Cérémonie officielle en mémoire des victimes de l’accident de montagne à la Jungfrau

 

Chanoine Antoine Salina, à l’église SS. Pierre et Paul d’Andermatt (Uri), le 17 juillet 2007

 


Chers parents, familles, frères, sœurs, amis de Cédric, Théophile, Bojan, Philippe, Xavier et Carlo,

Chers camarades et soldats de la Compagnie de spécialistes de montagne,Compagnons de cordée qui partagez la même passion de la montagne,Chers guides qui avez la grande responsabilité de former, d’accompagner et de sauver,

Vous qui avez partagé les derniers moments avec vos amis.
Il faisait beau ce matin-là, la montagne était illuminée, elle nous disait par analogie la  beauté et la bonté du Créateur.

Vous êtes partis pour la Jungfrau, Cédric, Théophile, Bojan, Xavier, Philippe et Carlo. Vous étiez sur cette arête de 50°, bien formés et avec une vision de professionnels, ensemble vous avez évité et contourné les pièges de la pente. Deux plaques sont parties, d’un côté et de l’autre de la pente, l’environnement s’est modifié d’un coup, bouleversant vos repères visuels, provoquant un très léger déséquilibre et le drame.

Pour avoir bien connu Xavier et Philippe, compagnons d’expédition au Groenland, j’imagine facilement que vous tous ici présents vous partagez non seulement les mêmes passions mais également la même compétence. Peut-être était-ce simplement l’heure du grand Rendez-vous ?

Chers amis qui êtes maintenant de l’autre côté des monts si seulement vous n’aviez pas été aussi enthousiastes et généreux, si seulement il n’avait pas fait si beau ce jour-là, si seulement nous ne nous aimions pas tant, si seulement …

« Il n’y a pas de plus grand amour que donner sa vie pour ceux que l’on aime »

Déjà formés à la montagne, vous vous prépariez, en professionnels, à affronter des situations difficiles pour être en état de sauver des vies, plusieurs d’entre vous envisagiez des métiers de guide. Et ici vous saviez que pour sauver, il faut prendre parfois des risques…

J’aime bien la figure de Job. C’est un révolté qui fait l’expérience de la grandeur du Créateur et devant la mort de jeunes gens qui ne serait pas révolté ?
Job invective Dieu mais il nous donne aussi des leçons d’Espérance. Ecoutons-le qui, du fond des âges, s’adresse à nous.

Et Job prit la parole et dit : Ah ! si seulement on écrivait mes paroles, si on les gravait en une inscription !
Avec un burin de fer et de plomb, si pour toujours dans le roc elles restaient incisées !
Je sais bien, moi, que mon rédempteur est vivant, que le dernier, il surgira sur la poussière.
Et après qu’on aura détruit cette peau qui est mienne, c’est bien dans ma chair que je  contemplerai Dieu.
C’est moi qui le contemplerai, oui, moi ! Mes yeux le verront, lui, et il ne sera pas étranger.
Job 19 1.23-27a

Chers amis qui nous précédez dans la vie qui aujourd’hui contemplez le Seigneur en face, dites-nous comment c’est.

Est-ce vrai que c’est encore plus beau et plus grand qu’un lever de soleil au sommet de la Jungfrau ? Dites-nous comment faire pour vivre avec le chagrin de votre départ ?

Mais nous savons que vous êtes proches de nous dans notre peine.

Le Christ, sur la croix, s’est exclamé « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » S’il l’a fait, nous aussi, nous avons le droit de crier notre peine.

Mais notre Seigneur a dit aussi : « Cependant, non pas ce que je veux mais ce que tu veux »

Nous avons vu le voilier quitter nos rivages ; les autres de l’autre côté de la mer, voient le bateau qui s’avance vers eux.

Un jour, Cédric, Théophile, Bojan, Xavier, Philippe et Carlo c’est vous qui serez de l’autre côté du rivage, notre comité d’accueil.

Les levers de soleil en montagne nous diront La Beauté du Paradis.

A bientôt et on sait que vous êtes avec nous.

 

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