Messe du 9ème dimanche ordinaire

 

 

 

Abbé Pascal Desthieux, à l’église de Villaz-St-Pierre (FR), le 29 mai 2005
Lectures bibliques : Deutéronome 11, 18…28; Mt 7, 21-27 – Année A

Un cœur qui écoute

Chers enfants, chers amis, si vous deviez choisir entre une bénédiction et une malédiction, entre une maison bâtie sur le roc et une autre sur le sable, ce serait vite choisi n’est-ce pas ?

Nous voulons tous être heureux et construire notre vie sur du solide.

C’est bien ce que nous proposent les lectures de ce jour. Alors, il nous faut regarder précisément comment faire pour recevoir la bénédiction du Seigneur et pour que la maison de notre vie puisse tenir bon.

Moïse dit aux Israélites : vous recevrez la « bénédiction si vous écoutez les commandements du Seigneur votre Dieu que je vous donne aujourd’hui» et au contraire « la malédiction si vous n’écoutez pas les commandements du Seigneur votre Dieu » et si vous vous détournez de Lui.

Et pour Jésus, qui est cet homme qui a bâti sa maison sur le roc ?

C’est celui « qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique ». Tandis que l’homme qui a construit sur le sable est celui qui ne met pas en pratique et qui fait le mal.

Nous l’avons compris : pour recevoir cette bénédiction du Seigneur et construire notre maison sur des bases solides, il nous faut écouter et mettre en pratique. L’écoute est première car on ne peut rien mettre en pratique si l’on n’a pas d’abord pris le temps d’écouter et de se laisser toucher au plus profond de nous. Et ce n’est pas toujours facile d’être à l’écoute.

Cette écoute, c’est bien autre chose que d’entendre simplement un bruit, ou de réceptionner distraitement les nouvelles à la radio.

L’écoute est l’attitude fondamentale du croyant, attitude d’ouverture vers Dieu et vers les autres.

Parfois, c’est vrai, on a du mal à écouter l’autre. On est pris dans nos pensées ou dans nos soucis, on ne se rend pas totalement disponible à ce que notre proche veut nous confier, et il le ressent.

C’est pareil avec Dieu ; on prie, mais notre esprit est ailleurs. On est distrait.

C’est une grâce à demander à Dieu, tout spécialement à l’Esprit Saint : d’avoir un cœur qui écoute !

C’était justement la prière du roi Salomon qui au lieu de demander une longue vie, la richesse ou les victoires au combat avait demandé un « cœur qui écoute » pour gouverner le peuple de Dieu et discerner le bien du mal . Cette demande plût au Seigneur qui le combla de sa sagesse (1 Rois 3, 9).

Ayons, nous aussi, un cœur à l’écoute du Seigneur.

Quand est-ce qu’il nous parle ? Eh bien, par exemple, maintenant, lors la messe. A chaque messe, nous commençons par nous asseoir pour écouter sa Parole tirée de la Bible.

Ce n’est pas quand même pas banal : Dieu nous parle ! C’est un événement !(le mot hébreu dabar signifie à la fois « parole » et « événement »). Pourtant, il faut bien le reconnaître, nous l’écoutons à peine, d’une oreille distraite. Si on nous demandait à la sortie de l’église : de quoi parlait la première lecture ? Quel psaume a été chanté ? Et que disait Jésus dans l’Evangile ? Nous serions souvent bien empruntés…

Nous n’avons, hélas, pas toujours faim de la Parole de Dieu. Nous prenons bien du temps chaque jour pour nous nourrir. Mais combien de temps consacrons-nous pour notre nourriture spirituelle ?

En une année, nous sommes capables de lire des quantités de bouquins, de romans, de journaux, de magazines. Mais combien de pages de Bible lisons-nous ?

C’est pourtant Dieu qui parle ! Il mérite que l’on prenne du temps pour l’écouter vraiment !

