Messe de la Pentecôte

Don Nicola Di Todaro, à l’église de Paradisio, Lugano, le 31 mai 2009
Lectures bibliques : Actes 2, 1-11; 1 Corinthiens 12, 3-13; Jean 20, 19-23 – Année B

 

Chers frères et sœurs,

l’Église répandue sur toute la terre célèbre aujourd’hui la fête de sa naissance. Pour chacun de nous se renouvelle le baptême dans l’Esprit Saint reçu par les apôtres au Cénacle.
Il y eut une première Pentecôte. Mais aujourd’hui encore descend sur nous le don précieux du Christ ressuscité qui marque le début d’une nouvelle Création recomposée dans l’unité et dans l’amour. Nous avons tous un immense besoin de recevoir ce don.
C’est une grâce que les hommes de toutes langues et cultures attendent de recevoir aujourd’hui comme en ce temps-là. En effet en ce jour de Pentecôte le souffle impétueux de l’Esprit a réuni autour des apôtres les représentants de toutes les nations de la terre. Pour la première fois l’antique Israël et toutes les nations de la terre se sont rencontrés pour former l’unique peuple de Dieu, pour constituer comme l’avait Paul VI dit dans son mémorable discours « cette réalité ethnique sui generis » qu’est l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique, société surnaturelle qui fait corps vivant avec le Christ son Chef.

Oui, chers amis et fidèles, l’Eglise en tant qu’événement de salut et d’unité pour tout le genre humain, est le fruit précieux de l’Esprit Saint ainsi que nous l’a rappelé la lecture des Actes des Apôtres « Tandis qu’ils se trouvaient tous ensemble dans le même lieu […] ils furent remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues ». C’est l’Esprit qui leur donne le pouvoir de s’exprimer ainsi. Et toutes les personnes présentes à Jérusalem purent entendre dans leur propre langue les grandes œuvres de Dieu annoncées par les apôtres. Et aujourd’hui ? La force de cette annonce de salut n’est-elle pas encore suffisamment actuelle pour savoir attirer les peuples de toutes langues, races et nationalités ? Est-ce que la bonne nouvelle de Jésus crucifié et ressuscité des morts ne continue-t-elle pas à conquérir le cœur des hommes et des femmes d’aujourd’hui comme elle l’a fait du temps des apôtres ? On peut se demander : comment ce prodige se renouvelle-t-il malgré les faiblesses et les peurs des disciples d’hier et d’aujourd’hui ?

L’unique réponse, convaincante, nous vient de Jésus dans l’évangile de Jean : Quand viendra l’Esprit de vérité qui procède du Père, il me rendra témoignage et vous aussi vous rendrez témoignage parce que vous êtes avec moi dès le commencement.
Oui, chers amis et fidèles, l’Esprit Saint que le Seigneur ressuscité a infusé sur l’Eglise au début de sa mission, il l’envoie dans nos cœurs aujourd’hui encore, afin qu’avec notre vie transformée dans la sienne nous puissions lui rendre témoignage. C’est une grâce que nous ne pouvons pas refuser. C’est un souffle de vie sans lequel nous ne pourrons pas vivre. Mais surtout, c’est le premier don que Jésus ressuscité a offert à ses disciples le soir de Pâques. Il nous l’offre aussi : « Recevez l’Esprit Saint ». Pour cela, notre Sainte Mère l’Eglise nous offre ce don, déjà au début de notre vie, par le baptême et plus spécialement encore par la confirmation. Elle nous l’offre afin que, comme nous l’a dit saint Paul dans sa lettre aux Galates, nous puissions vivre de l’Esprit et marcher selon l’Esprit. Voici pourquoi l’Eglise peut être appelée « societas spiritus », société de l’Esprit, comme l’a défini saint Augustin dans un de ses sermons.

A partir de l’événement de Pentecôte se manifeste pleinement cette union entre l’Esprit du Christ et son corps mystique « l’Eglise ». De ceci découle pour le croyant la nécessité de recevoir l’Esprit Saint pour deux raison fondamentales.
La première : sans le don de l’Esprit Saint, personne ne pourrait dire en vérité « Jésus est le Seigneur ». Il est mon Seigneur. En effet, seul l’Esprit Saint est capable de nous faire connaître l’amour du Christ pour nous, plus encore qu’il nous aime du même amour que le Père. Connaître cela, expérimenter dans notre vie, l’amour de Dieu pour nous, transforme toute l’existence et nous fait vivre sans rien préférer d’autre que cet amour, comme le disait saint Benoît de Nurcie, patron de l’Europe.
La seconde raison pour laquelle il est nécessaire de recevoir l’Esprit Saint, c’est qu’à travers notre foi en lui, nous nous rendons participants de la mission du Christ, selon sa promesse : « Vous me rendrez témoignage ». La mission du chrétien dans le monde consiste à témoigner par sa propre vie, ainsi que l’a fait saint Paul « Christ qui m’a aimé et s’est livré pour moi » et cet amour pour nous, nous pousse à l’annoncer à tous car lui seul est la vraie espérance pour l’homme et le monde.

Chers amis et fidèles, l’Esprit Saint est l’artisan de la vie et de la mission de l’Eglise. Par la force qu’il nous donne, nous sommes envoyés pour porter l’annonce de la résurrection, une annonce qui illumine les zones sombres du monde dans lequel nous vivons. Ils sont nombreux les frères et les sœurs à nous le demander. En effet, tant de personnes victimes du désespoir et de la souffrance, des divisions et de la solitude, attendent avec impatience d’être rejoints par l’annonce de paix apportée par le ressuscité. Dans son message de Pâques à Rome et au monde, le Pape Benoît XVI par deux fois a lancé un appel pressant à toute la chrétienté. Il a dit : si à travers la Pâques le Christ a extirpé les racines du mal, il a besoin des hommes et des femmes qui, en tout temps et tous lieux, l’aident avec ses propres armes à affirmer sa victoire. Armes de la justice et de la vérité, de la miséricorde, du pardon et de l’amour.

Oui chers amis et fidèles, l’Esprit Saint nous pousse à cette mission d’amour. A témoigner de l’annonce de l’Evangile nous sommes tous appelés. Des déchirements des familles et de la société, des blessures de la violence et de l’injustice de tant de peuples, de la douleur des petits et des abandonnés, se lève, en effet, plus forte que jamais, une supplication incessante à laquelle nous ne pouvons pas rester sourds. Cette supplication est celle de l’Esprit qui crie « Viens Seigneur Jésus, viens ne tarde pas ». Comme les apôtres avec Marie au Cénacle, en communion d’amour avec toute l’Eglise, nous aussi, en ce jour, nous disons avec une espérance renouvelée « Viens Esprit Saint, viens Père des pauvres, viens lumière des cœurs renouveler la terre ».
Amen.

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