Messe du dimanche des laïcs et 5e du temps ordinaire

 

Abbé François-Xavier Amherdt à l’église St-Michel à Martigny-Bourg (VS), le 5 février 2006

Lectures bibliques : Job 7, 1…7 ; Marc 1, 29-39 – Année B

Les JO. Ils s’ouvrent d’ici cinq jours. A quelques kilomètres de Martigny, au sud, pas à l’est, hélas ! Les JO d’hiver, organisés par le CIO : Plus personne ne dit « Jeux Olympiques », ça prend trop de temps. (Même les organisateurs du rendez-vous alternatif « JO 2006 Sion malgré tout ».)

Nous avons la maladie des sigles. Parce que ça fait plus court. En été prochain, ce sera la FIFA, à tour de bras, au Mundial allemand. Et puis, c’est l’ONU par-ci, le CICR par-là !

Même en Eglise, la tentation nous guette. Et ce matin, j’y succombe moi-même.

Allez, je vous en offre 4, de ces sigles ecclésiaux sans lesquels vous ne pourriez pas complètement saisir la célébration télévisée de ce jour :

La CRAL

La FAME

L’IFM

Et l’AMIE.

Quatre, comme les 4 bougies de l’Avent, au début de l’année liturgique, ou les 4 cierges apportés tout à l’heure durant la procession d’entrée, ou encore les 4 attitudes de Jésus dans l’évangile, en faveur de la belle-mère de Pierre :

Jésus qui s’approche,

Qui prend la main,

Qui relève

Et qui invite au service.

Dans la symbolique biblique, c’est le chiffre de la totalité de l’univers créé et du cosmos. Comme les 4 points cardinaux, les 4 esprits des 4 vents chez le prophète Ezéchiel et dans le livre de l’Apocalypse.

La plénitude de l’humanité, comme les 4 extrémités des 2 bois de la croix, de la terre jusqu’au ciel – (pour le bras vertical), d’un bout à l’autre de la planète – (pour le bras horizontal).

Quatre, car c’est des 4 coins du grand Martigny, de Charrat, de la Croix, de la Bâtiaz et de la Ville, que vous avez afflué ce matin en cette belle église du Bourg. Comme c’est avec la totalité de la Suisse Romande, de Genève au Jura, de Vaud à Neuchâtel en passant par Fribourg, et jusqu’au Tessin, que nous sommes en relation grâce aux canaux médiatiques.

Bien plus, c’est chaque fois avec l’Eglise universelle qu’en chaque eucharistie nous sommes mis en réseau, par la communion des saints.

Si nous participons à la messe, c’est pour nous rassembler tous autour du Christ, des 4 coins de l’horizon. Exactement comme les foules qui se précipitaient à l’époque vers Jésus pour lui amener les malades et les personnes possédées d’un esprit mauvais.

« La ville entière se pressait à sa porte », dit Marc, avec son art de l’exagération. C’était le bon temps !

La messe, c’est comme le cœur pour le sang. Le sang converge vers le cœur pour se régénérer. Il y est purifié. Il retourne ensuite, ré-oxygéné, jusqu’aux bouts des membres. Si nous continuons de vous inviter à venir à la messe, plutôt que de traîner toute la journée dans les magasins – qui seront malheureusement bientôt partout ouverts le dimanche, vous verrez -, c’est parce que le Christ nous y donne rendez-vous. Qu’il veut ré-oxygéner le sang de notre baptême et revivifier notre vocation à tous !

Car il désire nous guérir de toutes nos fièvres, comme il l’a fait pour la belle-mère de Pierre.

Fièvres des vacances, qui parfois nous assomment plutôt qu’elles nous reposent. Fièvre du stress et de restructurations, comme à Steg, fièvre des exploits olympiques et des médailles helvétiques. Nous évoluons dans la frénésie. Tandis qu’auprès de Jésus, nous trouvons la sérénité du pardon et de la parole partagée, la beauté de la liturgie et la consolation de l’Esprit.

Pourquoi nous en priver ? Déposons tout au pied de l’autel, avec le pain dur de nos désillusions (et le vin amer de nos angoisses), et le Christ nous procurera le repos.

Combien d’hommes et de femmes pourraient reprendre aujourd’hui les propos désabusés de Job le sage ?

