| Abbé Jean-Philippe Halluin, le 13 janvier 2008, église de la Visitation, Meyrin, GE Lectures bibliques : Isaïe 42, 1-7; Actes 10, 34-38: Matthieu 3, 13-17 – Année A |
Chers frères et sœurs, chers amis,
Il vous est peut-être déjà arrivé de sentir que vous devez vous rendre dans un endroit. Qu’il y a en vous quelque chose de fort qui vous pousse à aller là plutôt qu’ailleurs.
Et après avoir vécu l’expérience, nous savons enfin pourquoi il fallait se rendre dans cet endroit plutôt que dans un autre. Ce n’est qu’après que nous avons la réponse.
C’est certainement quelque chose de semblable qui a du arriver à Jésus lors de l’épisode de son baptême.
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Ce n’était pas naturellement sa place à Jésus de se trouver parmi les gens qui venaient se faire baptiser par Jean. Celui-ci ne manque pas de lui faire remarquer « C’est moi qui a besoin d’être baptisé par toi et c’est toi qui vient vers moi ». |
Et la réponse de Jésus est forte : « laisse maintenant ». Ne t’oppose pas à ce je te demande. J’ai en moi un appel très fort auquel je n’ai nullement l’intention de m’opposer.
Plus tard, en faisant la relecture de l’évènement, Jésus a dû se dire en lui-même qu’il avait eu mille fois raison d’être là.
Beaucoup de jeunes de Taizé qui sont venus à Genève se disent certainement la même chose alors qu’ils viennent de rentrer chez eux, depuis quelques jours. On a eu raison de venir à Genève.
Voyons maintenant plus en détail ce que Jésus à vécu. En plus du baptême de Jean, il fait tout d’abord l’expérience forte de la venue en lui de l’Esprit saint. Mathieu nous relate l’épisode en détail : « Il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui ».
A l’exemple de ce qui se passait autrefois pour les prophètes, l’Esprit Saint fait irruption en Jésus et lui donne la possibilité de proclamer partout la Bonne Nouvelle du Royaume avec une force intérieure toute nouvelle. Pierre en parle très clairement dans le passage des actes des Apôtres que nous avons entendu tout à l’heure :
« Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa FORCE ».
C’est une occasion pour nous de nous souvenir de notre baptême et de la place importante que l’Esprit occupe en nous. La force intérieure nous vient de l’Esprit.
Ne l’oublions jamais. N’oublions pas de la demander chaque jour dans la prière.
Puis, Jésus va vivre une seconde expérience spirituelle très forte à travers les paroles que le Père va lui adresser :
« Celui-ci est mon Fils bien aimé, en lui j’ai mis tout mon amour »
Dans le texte grec, Jésus est désigné par le Père d’un mot très fort. Il est appelé : « le Bien aimé ». C’est le bien aimé par excellence, le choisi, l’élu. Nous sommes bien sûr tous aimés du Père. Mais Jésus occupe une place unique dans le cœur du Père. On a de la peine à imaginer le bouleversement intérieur que Jésus a du ressentir en entendant ces paroles qui provenaient de son Père.
Pour Jésus, c’est vital d’être relié à son Père par un lien d’amour très fort. Il a du éprouver une souffrance immense lorsque sur la croix il lance son cri tragique de désespoir : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Certes, depuis toujours Jésus se savait aimé de son Père, mais jamais il avait imaginé que cet amour était aussi grand. De plus, une immense joie a dû envahir son cœur car cet amour était clairement exprimé, il a été verbalisé, comme nous disons aujourd’hui.
Frères et sœurs, nous le savons comme il est important d’exprimer, de mettre des mots sur ce que nous vivons, de dire à l’autre que nous l’aimons. Il n’y a rien de pire que les non-dits. Cela peut-être une grande source de souffrances entre les personnes ou à l’intérieur d’un couple par exemple. L’être humain est ainsi fait. Il a besoin d’entendre des paroles d’amour de la personne dont il ou elle est aimée. Et c’est tout à fait normal.
Est-ce-que nous y pensons suffisamment ?
Dans la relation parents-enfants, il est certaines paroles importantes qui à un moment devraient être exprimées par les parents à l’égard de leurs enfants. Par exemple : « Tu es notre fils, tu es notre fille. Nous t’aimons. » Des paroles qui aident l’autre à construire sa personnalité, à bâtir son avenir afin de mieux affronter les difficultés de la vie.
Pour Jésus, venir dans les eaux du Jourdain était en plus un geste rempli de significations : Jésus vient pour donner la vie. Jésus le dira plus tard « Je suis venu donner la vie et la vie en abondance ». Partout dans le monde l’eau est source de vie, symbole de vie donnée et offerte.
Au pays de Jésus, ce symbole est encore plus fort car l’eau est respectée, elle est très précieuse, on fait très attention à ne pas la salir ou la gaspiller. Jésus, par son baptême, pose un geste de grand respect à l’égard de l’eau.
Est-ce-que nous pensons à respecter l’eau en particulier et la nature en général ?
Il va poser aussi un autre grand geste de respect. Ce sera à l’égard des centaines de personnes toutes simples qui sont venues vers Jean depuis Jérusalem depuis toute la Judée et depuis la contrée autour du Jourdain, nous précise l’Evangile. Ces gens aspirent à recevoir le pardon de leurs péchés pour entrer dans une vie nouvelle. Ils souhaitent, du fond de leur cœur, passer de la mort à la vie. C’est pour cela qu’ils sont venus nombreux vers Jean le Baptiste.
Mais dans son humilité Jean va rendre témoignage à Jésus en disant :
« il vient Celui qui va Baptiser dans l’Esprit Saint et dans le feu. ».
C’est comme cela que nous devenons des créatures nouvelles dans le Christ Jésus. Seul Jésus apportera aux foules la satisfaction de leurs aspirations profondes.
Comme nous avons eu raison d’aller rejoindre le Seigneur lorsque nous avons ressenti au fond de nous même que le moment était arrivé de le rencontrer, pour y recevoir tout l’amour du Père et toute la force de l’Esprit. Ecoutons avec docilité la voix de l’Esprit en nous.
Chers frères et sœurs, que ce Seigneur de vie fasse naitre en chacun de nos cœurs des sources d’eau vive jaillissante en vie éternelle, et qu’il rende nos baptêmes toujours plus vivants.
AMEN.