bon et remplir leur mission. Comment pourrait-il en être autrement aujourd’hui ? Invoquons souvent l’Esprit de force qu’il nous donne le courage de tenir nos engagements humains et chrétiens, sans désespérer ni déserter ! En ces temps d’incertitudes, de troubles et de toutes sortes de violences au quotidien, invoquons surtout l’Esprit de Paix et d’Amour. Pour vivre dans la paix, il faut bannir l’enfermement sur soi et toute peur  d’aimer et d’aller vers les autres. Avant l’avènement de la pentecôte “les disciples s’étaient enfermés au cénacle, ils avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils étaient paralysés par la peur…”C’est pourquoi l’Esprit vient souffler sur eux et leur donne la paix et le courage !

 

Cette peur des disciples représente en quelque sorte toutes nos peurs ! Peur des maladies, peur des crises, peur des lendemains, peur des étrangers, peur de s’ouvrir aux autres, etc. Cette peur des disciples est toujours là, prête à ressurgir qui nous pousse à verrouiller les portes de notre intériorité et à édifier rapidement des murs de protection.

A vous qui restez interdits devant l’injustice de la vie, à vous qui cheminez dans la souffrance et qui vous demandez si votre route mène encore quelque part, vous qui luttez, qui désespérez, je vous dis humblement : même au plus profond de notre détresse, nous ne sommes jamais abandonnés il nous appartient d’ouvrir notre cœur et de renouer le dialogue avec notre hôte intérieur : vous êtes des temples de l’Esprit, vous êtes des enfants de Lumière, faites confiance à cette lumière  qui est en vous et qui est une Force de libération..
Le souffle de l’Esprit, qui nous est donné, vient briser les murs de nos captivités, aérer nos intériorités, pacifier nos esprits et ouvrir nos cœurs à la Paix du Christ, le don de Dieu.
Amen

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