Messe télévisée pour le 33e dimanche ordinaire

 

Abbé Jean-Pierre Liaudat, église paroissiale de Finhaut, VS, le 16 novembre 2003.

Lectures bibliques : Hébreux 10, 11-18; Marc 13, 24-32

Frères et sœurs dans le Christ,

 

Vous connaissez tous le proverbe : « Un arbre qui tombe fait plus de bruit que toute la forêt qui pousse ».

Nous venons d’écouter l’évangile de Marc et avons entendu que ce que Jésus annonce ce n’est pas seulement un arbre qui tombe, ce sont les étoiles qui tomberont du ciel, le soleil et la lune qui perdront leur éclat et les puissances célestes qui seront ébranlées.

Seulement nous devinons bien que Jésus nous parle ici par images, comme on le faisait souvent à son époque quand on voulait parler de catastrophes…

Aujourd’hui encore, le Christ pourrait tenir ce même langage devant les soubresauts de la nature. Il pourrait nous relire l’Apocalypse en prenant exemple de toutes les catastrophes dues à l’eau. Il y a eu Gondo, Lothar, les glaciers qui s’effondrent, les inondations dans plusieurs régions de Suisse et de l’étranger.

Cette eau si dévastatrice lorsqu’elle tombe en trop grande abondance est tout aussi mortelle lorsqu’elle vient à manquer. La canicule de cet été provoquant la sécheresse, les grands incendies de forêts qui ont ravagé tant de pays et causés de nombreuses morts, ainsi que les mini tornades tropicales qui ont suivi sont encore dans nos mémoires.

Pensons aussi aux détresses ou aux conflits que les médias nous rapportent chaque jour et qui sont causés par la folie humaine.

Et souvent, devant l’annonce d’une terrible nouvelle ou en apprenant, par les médias, une grande catastrophe naturelle, nous nous disons « C’est comme si le ciel nous tombait sur la tête…» Cette exclamation rejoint tout à fait ce que le Christ annonçait.

Tout cela, c’est l’arbre qui tombe en faisant beaucoup de bruit, c’est le feu qui anéantit, c’est l’eau qui ravage tout sur son passage, ne laissant que ruines et désolation…

Mais dans la seconde partie de l’évangile, Jésus attire notre attention sur toute la forêt qui pousse en silence, grâce aussi à l’eau bienfaisante qui donne à la nature sa vie. « Regardez le figuier : dès que ses branches deviennent tendres, vous savez que l’été est proche. De même, quand vous verrez arriver tout cela, sachez que le Seigneur est proche, il est là à votre porte ».

Autrement dit, au milieu des détresses et des bouleversements de toutes sortes, le Christ nous appelle à ne pas nous effrayer : ce ne sera pas la mort de l’univers, ni le retour au néant. «MAIS CE SERONT LES SIGNES D’UN MONDE NOUVEAU en train de naître en silence, comme un merveilleux printemps».

Tout ce qui aura précédé n’aura été que douleurs d’enfantement. « Quand une maman enfante, disait Jésus, elle est dans les douleurs, mais quand elle a mis au monde son enfant, elle est tout à la joie de serrer dans ses bras son nouveau-né». Les douleurs ne durent qu’un temps, elles passent.

Certes, notre vie n’est pas un long fleuve tranquille, l’histoire du monde non plus. Bien souvent, elle ressemble à un torrent tumultueux et dévastateur.

Quelle que soit la beauté de certaines de nos journées, ce monde présent passera pour qu’advienne un monde tout neuf, une création nouvelle.

Pourquoi ? Parce que ce monde actuel est un monde inachevé et que notre vie actuelle n’est pas notre vie définitive.

Quand la vie nous apparaît sous un aspect tragique, il ne faut pas nous décourager. Nous le savons bien, ici-bas, tout est provisoire ; nous-mêmes nous sommes fragiles.

Dans notre vie, dans notre monde, il y a le meilleur et le pire. La vie est le fruit d’une lutte qui demande courage et persévérance. Comme les rochers sculptés depuis de nombreux millénaires par l’eau, le monde ne se construit pas sans effort, le Royaume de Dieu non plus.

Pour progresser, pour nous construire nous-mêmes, il faut effectuer les renoncements nécessaires. Les sportifs le savent; pour réussir, ils doivent s’entraîner, se dépasser. A plus forte raison dans la vie chrétienne.

Frères et sœurs, le monde est en mouvement nous sommes en marche vers le but pour lequel Dieu a créé toute chose. Et chaque messe nous le rappelle puisque nous célébrons le mémorial de ce mystère de mort et de résurrection. C’est ce que nous chantons après la consécration: « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus; nous célébrons ta résurrection; nous attendons ta venue dans la gloire ».

Oui, aussi sûrement que le printemps revient chaque année, le Seigneur reviendra rénover toutes choses.

Chers amis, quoi qu’il arrive, ne nous affolons pas, gardons confiance et réveillons l’espérance de ceux qui s’effrayent.
Sachons repérer les signes du monde nouveau qui se construit ici-bas, souvent dans le silence et travaillons chacun à cette construction en nous mettant au service des malheureux, en partageant avec les démunis, en accueillant et pardonnant pour rétablir la paix et l’amitié, en agissant dans un esprit de justice et d’amour fraternel.

Tout ceci ne fait pas beaucoup de bruit, on n’en parle peu ou pas à la télévision, mais c’est la brise de l’Esprit Saint qui vient nous animer. Ce sont les bourgeons du Royaume de Dieu qui commencent à s’ouvrir, irrigués par l’eau de Vie du Christ.

Le dessein de Dieu commence à se réaliser, Jésus revient, il est là, à notre porte.

Et enfin, quand nous avons l’impression que tout va mal, que nous avons la sensation de nous noyer, levons les yeux vers celui qui a souffert avant nous : JESUS.

C’est sur la croix – qui semblait son échec définitif – que le Christ fut vainqueur, comme sa résurrection l’a prouvé. Il l’avait annoncé lui-même en se comparant à la semence : « Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits ». La mort de Jésus le Vendredi-Saint et sa résurrection le jour de Pâques ne font qu’un.

De même, dans notre vie de chrétiens il y a un lien mystérieux entre nos détresses ou combats de chaque jour et ce qui en résulte souvent: une naissance, une résurrection.

Il ne faut donc jamais croire que tout est perdu, ni qu’on n’est plus bon à rien, NOUS POUVONS TOUJOURS RENAITRE. Et quand la tempête semble nous submerger, quand les flots du désespoir semblent nous envahir, essayons de prêter l’oreille au Seigneur qui est là tout proche et qui nous dit: « N’aie pas peur, reprends courage, tiens bon, je suis avec toi ».

Oui le Christ ne nous abandonne jamais, il est toujours avec nous !

Amen

 

 

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