Messe du dimanche du Christ Roi de l’univers

 

Chanoine Jean Scarcella, à l’abbaye de Saint-Maurice, le 22 novembre 2009
Lectures bibliques : Daniel 7, 13-14; Apocalypse 1, 7-8; Jean 18, 33b-37 – Année B

Mes sœurs, mes frères,

Certainement que, spontanément, s’agissant de la royauté, nous la déclinons en terme de pouvoir ou de fastes, ou encore de richesse. Jésus, lui, la décline en terme de vérité. En effet, quand il dit à Pilate : « Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité », il répond à la question : « Alors, tu es roi ? ». Si Jésus, comme le qualifie l’Apocalypse, est ”roi des souverains de la terre”, alors la vérité est souveraine. C’est pourquoi Jésus, le Christ Roi, peut rajouter : « Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix ». Et ensuite, dans ce dialogue, Pilate se dérobera encore dans une attitude pseudo-philosophique en disant : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Eh bien nous, ce matin, frères et sœurs, posons-nous la question : qu’est-ce que la vérité ? En un sens, la vérité est Dieu lui-même, la vérité, c’est ce qui fait exister l’homme, réellement, parce que cela va dans le sens de la création. La créature est vraie, parce que voulue par l’amour du Créateur et que tout acte d’amour manifeste la vérité, ne pouvant se réaliser autrement que dans le vrai essentiel de son être même. Essayons de comprendre cela par son contraire, c’est-à-dire le mensonge. Le mensonge fourvoie l’homme, le poussant dans une route sans issue, toujours plus ténébreuse. Au contraire, la vérité installe comme une connivence entre l’homme et le témoignage du Christ, il se nourrit de sa parole de vérité qui a ainsi tout pouvoir sur lui. Disciples de Jésus, Roi de vérité, ”nous n’avons de pouvoir que pour la vérité”, nous dit saint Paul ; c’est-à-dire que ce n’est que lorsque nous sommes plongés dans la lumière de la vérité que nous attestons la royauté du Christ. On passe donc de la vérité à la royauté ; et la vérité ici, c’est ce que les hommes peuvent savoir de Dieu et de la condition humaine. Ainsi, qui a pouvoir sur cette vérité, a le plus fort des pouvoirs ; donc Jésus est roi bien au-dessus des rois, il est Seigneur au plus profond des cœurs, car ce qui justifie son pouvoir, c’est qu’il appelle l’homme à son achèvement.

A ce stade de notre réflexion, n’oublions pas la réponse de Jésus : « Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité ». Jésus veut ainsi préciser le rôle de son Royaume dans un monde d’où il ne vient pas, mais où il est présent. Ce Royaume est dans le monde, parce que Jésus est venu y rendre témoignage à la vérité, c’est-à-dire révéler, attester que Dieu nous aime et montrer que tout change dès qu’on entre dans cette lumière. Et Jésus n’est pas seulement celui qui dit la vérité, il est  la vérité, parce qu’il est la preuve vivante de l’amour de Dieu, il est cet amour rendu visible. La vérité est le miroir du visage de Dieu, elle est le révélateur de son être, elle dessine la ressemblance dans le cœur de l’homme, c’est pourquoi elle est si puissante et donc l’apanage d’un roi ! Tout cela peut se manifester alors dans la contemplation de Jésus, parce que là nous pouvons comprendre combien Dieu nous aime, et comment nous devons marcher dans ce soleil, c’est-à-dire la vérité et réellement vivre : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».

C’est ainsi, frères et sœurs, par cette participation à son édification que nous pouvons accéder au Royaume de Dieu, à la condition ”d’appartenir à la vérité”, vérité qui est de vivre dans la fidélité, dans une relation personnelle et cohérente avec Dieu, en s’appuyant sur Jésus ; tout dans sa vie était vérité et tout est vérité dans sa mort. Oh, je le sais, nous ne comprenons pas tout au sujet de la mort de Jésus, bien des choses nous restent cachées, cependant nous sommes sûrs d’une chose, c’est qu’elle nous sauve.

Oui, frères et sœurs, c’est cette vérité qui nous sauve : pouvoir penser que tout est amour, tout est grâce, comme on dit. Voilà ce que Jésus-Vérité nous révèle par sa vie et sa mort : l’amour inépuisé de Dieu pour les hommes.

Ils étaient donc deux lors du procès : Pilate et Jésus, les yeux dans les yeux… d’un côté un regard de gloire et de violence, de l’autre un humble regard d’amour infini. C’est alors que Jésus devient, dans sa faiblesse, le plus fort, sans armes ni soldats, ni argent, mais avec la tendresse qui est victoire et résurrection : il est le ”premier-né d’entre les morts”. Qu’est-ce à dire ? Eh bien que là, finalement, commence son pouvoir. En effet, Jésus a subi la mort humaine, mais au matin de Pâques un événement a tout bouleversé : tout d’un coup la mort a cessé d’être la fin de tout. « Dans sa mort – dit un auteur – Jésus a pu déployer la seule puissance capable de terrasser la mort. Il a rempli la mort avec la puissance d’amour de son père. Jésus est devenu Roi sur la mort, parce qu’il est le Roi de la Vie ».

Ainsi, frères et sœurs, il est le premier d’entre les morts pour permettre aux hommes, ses frères, de le suivre dans la vie, par le chemin de la vérité. Pour se faire il nous montre la vérité, sans nous l’imposer, puisque ”tous  ceux qui sont de sa vérité entendent sa voix” ; telle est la Royauté du Christ qui, Roi et Seigneur, se fait serviteur pour notre salut. Amen

 

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