Messe de Noël

 

 

Abbé Wolfgang Birrer, basilique Notre-Dame, Lausanne, le 25 décembre 2005
Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18 – Année B

Pour tous les chrétiens et beaucoup de gens, Noël, c’est d’abord la crèche, avec l’Enfant Jésus, et Marie, et Joseph. Il y a encore les bergers et tous les anges qui chantent la gloire de Dieu et la paix qu’Il donne à tous les hommes. Et tout cela est vrai. C’est l’évangile de saint Luc, c’est l’évangile de la messe de minuit que nous avons entendu cette nuit dans nos paroisses.

Mais le mystère de Noël est si riche, si dense, si incroyable que plusieurs évangiles sont nécessaires pour contempler la naissance de Jésus, cette naissance qui a bouleversé à jamais l’histoire du monde, de l’humanité et de chacun de nous. C’est donc avec saint Jean que nous prions devant la crèche ce matin.

Saint Jean nous dit que avant la naissance de Jésus à Bethléem, avant même la création, avant même le début du temps, Dieu était déjà là.

« Le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe (la Parole) était Dieu ». Le Verbe a toujours existé, le Dieu unique, le Dieu Un a depuis toujours partagé un bonheur inimaginable et une vie sans fin entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

Puis, c’est comme si le Verbe, la Parole de Dieu « qui était Dieu » devait aller dire plus loin ce bonheur qu’Il vit avec Dieu, qu’Il partage en Dieu. Un bonheur inimaginable qui est pensé, qui est destiné pour d’autres aussi. Un bonheur qui est à partager, une vie qui est à donner.

C’est ainsi que Dieu invente les anges, l’univers et ses galaxies, le ciel et la Terre aussi. Il met à leur tête l’homme et la femme qui sont capables de donner une réponse à Dieu, capables et créés pour goûter le bonheur et la vie que Dieu partage, que le Verbe proclame.

Le Verbe (Dieu) s’est fait connaître à nous, lentement, par étapes. D’abord à un homme, dont l’acte de foi, dont l’acquiescement à l’Alliance que Dieu lui donnait a entraîné derrière lui tout un peuple (un peuple qui deviendra cette foule que nul ne peut compter). Mais toujours, des hommes – et aussi parmi les premiers – n’ont pas fait alliance avec Dieu, ne l’ont pas ou plus voulue. Parmi les grands amis de Dieu, des prophètes et des rois rappelleront au cours des siècles ce bonheur que le Verbe de Dieu était en train d’aller dire plus loin, au-delà de la seule unité du Dieu trois fois saint.

Mais c’est comme si les hommes n’entendaient pas assez bien, comme s’ils ne voyaient pas assez bien que « le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tous les hommes ». C’est comme si le Verbe n’était pas assez compris par les hommes, ces hommes desquels Il veut faire ses amis et ses enfants.

Alors Dieu va plus loin encore. Le Verbe – dans sa course derrière l’humanité, dans sa recherche des hommes, dans sa volonté, dans son désir de leur faire partager sa vie et son bonheur – le Verbe va se montrer à eux : « Et le Verbe s’est fait chair, Il a habité parmi nous ».

Et nous voici ramenés directement à la nuit de Noël, à la crèche, à Marie, et à Joseph, et à l’Enfant Jésus. C’est dans le visage d’un enfant nouveau-né que le Verbe se montre complètement, que Dieu se fait connaître entièrement.

C’est à la crèche que le Verbe – qui est Dieu, qui est le Créateur de toutes choses, qui est le Dieu très haut et tout puissant – est venu jusqu’à nous pour nous élever jusqu’à Lui. Il s’est fait petit pour nous rendre grand. Dieu s’est fait homme pour faire entrer dans l’humanité, dans le cœur de chaque être humain, dans le cœur de chacun de nous le bonheur inimaginable et la vie sans fin qu’Il possédait lui-même en exclusivité.

La naissance de Jésus, la venue du Verbe en notre chair marque le terme de la course de Dieu pour nous faire goûter son bonheur et sa vie. Il n’a pas pu faire plus que de devenir l’un de nous, comme nous, pour donner à notre humanité quelque chose de son souffle divin. Il n’a pas pu faire plus que de partager notre condition d’homme. Durant la semaine sainte, le nouveau-né de Bethléem devenu grand ne pourra pas faire plus que de souffrir lui aussi pour remplir nos souffrances de sa présence. Il ne pourra pas faire plus que de mourir lui aussi comme chacun de nous un jour – mais sur une croix – pour remplir notre mort de sa vie éternelle.

Depuis que le Verbe a eu besoin d’un cœur d’enfant (celui de Jésus à la crèche) pour vivre sur la Terre, le cœur de tout homme, de chacun de nous Lui est indispensable pour rester sur la terre. Jésus est tout près de nous : Il est dans notre cœur, c’est sa maison.

Et pendant sa vie parmi nous, Jésus, le nouveau-né de Bethléem, le Verbe fait chair a inventé des signes pour que Noël continue tous les jours. Il a inventé l’eau du baptême pour mettre dans notre cœur le bonheur et la vie de Dieu. Il a inventé la messe et la communion : là, tout comme le Verbe a fait entrer dans le cœur de l’homme la vie et le bonheur de Dieu par la fragilité d’un enfant, Il continue de donner cela – la vie et le bonheur de Dieu -, de se donner sous l’apparence d’un morceau de pain et d’un peu de vin. Avec la même fragilité, avec la même vulnérabilité qu’à la crèche. L’Enfant de la crèche, le Verbe fait chair et la messe, c’est une même chose, c’est un même mystère.

Tout comme Jésus est venu habiter parmi nous il y a plus de deux mille ans, Il continue à venir pour de vrai chez nous. Il est venu pour toujours dans l’humanité dans le nouveau-né de Bethléem, Il veut rester pour toujours chez nous. Tout comme Il était dans la crèche, Il veut être pour toujours dans notre cœur, pour nous donner à chacun sa vie et son bonheur, pour y faire sa maison, sans jamais plus nous quitter.

Amen.

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