Messe du jour de Noël

 

Père André Letarte, de l’Abbaye de la Maigrauge, Fribourg, le 25 décembre 2005
Lectures bibliques : Isaïe 52, 9-10; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18 – Année B

Frères et sœurs

L’Evangile de la nuit nous a rassemblés autour de la crèche pour y contempler l’Enfant de Bethléem. Ce matin c’est l’admirable Prologue de S. Jean qui nous réunit. Que nous dit-il ? … que l’Enfant nouveau-né est le Verbe fait chair.

L’auteur de la lettre aux Hébreux, écoutée en deuxième lecture, nous affirme que Jésus est le Fils par lequel Dieu a créé les mondes, qu’il est la lumière éclatante de la gloire du Père, qu’il est l’expression parfaite de son être.

Dans la première lecture, Isaïe nous a dit que toutes les extrémités de la terre verront le salut de notre Dieu. Oui, le salut de notre Dieu atteint les limites du monde à travers un petit enfant né dans la pauvreté d’une étable.

Cet enfant, le Credo, qui exprime la foi de l’Eglise et que nous chanterons dans quelques instants, nous affirme ceci : Cet enfant est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. La foi nous dit qu’il est engendré, non pas créé, de même nature que le Père, que pour notre salut il descendit du ciel, que par l’Esprit Saint il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme.

Cet enfant est Emmanuel, Dieu avec nous, cet Enfant est la réalisation de la promesse faite à nos pères et annoncé par le prophète Isaïe.

Cet Enfant tout en étant semblable à tous les enfants du monde n’est en rien comparable à ces petits d’hommes. Il dira de lui-même qu’il est le chemin, la vérité et la vie. Ainsi, par son incarnation dans le temps, Dieu a pris ce qu’il n’était pas et nous a donné en partage la vie divine qui était sienne et que nous recevons au baptême.

Saint Jean nous dit : le monde ne l’a pas reconnu. Le même saint Jean affirme : il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. Et nous, qui que nous soyons et où que nous soyons, le recevons-nous ? L’accueillons-nous ? A travers les vagissements d’un enfant, reconnaissons-nous Dieu qui prend visage humain pour nous sauver, pour nous délivrer, pour nous libérer, pour donner sens à nos vies ?

Déjà à travers l’Enfant de Bethléem se profile la croix. La rédemption, c’est-à-dire le salut de l’homme et de tout l’homme, prend sa source à Noël et s’achève à Pâques. Il ne faut jamais, frères et sœurs, dissocier Noël de Pâques, il ne faut jamais dissocier la crèche de la croix. Noël c’est la paix, c’est l’espérance, Noël c’est la promesse que donne une vie nouvelle qui ne demande qu’à s’épanouir, à trouver sa place dans le milieu familial, dans la société, dans le monde. La croix, dans notre vie, est bien présente par la maladie, le chômage, la violence qui s’exprime sous tant de formes. La lumière qui jaillit des ténèbres et de l’attente du monde par l’Incarnation du Verbe, trouvera toute sa luminosité, sa densité, dans la nuit de Pâques où Celui qui, vainqueur du mal et de la mort, deviendra notre Rédempteur et Sauveur. Si Dieu s’incarne selon la chair, c’est pour que nous ayons la vie, et l’ayons en abondance.

Le Verbe, la Parole a pris la chair de notre chair, dans le sein de la Vierge et ainsi s’est fait chemin, pour que nous passions de nous-mêmes à Dieu. Ce passage ne peut se faire seul. Jésus est la porte. Par sa nativité il nous ouvre la route. Là où nous sommes, sachons le suivre Lui qui se tient toujours présent à notre présence, Lui qui nous appelle à lui faire confiance car c’est pour nous qu’il est venu. Qu’Il soit, au cœur de notre humble quotidien, notre compagnon de route, Lui le révélateur du Père.

Notre époque paganise Noël, et la commémoration annuelle de la venue de Jésus sur notre terre devient trop souvent l’objet d’une fête commerciale. Noël est peu à peu vidé de son sens. Nous chrétiens devenons souvent trop tièdes, sans couleur, sans saveur, trop discrets pour témoigner de notre foi. Alors, frères et sœurs, retrouvons la vérité de Noël et que le rappel annuel de la naissance de Jésus nous rende forts dans le témoignage de l’amour indéfectible de Dieu qui s’exprime dans le don de son Fils à l’humanité. Que sa vie donnée par amour nous fortifie dans l’amour et fasse de chacun de nous des hommes et des femmes de paix au service les uns des autres.

Que Noël soit pour chacun source de joie profonde puisque nous sommes fils et filles bien-aimés du Père, frères et sœurs de Jésus. Ainsi la paix, apportée aux hommes qu’Il aime, pourra se communiquer pour embraser ce monde qui est le nôtre, et qui cherche cette paix avec tant d’espérance.

Beau et saint Noël à tous.

Amen.

 

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