Messe de la Nativité de Jean Baptiste

 

Abbé André Kolly, à l’abbaye de Saint-Maurice, le 24 juin 2001, avec la Fraternité des malades.

Lectures bibliques : Isaïe 49. 1-6; Actes 13, 22-26; Luc 1, 57-80

Mercredi dernier, j’ai quitté Genève pour aller dans mon cher canton de Fribourg, pour concélébrer à l’enterrement d’Angèle, une femme extraordinaire de générosité, de vitalité et de dévouement envers sa famille, mais aussi pour la Fraternité qu’elle a connue, à travers son fils Jean-Pierre. Après la messe, il y eut, naturellement la collation – l’assiette comme disait le chanoine Noël -; c’est alors qu’on amena les deux arrières petites-filles d’Angèle, celles qui sont baptisées aujourd’hui. La présence de ces deux bébés de 7 mois, Maud et Julie, dernière joie de l’aïeule, a créé dans cette salle de restaurant un climat extraordinaire. C’était une façon de nous dire : « La vie continue, nous sommes tournés vers l’avenir, il faut faire place à l’espérance. Dieu continue d’aimer les hommes et les femmes du XX ème siècle. Il continue de faire grâce.

C’était déjà le climat qui régnait il y a quelque deux mille ans dans un village des montagnes de Judée appelé Aïn Karem ! C’était la naissance de Jean Baptiste, que la liturgie nous invite à célébrer aujourd’hui à la place du 12ème dimanche ordinaire. Il faut croire que la mémoire de cette naissance est importante pour comprendre l’histoire du salut, puisque c’est la seule que nous fêtions dans la liturgie, avec celle de Jésus et de Marie.

C’est un événement bien réel, que Luc, avec sa précision habituelle d’historien, situe dans l’espace et dans le temps. Mais c’est aussi une naissance miraculeuse, une réponse de Dieu à la détresse d’un couple âgé et resté sans descendance. C’est vraiment une bonne nouvelle : Dieu a vu l’attente d’un Messie qui viendrait sauver Israël. Il est proche ce Jésus, dont Jean sera le précurseur, celui qui prépare le chemin, celui qui le salue comme l’Agneau de Dieu. Jean précédera Jésus jusque dans le martyre. Il le fera avec cette humilité qui fera dire qu’il a été la lampe qui brûle pour un temps dans le lieu obscur et qui acceptera de s’éteindre lorsque le Jour paraît et que l’étoile du matin se lève dans le cœur des hommes.

Ce Jean Baptiste, comme disait un vieux prédicateur, ce n’était pas n’importe qui. C’était quelqu’un qui manifeste que le Salut est arrivé parmi nous. Ses parents vont accueillir ce Salut et collaborer à son avènement. Elisabeth mit au monde son fils et Zacharie, une fois délivré de son mutisme, loua le Seigneur et prophétisa le rôle futur de cet enfant. On comprend dès lors que les parents et les voisins s’étonnent et se demandent : Que fera cet enfant ? Les dons de Dieu et ses bontés n’ont pas fini de nous étonner !

Ah ! Il y a encore l’histoire du nom. Cela s’est passé huit jour après, mais comme nous ne serons pas ensemble sur l’antenne, autant en parler aujourd’hui. Le nom c’est important. C’est ce qui nous permet d’être et d’être en relation. Et bien son nom ce sera Jean. Inhabituel dans cette famille, rompant les traditions. Mais ce n’était pas pour choisir un prénom à la mode ou encore un de ces noms à consonance américaine porté par les vedettes des séries télévisées. C’était le nom choisi par Dieu, à travers la consigne de l’Ange Gabriel. C’est le nom qu’a retenu Elisabeth et que Zacharie authentifiera en l’écrivant sur une tablette. Ce nom signifie : Dieu fait grâce et Jean sera ainsi le témoin vivant de cet amour indéfectible de Dieu pour l’homme. Pensez donc : nos noms sont inscrits sur la paume de ses mains, dès les entrailles de notre mère, il nous connaît par notre nom. A travers Jean, l’amour de Dieu devient concret, proche. Jamais, il ne sera infidèle à cette grâce accordée !
Ce qui nous est révélé, à travers cette naissance de Jean Baptiste de l’amour de Dieu et de la réponse de l’homme vaut aussi pour nous et continue à nous faire vivre. En Fraternité, durant cette année, nous avons choisi, aidés par le travail d’AD 2000, d’être un peu plus membres de l’Eglise aimable et aimante, capable d’émerveillements et de proximité, attentive à la vie de chacun, s’engageant pour la justice et dignité, traçant des chemins nouveaux d’œcuménisme et d’espérance pour les jeunes générations.

Sur la page de garde de notre programme, Pierre-Alain, un de nos responsables, a fait figurer un dessin. (C’est dommage qu’on ne puisse vous le montrer à la radio, mais ça viendra peut-être !) On y voit un handicapé sur une chaise, stylisé comme sur les macarons qu’on emploie pour leur réserver des places de parking. Mais, trois ballons sont accrochés à cette chaise, comme pour signifier que la personne handicapée doit être élevée, emportée par un idéal ! Le premier ballon porte l’inscription « une Fraternité de témoins »; le deuxième ballon annonce le désir d’être « une Fraternité de proximité » et le troisième proclame « une Fraternité engagée ».

C’est ambitieux et difficile, Mais qui a dit que la personne handicapée devait se contenter de son sort, de ce qu’on lui donne et de la place qu’on lui laisse ou qu’on lui impose ! Dans ce monde, nous savons que nous avons à être solidaires de nos frères et sœurs de souffrance pour que nous soyons reconnus comme des personnes à part entière. Dans cette Eglise, nous savons que nous devons et que nous pouvons prendre notre part dans l’évangélisation et la mission. L’exemple de Jean Baptiste nous aide beaucoup : il a été lui aussi témoin de cet Autre qui venait après lui; il s’est fait proche de son peuple, de toutes ces foules qui venaient à lui dans le désert, depuis Jérusalem et de partout; il a été engagé pour que soient redressés les chemins et comblés les ravins. Et cet engagement l’a conduit jusqu’au martyre. Notre témoignage, notre proximité et notre engagement causeront peut-être aussi de l’étonnement : « Qu’est-ce qui les habite. On les croyait morts et inutiles et les voilà debouts, vivants ! »

Dans notre dessin – programme, nous avons le sigle de la personne handicapée. Mais c’est à chacun de nous, bien-portant ou malade, jeune ou vieux, chanoine et archiprêtre, croyant ou en recherche, qu’il est proposé d’accrocher notre vie à ces ballons-espérances. Chacun peut travailler, comme Jean Baptiste, dès sa naissance, à créer un monde plus fraternel, une Eglise de proximité, d’engagement et de témoignage !

C’est notre vocation à tous, reçue à notre baptême. Que l’Esprit-Saint nous aide à nous élever, comme les ballons que nous avons lâchés, hier soir, pour que le monde reçoive la Bonne Nouvelle du Salut apportée par Jésus, celui dont Jean Baptiste a préparé le chemin. Amen!

N’ayons pas peur d’être emportés par le vent de l’Esprit. Simplement n’oublions pas de nous ouvrir. Comme les parachutes nous ne sommes utiles que si nous sommes ouverts !

 

 

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