Messe du Baptême du Seigneur


Chanoine Roland Jaquenoud, à l’abbaye de Saint-Maurice, le 12 janvier 2003.

Lectures bibliques : Isaïe 42, 1-7; Marc 1, 6-11

Mes frères, mes soeurs,

Aujourd’hui nous sommes invités à contempler l’une des manifestations grandioses du Christ Jésus : celle de son baptême dans le Jourdain.

 

La semaine dernière lors de la fête de l’Epiphanie, l’évangile nous rappelait la visite des mages à la crèche, et à travers eux, c’est le monde entier qui découvrait l’inouï du plan de Dieu : Dieu s’est fait homme comme nous, comme chacun de nous il est devenu petit enfant, afin de nous rejoindre sur nos chemins et de nous entraîner jusqu’à lui.

Aujourd’hui, huit jours après l’Epiphanie, et alors que nous sommes encore remplis de la lumière de cette fête, Dieu se révèle une fois de plus à nous dans le Christ. Au baptême, on entend la voix du Père, désignant Jésus comme son Fils bien aimé, et l’Esprit saint descendre sur lui sous la forme d’une colombe. C’est bien la sainte Trinité elle-même qui se manifeste et qui proclame que l’oeuvre du Seigneur Jésus inaugurée en ce jour est celle du Dieu Trois fois Saint tout entier : le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Du coup, Jésus de Nazareth, vrai homme fils de Marie, est manifesté en ce jour comme Fils de Dieu et Dieu lui-même, dépositaire de l’amour du Père : C’est toi mon fils bien-aimé : en toi j’ai mis tout mon amour. Et si le Christ Jésus est le dépositaire de tout l’amour du père, c’est pour le transmettre à ceux qui, depuis sa conception dans le sein de la Vierge Marie et sa naissance en la nuit de Noël, sont devenus ses frères en humanité.

 

Aujourd’hui, il nous est révélé que dans le Christ, Dieu veut faire partager tout son amour à tous les hommes.

Ainsi le baptême du Christ n’est pas seulement un événement de la vie personnelle de Jésus. Le baptême du Christ, qui se situe au tout début de sa vie publique, inaugure sa marche vers la Croix où il accomplira le salut du monde. Il annonce déjà le jour de Pâques, où Jésus remportera la victoire définitive sur le mal et sur la mort. Le baptême du Christ est en quelque sorte le signe annonciateur de notre salut : la colombe, sous la forme de laquelle l’Esprit Saint descend sur le Seigneur Jésus, rappelle une autre colombe qui, dans la Genèse, annonça à Noé la fin du déluge et le retour de la vie sur terre. Dans la Genèse, la colombe annonçait la restauration de la vie terrestre, au baptême du Christ, la colombe proclame la venue de la vie divine, une vie éternelle que Dieu vient partager avec les hommes.

 

En ce sens, le baptême du Christ inaugure bien le sacrement du baptême par lequel chaque chrétien est uni intimement à la vie même de Dieu. En se faisant baptiser, le Seigneur Jésus conférait sa véritable puissance et sa pleine signification à un rite que Jean-Baptiste avait inauguré dans le désert. Celui-ci le dit clairement dans l’évangile : Moi, je vous ai baptisé dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint.

Le baptême de Jean était un baptême de conversion. Celui inauguré par le Christ, tout en signifiant aussi la conversion de l’homme et la fin du règne du péché originel, nous donne infiniment plus : il nous confère l’Esprit Saint, par lequel nous devenons une créature nouvelle. Au jour de notre baptême, celui qui officiait nous a dit : Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Par là, il nous était signifié que nous sommes invités à prendre notre place au sein de la Trinité et à participer à la vie d’amour qui unit les Trois entre eux. Autrement dit, au jour de notre baptême, nous avons reçu la grâce de pouvoir participer à la vie même de Dieu. Cette grâce est enfouie en chacun des baptisés : à nous de faire qu’elle soit effective dans notre vie. Car le Christ est descendu jusqu’à nous afin de nous élever jusqu’à lui.

 

Saint Athanase, évêque d’Alexandrie au IVe siècle, a osé une phrase choc devenue célèbre dans la pensée chrétienne : « Dieu s’est fait homme afin que l’homme devienne Dieu ». En prenant sur lui notre humanité, Dieu, dans la personne de Jésus, a donné à tous les hommes la possibilité d’être élevés jusqu’à lui. Cette élévation nous permet de participer à la sainteté de Dieu.

 

Et nous tous, tous les baptisés, nous avons le devoir de nous engager sur le chemin de la sainteté, si nous voulons vivre la grâce de notre baptême et ne pas rater notre vie de chrétiens.

 

Mes frères, mes soeurs, le baptême du Christ au Jourdain inaugure tous nos baptêmes. La fête d’aujourd’hui est la fête de notre propre baptême à chacun, au sortir duquel nous avons reçu le don de l’Esprit saint. Depuis, l’Esprit enfoui en nos coeurs nous invite lui-même à entrer dans la vie divine. Alors, entrons sans hésiter, car il serait vraiment trop stupide de laisser échapper une telle grâce.

 

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