La Bible, c’est la Parole de Dieu en direct. Non pas Dieu qui a parlé autrefois, mais Dieu qui nous parle à nous, maintenant, et nous dévoile son mystère, c’est-à-dire son secret, ce qu’il est et ce qu’il veut faire.

Il nous dit qui il est pour nous : un Père, et qui nous sommes pour lui : des fils et des filles. Il nous dit son projet : ce qu’il veut réaliser pour nous et avec nous.

La Bonne Nouvelle, c’est déjà le fait que Dieu nous parle : cela révèle l’amour de Dieu pour chacun de nous et aussi notre grandeur : nous sommes des personnes à qui Dieu s’adresse et qui comptent pour lui.

Ecouter un ami nous permet de mieux le connaître.

Scruter les Écritures, c’est apprendre à connaître Dieu. Il vaut la peine de l’écouter pour mieux le connaître.

A la messe, pour que sa Parole pénètre mieux en nous, nous pourrions nous préparer à bien l’écouter en lisant à l’avance les textes bibliques qui seront proclamés. Nous les trouverons facilement dans le « Missel des dimanches », dans une revue liturgique ou sur internet (Comme « Prions en Eglise (Bayard Presse) ou « Magnificat » (Publications Malesherbes). Il existe également des sites sur Internet qui permettent de recevoir les lectures du jour, comme www.levangileauquotidien.org ou www.homelie.info).

Nous pouvons même vivre cette préparation en famille. Je connais une famille qui pris la bonne habitude suivante : chacun est invité, pendant la semaine, à recopier l’Évangile du dimanche sur une jolie feuille décorée qui sera mise dans un beau classeur. Le samedi, avant le repas de midi, toute la famille se retrouve pour un temps de prière où chacun exprime ce qu’il retient de l’Évangile comme important pour lui. Ayant déjà réfléchi sur l’Évangile, cette famille participe tout autrement à la messe dominicale.

A nous d’inventer des moyens très concrets pour intérioriser, savourer la Parole. Vous avez entendu Moïse: « Les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre cœur, dans votre âme. Attachez-les à votre poignet comme un signe, fixez-les comme une marque sur votre front. » Ce sont des conseils très concrets. Nous aussi pourrions, non pas forcément attacher des extraits de la Parole à nos poignets ou sur nos fronts comme le font nos frères juifs, mais recopier une parole qui nous parle particulièrement et la mettre dans notre porte-monnaie pour l’avoir sur nous, ou mieux encore la placer en évidence sur notre bureau, ou l’afficher dans notre chambre ou notre salle de bain.

Ecoutons le Seigneur qui nous parle. Il parle aussi à notre cœur dans la prière silencieuse. Il faut d’abord se taire pour l’écouter.

J’aimerais reprendre, chers enfants de l’Arbre enchanté et des 1001 chansons, les belles paroles de votre chant : « Je fais silence, je pense à toi, mon Dieu je t’aime, tu es en moi. Je veux t’écouter, tendre les bras, en moi tout se tait, pour être avec toi. »

Oui, nous faisons silence pour l’écouter.

Nous pouvons lui demander de nous parler.

Je vais vous confier quelque chose de très personnel, un peu comme un secret : à la fin de chaque prière, je dis au Seigneur comme le petit Samuel dans la Bible : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Je fais silence et j’écoute. J’entends à chaque fois quelque chose, qui passe par ma pensée intérieure et que l’on pourrait mettre en doute, mais c’est toujours une parole stimulante ou de réconfort. Essayez !…

Ecoutons le Seigneur, et ensuite, bien sûr, mettons en pratique ce qu’il nous dit et nous demande. Car c’est là que nous allons vérifier la solidité de la maison de notre vie. Car il ne suffit pas dire, il faut faire.

Que Marie, notre Mère et notre Guide, nous aide à nous mettre à l’écoute du Seigneur, à entendre ce qu’Il veut nous dire aujourd’hui, à vivre de sa parole et à la mettre en pratique. Amen.

 

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