Messe du baptême du Seigneur

 

Père Jean-Marie Lussi, le 9 janvier 2005, à l’Abbaye d’Hauterive, Posieux, FR

Lectures bibliques : Actes 10, 34-38; Matthieu 3, 13-17

Au moment du rite du baptême, tout commence ! Tout commence, mais rien n’est gagné. Le rite du baptême nous reconnaît fils de Dieu, mais, il faut bien le dire, nous n’avons pas immédiatement la manière de vivre en fils de Dieu.

L’Évangile que nous lisons aujourd’hui n’est pas le fruit d’un reportage, c’est la mise en scène savante d’une conviction de foi des premiers chrétiens. Ils nous disent ce qu’ils croient de Jésus et du baptême. Par Jésus, la communication est rétablie entre le ciel et la terre. Jésus est l’envoyé spécial venu annoncer une terre nouvelle. Le baptême dans l’esprit est l’œuvre d’une vie. Il nous fait sortir d’une terre d’esclavage où l’individualisme, l’égoïsme et le pouvoir sont rois, pour entrer dans une terre d’avenir. Certains moments dans l’existence sont comme un véritable baptême. Et si le rite est unique, la force de transformation de l’Esprit se révèle dans le quotidien.

Tout rite ouvre sur l’au-delà du visible. Il introduit dans un autre monde, il donne la dimension spirituelle de l’existence. Mais l’Évangile que nous venons de lire nous dit aussi que le rite est un lieu de reconnaissance de ce que nous sommes réellement. De même que pour Jésus, une voix se fait entendre dans laquelle il se reconnaît Fils bien-aimé, de même, nous pouvons reconnaître ce que nous devenons dans un rite d’initiation.

Le message de ce texte, c’est aussi de nous dire que Jésus est le vrai portrait de Dieu, l’Icône de Dieu. En le regardant, nous voyons Dieu, en l’écoutant, nous écoutons Dieu. Le silence de Dieu, qui nous pèse tant, disparaît si nous acceptons de reconnaître en Jésus sa copie conforme. Dieu n’est plus un être inaccessible, dans un monde à part : « les cieux s’ouvrent » signifie qu’il n’y a plus de séparation entre le ciel et la terre, et que Dieu-Amour est en communication avec le monde par Jésus.

On dit quelquefois à la naissance d’un enfant, « c’est tout le portrait de son père ». Cette expression peut se révéler de plus en plus vraie au fur et à mesure de sa vie de relation avec son père, au fil de l’intimité vécue. C’est ce que nous propose le baptême ; comme rite de reconnaissance, il nous ouvre un avenir, il rappelle une identité. Le baptême alors devient un choix quotidien. Pour être de plus en plus le portrait de Dieu, l’Icône de Dieu, nous avons le pouvoir de plonger dans le Jourdain de nos vies quotidiennes, en choisissant de vivre de l’Esprit de Dieu.

Le temps de Noël s’achève véritablement en ce jour de la fête du Baptême du Seigneur, parce que s’ouvre en même temps la vie publique et messianique de celui pour qui nous avons proclamé notre attachement et notre foi en le contemplant à la crèche il y a quelques jours. En célébrant le baptême de Jésus, nous acceptons de faire vivre en nous ce qu’il provoque, c’est-à-dire notre propre renouvellement, notre renaissance à la vie de fils de Dieu. En remontant des eaux baptismales, Jésus nous fait remonter de nos obscurités pour nous faire renaître de l’eau et de l’Esprit Saint.

C’est sur ce chemin que Dieu nous attend. Précisément là où le Christ est venu rencontrer les hommes, à la croisée des chemins. Ce point de rencontre est la pauvreté et la disponibilité. C’est au creux de la demande de pardon et de l’humilité que nous le retrouverons. Dieu sait où nous rejoindre… Pour nous réhabiliter.

Aujourd’hui, le Christ Jésus commence pour nous une nouvelle création.

Il revient à chacun de nous de prendre la décision de le suivre sur ce chemin qui mène au Royaume.

Nous sommes tous des fils et des filles bien-aimés ; en nous, Dieu a mis tout son amour…

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