Notre vie n’est que corvée. Notre existence, néant. Nos nuits, cauchemars. Le fil de notre quotidien se dévide. Plus de tissu sur la navette du tisserand. Le Christ nous propose de tresser un autre réseau, de filer un autre « web » sur le site www.solidarité.com

En toute eucharistie il défait les nœuds de nos soucis pour nous inscrire, chacun avec sa couleur, dans la tapisserie du Royaume.

Et les sigles, êtes-vous en train de penser ? Il les a oubliés ? Ouf, ce sera tout ça de moins à mémoriser !

Pas du tout. J’y viens ! Mais il fallait d’abord passer par ce développement. Car la messe, c’est entrer dans l’église, nous rendre jusque vers l’autel, pour mieux en repartir. A la manière de Jésus qui sans cesse s’arrête, prie, pour ensuite partir ailleurs, dans les villages voisins, à Vernayaz, à Fully, afin de proclamer partout la Bonne Nouvelle. C’est pour cela qu’il est sorti du sein éternel du Père et qu’il a pris chair de notre humanité. Pour pouvoir quadriller la Palestine du filet de l’Evangile.

Voilà cet autre sens de la messe : nous laisser envoyer par le Christ pour devenir tisserands de bonheur, chacun au nom de son baptême.

(CRAL)
Tous envoyés, tous « apôtres », dans nos familles, dans le tissu social et économique. C’est ce que soutient la CRAL, à laquelle est dédiée ce dimanche des laïcs. La CRAL, c’est la Communauté Romande de l’Apostolat des Laïcs, c’est-à-dire, le réseau de tous les mouvements de spiritualité et d’action – et il y en a une kyrielle ! – qui, 365 jours durant, donnent de l’étoffe à l’engagement de chacun d’entre vous.

(FAME)
Mais pour exercer un ministère, en Eglise et pour le monde, il faut acquérir des compétences et se laisser habiter par la Parole de Dieu, (pour qu’elle devienne comme un feu brûlant). C’est ce à quoi s’emploient les divers parcours de formation, dans les 6 cantons de Romandie, dont celui du Diocèse de Sion qui revêt le nom superbe de FAME : à savoir la Formation Aux Ministères en Eglise. Il porte bien son nom puisque sur 50 candidats actuels, il y a … 45 femmes !

La FAME, c’est trois ans de parcours, à raison d’une soirée théologique par semaine, des sessions de spécialisations et un stage accompagné. Pour être ensuite engagé dans les paroisses, la catéchèse, la liturgie, à temps partiel ou comme bénévole. Une belle aventure !

(IFM)
Et il y a même des personnes laïques, qui, sans devenir prêtres ni diacres, souhaitent s’engager à plein temps ou à 50% en Eglise. Des professionnels mandatés par l’Evêque, qui reçoivent leur formation soit à la Faculté de Théologie de l’Université de Fribourg, soit à l’IFM, l’Institut Romand de Formation aux Ministères laïcs, qui se trouve également à Fribourg. L’IFM, c’est en principe 3 ans de formation théologique et spirituelle à mi-temps, plus déjà un engagement pastoral suivi par un maître de stage, soit en paroisse, en catéchèse, dans une aumônerie ou auprès des jeunes. Un peu comme un apprentissage pastoral, c’est-à-dire une formation en cours d’emploi. Avec au terme, un poste fourni par le Diocèse. On peut donc de nos jours être engagé en Eglise à plein temps, à plein cœur, tout en étant marié, femme ou homme, avec des enfants et des petits-enfants. Qu’on se le dise !

(AMIE)
Vous me suivez toujours ?

La CRAL pour les mouvements.

La FAME, ici en Valais.

L’IFM à Fribourg, pour la Romandie.

Et le 4ème sigle ? Il est beau, il est magnifique, il est martignerain, il peut être exercé par tous, comme d’autres formes d’actions. C’est l’AMIE. L’Association Martigneraine d’Invitation à l’Entraide. Son activité se décline en une multitude d’interventions de solidarité auprès (des pauvres et) des isolés. A l’exemple de Jésus. En 4 temps. N’importe où. Dans votre AMIE locale. C’est facile. Il suffit de vous approcher de celui qui a de la fièvre, de lui prendre la main en le considérant comme une personne, de le relever et le regardant droit dans les yeux et de le mettre debout pour le service.

Dites, franchement, je préfère AMIE à JO. Vous pas ?

 

 

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